14h00 – « Jour Un » de cette « traversée ».
Départ de la Marina de Mindelo (N 16°53 – W 25°00)
Corps et âmes de passage
Vivre puis disparaître
Partir sans bagages
Notre lot à tous : être
Départ un Vendredi, « Fadi » chez les marins, drôles d'augures
Fissures au ventre et dans la coque, blessures. Oublie ça ! Assure !
Partir aux Açores, la décision perdure, et si ce passage paraît obscur
La foi est là, ancrée à crans, qui me rassure, murmure et susurre
Que la « force est avec moi » pour achever cette maritime aventure
Bel Atao déploie ses oripeaux
Deux voiles, et six winchs « Goïot »
Non, pas plus pour lui n'en faut,
Pour bouffer du mile à Gogo
Pour projet : « Rentrer et Vendre »
Mon bateau d'abord, puis mon cul aussi,
Bientôt seront « à prendre »
Ah réalité chérie, coucou, me revoici !
Honnêtement, dis moi, crois tu vraiment qu'ici t'étais plus libre ?
Prisonnier volontaire d'un bateau troué, vivre de frayeurs en chantiers
Concentré sur tes charmants élastiques et tes foutus équilibres
Tu le savais tu hypothéquais l'avenir, soldait tes richesses passées
Baba toubab babille et barbote en pays black,
Dépense ses sous (et ceux de môman), il craque !
Pour soigner son rang, enfin, un rang de passage,
Hypothéquant sa seule fortune, bel Atao, quel dommage …
Il faut donc payer désormais, renfiler tes vieilles babouches
Travailler ? Vacance d'âme en vacances, pas productif du tout
Loufoque soliloque écrit, vingt jours sans ouvrir la bouche ?
Cingler les océans c'est cinglé ! Dernière traversée de Saint gland Gilou
« Vende se, va travailler » !
Samedi 30 Août 2009
N 18°10 – W 25°22
14h30, le "Jour un" touche à sa fin, vient de passer dans le passé, enfin !
Sur ce trajet, au vu des vents dominants, l'important d'abord sera le Nord !
Plus 77 miles sur le Nord et plus 22 vers l'Ouest … D'accord, faire le point !
Considérer les « gains » à l'Ouest comme une dérive, comme un débord bâbord …
C'est bien certain le « Jour un » n'est souvent pas une « bonne base statistique »
Mise en place basique, louvoyer dans « Porto Grande », puis ce long bord « à l'Est »
Pour éviter dans l'obscurité, Santo Antao et ses rochers côtiers, forts antipathiques
Pompé 6 fois 100 litres d'eau, déjà !
Toutes les 4 heures donc, repère. « Ité Aqua Est »
Vent de Nord / Nord Est, soufflant à quinze nœuds, c'est, d'un calme idéal
La houle roule longue et gracieuse, ça ne cogne pas, c'est, un point essentiel
Quatre nœuds et demