9.6.09

Dakar plage …


Hey Gilles y’a arnaque, t’aurais pas oublié comme un petit détail ? Du genre style que tu viens d’arriver en Afrique ! Que c’est bien beau de planquer ton nez sous le capot d’un moteur, et de nous en faire partager tes fumeuses odeurs, mais … Et l’Afrique et les africains ? Fends toi donc chouya la moule et ponds nous quelques uns de tes petits mots si subtils, chiche ! T’es quand même pas arrivé jusque là, avec toutes les galères « en ligne » pour nous raconter l’invraisemblable histoire de l’état de tes sanitaires…
(V’la t’y pas qu’y s’parle tout seul).

Dis nous les splendeurs de l’Afrique, Dakar capitale du monde ??

???
Et résonnent les Tam Tam de l’Afrique …
???

Ben, en fermant les yeux, les odeurs, couleurs …

La Criée de Hann : Détail passager, premier souvenir. Il y avait là le débarcadère des pécheurs, à 300 mètres du mouillage. Oui, un autre, encore, je sais je devrais commencer à être blindé, à l’africaine celui là … La valse de ces magnifiques pirogues particulièrement colorées sur la plage « à rouleaux ». Les plus nombreuses sont celles de 6 ou 7 mètres, deux ou trois matelots, quelques kilos de poisson pour une longue journée de travail… C’est aussi là que débarquent ces pirogues de plus de 20 mètres. Certains rembarquent pour un mois, vers quelque côte de la Sierra Léone ou de Mauritanie (le banc d’Arguin ??), voire le Cap Vert. Pas de pont, ils s’entassent à une quinzaine là dedans, on charge vite fait le fuel et l’eau douce, filets et lignes, 3 sacs de riz quelques oignons, du Charbon, et roule ma poule … Qui parlait des risques du métier ?
Le déchargement de toutes ces pêches se fait là, dans la cohue. Les barques surfent sur la longue dernière vague de la plage, après donc parfois 20 jours de mer, atterrissage sur la plage, c’est la ruée … Acheteurs, acheteuses se pressent sur les plats bords, palper, vendre, acheter, frénétiques … C’est vrai, il est là, le vrai Bizness du poisson, sur la plage.
Commerçants distingués près des camions frigorifiques bringuebalants, femmes affairées en boubous éclatants, encore quelques toubabs à la gueule burinée sur le terrain, l’œil aguerri, l’usine de glace …
Les Dockers harassés par toute une journée à décharger d’énormes paniers d’osiers suintants gluants, de la plage à la criée, de la criée à la plage, une petite serviette crade posée sur le crâne. Malgré la saleté ils sont magnifiques ces porteurs, traits rudes, paupière lourde, tout en force, une étrange sagesse dans leurs yeux le soir, juste avant la prière, au soleil couchant. La photo aurait été magnifique, si j’avais osé …
La criée proprement dite se trouve là, à 20 mètres, toujours sur la plage. C’est une longue dalle de ciment entourée de quelques bas murets, des pylônes en bois, un toit. Un bâtiment ouvert au vents, aux gens, au sable … Les poissons sont au final entassés là, à même le sol, triés par genres, poissons aux gueules a peine croyable parfois …
J’adorais … Etre là !

Les oiseaux : Pélicans, Goélands, aigrettes blanches ou grises, prédominance de cet espèce de rapace (Le milan, je crois …). Pas une seule mouette depuis plusieurs mois depuis fort longtemps. Autres latitudes …

Les visages : Ben noirs, hein, pour sûr, pour la plupart (hum) … Regards intenses chargés d’une grande douceur, me semble t’il, cette attention à l’autre, les uns avec les autres ! Quelque chose comme ça, qui me marque… Un visage, une vie, une physionomie, un peuple, hiérarchie dans tout ça ? Faciès d’Afrique, Dakar oui ville cosmopolite … Combien de temps faut t’il vivre ici pour commencer à comprendre, à repérer de suite les différences entre Wolofs, Peuls, Toucouleurs, Diola, Sérères qui sont quelques unes des ethnies qui composent le grand peuple sénégalais … Et puis il y a les Maliens, Ivoiriens, burkinabés, Guinéens, pas mal de Libanais, dans les commerces … Eux d’un seul coup d’œil, savent juger l’origine de l’étranger qui s’avance … Que suis je pour pouvoir seulement en parler ?

Ils se disent « le pays du Teranga » de l’hospitalité. Et j’approuve du fond du cœur. Ils sont vachement doués au niveau de l’accueil, partout, tout le temps, dans la rue, dans les magasins, dans les bureaux. Quelque chose « de l’humanité » dans l’œil, dans la chaleur de la voix les rendent accessibles, disponibles, adorables …
Racoleurs aussi oui, mais bien moins que je ne le pensais. Ils comptent vite fortement sur toi, pour leur donner un coup de main, dans la vie (toubab magicien). Mais comment donc faisaient t’ils pour vivre sans toi avant ??? Ils parlent Français (ça me change des asiates) et disposent (dirais je) d’une subtile connaissance de la psychologie du Toubab, connaissent les points sensibles … Ils sont fins oui, commerçants entre autres … Il savent tous mille petits métiers, parfois de vrai métiers très « techniques », ils sautent de l’un à l’autre, fonction des opportunités de la vie, précarité ...
Je dis « ils » et c’est bien ça « ils », les gars, les hommes, les burnés … Vraiment peu de contacts avec la « gente » féminine ici, pourtant certaines ont l’air bien coquines, libertines et délurées les mignonnes africaines. Manque de charme personnel, sûrement ; pudeurs, mœurs islamiques également, certainement en fait… Pourtant ce serait si facile, avec un peu de bonne volonté … Il n’est pas rare en soirée, de celles où l’on danse, qu’un bon cousin propose de me présenter sa, voire ses, adorable(s) cousine(s). Ainsi dûment présentées par un homme, les gazelles bondissent … Il faut bien dire, c’est flagrant, que plusieurs riches toubabs sont d’excellents chasseurs par ici. Je ne juge pas, houla non, juste de croire que, pour moi, j’aime pas ça, j’analyse pas … Je décline donc systématiquement, et me prive donc par là même, de toute compagnie féminine. La présence des femmes me manque, marre de tous ces bonhommes …
Qu’est ce que 5000 francs ? Et pourtant ?
Pas d’amour exotiques donc, non comment dire ???
Vous proposer l’un de mes faux poèmes.
Oui parce que désormais je farfouille dans la composition de faux poèmes, c’est lancinant, sous la chaleur …


De l’amour marchand
Ou Africaines à fric

Frivoles Négresses affolantes, affriolantes
Fringantes Afro effrontées, froufroutantes, frémissantes
Frétillantes, élégantes et sensuelles femmes libres d’Afrique,
Affranchies, mais effrontément, obstinément africaines à fric

Donne moi pour 1000 Francs d’amour, et de 2 euros de ce corps
La salsa du sexe m’écœure encore, accore des corps, mille sabord
Esclaves de l’argent ? Est ce que l’argent lave ? Accord d’un corps quelques instants ?
Quel est le mal en vérité ? Pourquoi ce juvénile écœurement ?

Depuis que le monde est monde l’amour s’échange, se troque,
Elles sont des milles ici qui pour manger baissent leur froc,
Cette vie, non, pour la plupart je sais, elle ne l’ont pas choisie,
Y sont t’elles toutes forcées, leur « Mac » est t’il ici ?

Elles vivent donc de sexe, dansent, draguent et se marrent
Elles se font coquettes, vivent, et chassent en groupe le joli canard
Et moi pour je ne sais pour quel prétexte idiot d’idéal romantique
Politique ? Ethique ? Mystique ? Idéologique ? Que de Hic sauf je nique
Je boude, affolé par cet antique « partenariat commercial » bien pratique

Petit capitaine solitaire, célibataire, tu ne trahis pourtant personne
Si pour quelques heures dans de féminines effluves tu t’abandonnes
Coincé du cul ? Libido en berne ? Souviens toi, la douceur des femmes !
Crois tu que pour quelques euros offerts tu y perdrais ta petite âme

Parlez moi d’amour !
Ma sirène, au secours,
Bourre toujours entre deux tours
Mon cauchemar, ma muse noire, pétard
S’astique encore entre deux phares
Son corps libidineux, mon dieu,
résonne creux entre deux queues
Cafés cafards, cauchemars blafards, vagin vachard,
De ressasser toujours en boucle cette vieille histoire

Ce français frustre et fragile fredonne une affreuse fredaine frelatée,
Il s’affiche, pathétique, inesthétique, d’un affligeant affront envoûté
Ce pauvre chéri déchiré ne cherche pas à plaire à la chair peu chère
Il s’échine juste à charcuter son cœur en charpie,
Pour chanson cyclique, cynique une vieille chimère
Mauvaise affaire, mauvais à s’faire
Hurlent les africaines dégoûtées

Tric trac troc
Torrides femmes d’Afrique
Fric, frasque, froc
Sordides plaisirs chimériques
Criques, crack, coke
Parlez moi d’amours exotiques
Clic clac - choc
Libérez moi de cette sirène hystérique
Tic tac toc,
Et cette pendule d’argent
Qui hurle toujours dans son coin « au suivant »


Pathétique, tristes Tropiques, je sais, je sais la tristesse du fond …
Tiens, un petit dernier, une fois lancés …


Les cris durent

Journal de bord, journal de vie, journal intime,
Et de l’offrir à lire quelle impudeur
Frontières ! Qui parlait d’indécences

Acides relectures assassines, écritures à l’estime
Le verbe rivé sur le moi et cette narcissique douleur,
De l’existence, toutes ces évidences !

Passions enfantines ! Surveille les mots où tu t’abîmes,
Et garde pour toi ces vulgaires rancœurs
Censure toi, me susurre l’expérience

Car écrire c’est se découvrir, se définir, peu en importe la rime,
Les mots mal écrits ont cette valeur,
Qu’ils vibrent, puants, en permanence

Et longues dents aux femmes libres de France !

Non, sérieux, juste lisser, vernir les apparences,
Soliloque solitaire d’un navigateur célibataire
S’offrir ou se taire, ou mentir pour mieux plaire
Mais qui est donc l’adversaire,
Qui parlait de sinistres miroirs
Ecritures …



Dring, fin de l’entracte faux poétique.
Merveilleuse Dakar, décris nous Gilles, sans détours, exercice du jour … Sans détours bon, vous l’aurez voulu : « Dakar c’est moche et puis voilà ». Comment ça ne suffit pas ? Ah, ça non plus ça ne se dit pas ?

Le cœur de Dakar c’est la place de l’indépendance. Un grand parc sec en son centre, quelques bancs, un monument aux morts, quelques grands arbres … Le parc est bordés d’immeubles hétéroclites, sans charmes ni harmonie. Se retrouvent là, adresse de prestige oblige, les principales banques et assurances, quelques administrations (les affaires maritimes), de grandes enseignes mondiales, le seul supermarché de la ville (un Champion) … Au pied des bâtiments une énorme avenue de 5 voies, l’on y roule au pas, en sens unique, ça entoure le parc, le bordel là dedans pour passer … Tous les terminus de bus semblent aboutit ici, place de l’indépendance, il est où ce foutu bus N° 15 tout délabré et surchargé qui me ramènera à la plage ? Fumées toxiques, cacophonie hystérique, accompagnateurs autoproclamés dithyrambiques , euh c’est par où la sortie ??? C’est un peu ça Dakar, je le crains …

J’y venais pour tirer de l’argent, acheter mes peintures … Je n’ai pas trouvé le coin des petits cafés sympa. J’ai entraperçu quelques vieux bâtiments coloniaux : La gouvernance, l’Hôtel de ville, la vieille gare ferroviaire …La médina autours de la grande mosquée est jolie, typique … Sinon commerces, commerces, commerces, l’impression que chaque quartier s’organise autours d’un corps de métier : Quincailliers, bijoutiers, charbonniers, couturiers, alimentaire en gros … Le marché de Sandaga ou le marché couvert Kermel pour les produits frais …

J’ai acheté un baobab nain, à un marchand « à pied » qui m’a suivi pendant des heures, pour 2000 francs (3€), la première plante de l’Atao. Survivra t’il en mer ?

Difficile de ne pas se faire accompagner.
Peu d’endroit où se reposer.
Généralement chargé de tous mes achats.
L’immense port de commerce bloque tout accès à la mer sur des kilomètres.
Dakar 4 millions d’habitants.

J’aurais voulu louer une petite moto, pour visiter chaque quartier à mon rythme, avec un plan. Mais 25 € par jour, j’en abandonne l’idée.
Et puis il y a ce foutu chantier …

Je n’arrive décidément pas à prendre de photos ici… Pudeurs ? Les scènes de vie sont belles ici, couleurs, regards … Les sénégalais ont horreur qu’on leur vole leur image vite fait comme ça, à l’arrache, je les comprends bien. Ils savent te dire très clairement qu’ils n’apprécient pas, et si, au final, à la rigolade il acceptent le cliché ils te prennent de ces poses pas possibles pas naturelles du tout, misère … Pas de jolies photos depuis longtemps.

Le quartier Hann, à proximité du CVD, est les seul quartier où j’ai traîné un peu mes guêtres, pris le temps de vivre, ouvert un peu les yeux « à la vie » … Malgré la présence de la criée, ce quartier est considéré comme semi résidentiel, toutes les résidences en bord d’eau appartiennent, paraît t’il, à des toubabs … La route principale de Hann, en direction du centre de Dakar est la seule goudronnée, toutes les autres sont en sable, les pistes à 7 Km du centre ville, vous voyez ? On y trouves du pain français, des livres, de la viande fraîche (bien « mouchées »), de la viande surgelé à la découpe, des produits frais, du poisson, des cafés internet … De tout en fait, réparti en mille petites boutiques…
Un centre équestre où se pavanent en trot levé de superbes écuyères « Séné gauloises » blondes, hautaines et bien roulées … Les porteurs de poissons fatigués à 3000 Fr par jour… Les riches et oisifs plaisanciers du CVD, hum … Décalages …

Et puis Zut à la fin je ne sais plus quoi dire moi sur Dakar …


Quelques mots encore sur le CVD, le Club nautique, qui a été mon havre, mon abri, mon « home », mon atelier, mon « hôtel club à Dakar » … J’ai tout adoré, adopté, le concept, l’ambiance, les services … Je me damnerais pour avoir les moyens de créer et de gérer un espace comme ça, quelque part ailleurs dans le monde … Le personnel local, les vacataires spécialisés, les autorités locales, l’aide aux plaisanciers …

Le CVD a été crée avant l’indépendance du Sénégal, c’est une association 1901, à but non lucratif, structure juridique bien française … Les bâtiments et terrains attenants sont une donation de quelque ancien riche plaisancier passionné, partageur … L’association a été créé autours de cette résidence, de ce mouillage, il y a plus de 70 ans, avec je suppose pour mission première de « promouvoir et faciliter les activités nautiques de plaisance au Sénégal » ... Et pérenniser la structure, comme on dit là bas, chez nous … Je suis donc devenu adhérent, je paie une cotisation…

Le conseil d’administration est élu tous les ans, il décide donc, pour son année d’exercice, de l’orientation des recettes de l’association (les droits de mouillages, les bénéfices du bar …), au coup par coup donc, année après année, depuis au moins 70 ans ... L’association gère une vingtaine d’employés sénégalais (passeurs, gardiens, lingères, barman, ouvriers d’entretien et de maintenance, secrétariat …), une vingtaine de familles donc, c’est pas rien…

En tant qu’adhérent, j’ai été invité à voter pour nommer les administrateurs du Club pour cette année. Ne peuvent se présenter que les adhérents de longue date (toubabs plaisanciers), plus d’un an je crois … Ne votent les adhérents présents (les autres plaisanciers), il y a en ce moment qu’une quinzaine de bateaux habités (une centaine en haute saison), une quinzaine de votants donc. Une trentaine de voiliers hivernent ici, sous bonne garde des employés « du cercle », contre rétribution … Les administrateurs se disent bénévoles. J’ai voté pour l’ancien président, c’était le seul gars qui se présentait de tout façon. Et puis c’est bien ici, faut pas changer les choses … Vous avez des problèmes de ressources les gars, il y aurait tellement de services à développer …
« L’édifice » paraît fragile, mais cette foutue association a bien traversé les chamboulements de l’indépendances, la corruption dite chronique de toutes les administrations locales …

Un havre pour les plaisanciers de passages, en quelques mots, les services « qu’ils » proposent sont …

En premier lieu les services du passeur ... Vous vous imaginez, dans une petite barque en bord de plage, en ville, laisser votre annexe à 2000 € sur la plage est inenvisageable … « Passeur, passeur de l’Atao tu peux venir me chercher s’il te plais … », petite phrase routinière à la VHF. « Gilles, Gilles bien reçu, je viens te chercher tout de suite … » petite réponse bien sympathique … Cinq minutes plus tard une petite barque en barque en bois aborde l’Atao. stable, solide … C’est avec la barque du passeur qu’on a amené mon moteur à terre. Bonheur de « petit service » à développer en France … J’adore ce service de navettes !
Deux chariots pour sortir de l’eau
Un petit bar bien sympa
Une liste d’ouvriers spécialisés, référencés
Une cuisine fort bien équipée (un coin barbecue pour les poissons et autres langoustes achetés au marché),
Des douches, des sanitaires
Un atelier de bricolage, équipés d’étaux, l’électricité,
Une connexion WIFI internet gratuite, au bar … Faible débit, souvent en panne.
Des bacs, des cordes à sécher, l’eau du puit. Je me suis tapé plus 20 sacs de linge.
Une tonne à eau pour remplir les réservoir d’eau potables
Du gaz, du gazoil, de l’essence
Quelques casiers à terre que l’on peut louer pour une somme modique
Un petit Shischandler (magasin de materiel nautique) qui n’a rien en stock mais peut tout commander à travers le monde (à des prix, euh, normaux + frais de port …).

Passeur, passeur, je sais déjà que dans mes rêves parisiens tu me manqueras …
Que dire de plus je sèche …


Alleye, j’enchaîne, loin des vicissitudes de Dakar, mais ça s’est passé là et, au bout du compte, ce sont les petits détails qui créent l’ambiance d’un voyage, donc la suite s’intitulera …

Ode à mon chien, chien …

Je sais, je sais, je deviens « gagatos » avec cet animal … 11 années de vie commune, dont 8 à Paris, petit pipi du matin, et du soir, 15 minutes à se glacer les miches le soir, direction la place du Guatemala, derrière l’église des « Saints augustins » dans le 8ème. Pour elle cette escapade avec l’Atao c’est la totale aventure, la mer, les îles, la savane, les chacals, les hyènes …

Pourtant ces derniers jours elle a morflé un peu, dans son orgueil de chien chien … Parmi les chiens des gens dits civilisés, au pays des animaux domestiques donc, elle serait plutôt du genre dominante, la pepette … 10 kilos toute mouillée, 30 cm de haut, mais archi vive, petite femelle chieuse …

Je me souviens, nous débarquions pour la première sur la plage de Dakar, après 5 jours de mer, la traversée depuis le Cap Vert. J’ai les mains chargées de « trucs », les poubelles je suppose. Roxao hume avec délices toutes les merdes accumulées sur l’une des plage es plus polluées du monde. Les pattes bien plantées dans le sol enfin stable, première pisse libératrice… Un pur moment de bonheur, enfin je suppose.
Un drôle de hurlement là bas, pas loin, de chien. « Tiens des copains indigènes » pense ma Roxao aux anges, en remuant la queue. Puis ça a été la curée, inattendue …
3 puis 5 puis 10, gros chiens jaunes pouilleux, jaunes de la pointe du poil, en passant par les yeux, les dents, surgissent, babines au vent … Ils se ruent sur ma pauvre chienne, éberluée ... Pack compact de corps canins, jaune. Ma Roxao là dessous, claquements de mâchoires, grognements sourds, c’est l’hallali, ça y est elle morte, bouffée … Bon mais quand même, il faut réagir, aller cueillir les restes, euh, prudemment … Je prends des caillasses, je m’approche en hurlant sur la masse pouilleuse, coup de bol ils se cassent, les chiens jaunes …
Sous la masse émerge, les 4 pattes en l’air, totale soumission, ma Roxao grelottante, l’œil dilaté de la plus grosse trouille de sa vie, indemne … Son poil est couvert de bave gluante mais rien, pas une égratignure, même pas une puce au final … Ils sont bien urbains au bout du compte, ces foutus chiens sauvages de la plage de Dakar. Chanceuse Roxao.
La plage est leur territoire, une meute d’une vingtaine « d’éléments », plus pouilleux les uns que les autres, enfin certains plus que d’autres (niveau pouillardise …) … En fait ces chiens vivent en parfaite harmonie avec les habitants de la plage, les pêcheurs, les chevaux, quelques mobylettes passent là, les sportifs qui quotidiennement s’entraînent sur la plage (le culte du corps ici chez les gars, ils sont … fatigant). Juste les chiens, ils ne tolèrent pas les autres chiens sauvages, les chats, les rats … Systématiquement donc, pour chaque traversée de cette foutue plage il faudra porter Roxao, jusqu’à l’enceinte du CVD.

Arrivée là, où les autres chiens n’ont pas droit de cité, les vigiles leurs jettent des pierres, je libère « ma parisienne », où elle s’approprie rapidement le territoire… Au CVD, la « propriété », d’un demi hectare environ, est clairement délimitée par quelques murets et grillages, et autres choses sûrement, odeurs … Les chiens jaunes ne rentrent pas là, elle est ici chez elle ma princesse, enfin, pouvoir pisser l’esprit libre, humer fleurettes ...
Le problème, c’est qu’on le l’a pas attendue ma bebelle, pour s’approprier l’endroit. Et ici en fait, figurez vous, c’est le territoire des chats … Etranges communautés animales, aux chiens jaunes la plage, le CVD pour les chats, telle est la loi, non écrite … Ici elle est « l’ennemi atavique »,les chats le lui font bien sentir. Mais, pas dégonflée ma pepette, elle non plus elle peux pas les blairer les chats, mais alors ça pas du tout …
Cavalcades infernales les premiers jours, elle fait place nette tous les matins, de chats. Elle course tout ce qui bouge, elle ne chope jamais rien, toujours à la limite, les « victimes » s’échappent toujours, feulant fort, grimpant au premier palmier venu, se perdant dans les méandres de quelque bougainvillier … Roxao fait ça pour se marrer, le plaisir de la chasse, la montée d’adrénaline, je ne sais pas, je suppose … Je ne l’ai jamais vu mordre qui ou quoi que ce soit, au sang, de là à tuer, il est un monde... Je lui donne à manger tous les jours après tout, pourquoi diable ???
Parmi les adhérents (humains) du « cercle de Voile » elle a ses fans. Beaucoup estiment qu’il y a trop de chats ici, Ils s’entassent, par grappe de 6, autours des tables, mendiant haut et fort les restes de ton Tiéboudienne de midi. Un peu de calme enfin, vive Roxao chien « chat seresse » … Mais il en est d’autres des adhérents (humains toujours) qui aiment bien les chats, eux, ils avaient leurs petites habitudes, ils leurs donnaient bien volontiers les reliefs de leurs repas. Ils tremblent pour chaque poursuite de ma furie. Ils haïssent mon chien, et moi aussi, à travers elle, « il ne pourrait pas le maîtriser son chien, couillon de Toubab qui se croit tout permis » … Pas grave, nous avons connus d’autres vipères si civilisées …
En fait je laisse faire, le truc m’intrigue. Ce ne sont pas des chats de gnognote ici, ils savent se battre, cela se voit, aux cicatrices… Le « personnel » du CVD observe aussi en souriant, ils les connaissent bien ces chats, il les ont vu naître, mourir, ils vivent avec, les vivants et les morts, c’est la vie quoi, le grand bordel. Ces petits combats visiblement les amusent, ça fait de l’animation …
Un matin, j’entends Roxao qui s’excite toute seule dans un coin, je m’approche, intrigué ... Elle vient de coincer un bébé chat, au pied d’un mur, c’est pas bien ... Elle aboie en boucle, saoulée par ses propres hurlements, le chaton terrorisé à quelques centimètres de son museau. Et on fait quoi maintenant ???
Une boule fauve, noire et marron, surgit d’on ne sait où, lui saute à la gueule … C’est la maman, toutes griffes dehors protégeant sa progéniture, Roxao n’a rien vu venir, elle morfle … Elle arrive finalement à se débiner, elle court vers moi, en couinant, la queue entre les jambes, première branlée.
Les chats, ça parle, entre eux, si si je vous jure !! Le lendemain Roxao se précipite pour faire le petit ménage habituel. Les chats ne fuient plus, dos ronds, griffes à l’air … Deuxième branlée, puis troisième … Pendant 15 jours Roxao a les oreilles, le museau tout griffé. Bouffée par les chiens, puis les chats, ma pauvre chienne, soit disant dominatrice, elle fait de drôle de rêves en ce moment, en couinant …
Je l’attache plus souvent, ses chaleurs la turlupinent en ce moment. La maman chat vient souvent la narguer, aux limites de sa laisse, avec toute sa progéniture, pour leurs apprendre. J’ai surpris encore deux trois bastons entre eux, et c’était pas pour rire …

°°° / °°° A suivre

2 commentaires:

haboukrat a dit…

noudoudiou captaingils,
Ben, l'herbe n'est pas plus verte à Dakar ? Content de remarquer que la Kakie s'éloigne du coeur (loin des œufs, loin du beurre). Je parle bien de la Kakie qui t'as quittée. J'suis sur que tu vas te faire des potes à Dakar (c'est un conseil). Le centre de Dakar est nul comme tu l'as remarqué mais quasiment tout le reste (du Sénégal) vaut le coup. T'as aussi remarqué que les cousines ne sont pas farouches... Est ce que tu aurais oublié que le rapport fric - cul est le même en Europe ? T'as peut être zappé cet aspect des choses. Ce qui pourrait expliquer la méprise avec la Katie. Grand rêveur va! T'as vu le duel de messages sur stw.fr te concernant ? Tu attises des passions! Faut dire que tes textes sont bien sentis. Surtout ceux qui décrivent les détails. Tu vas continuer ou rentrer parler avec le percepteur ? Fait attention à toi et bon courage.

Anonyme a dit…

Your blog keeps getting better and better! Your older articles are not as good as newer ones you have a lot more creativity and originality now keep it up!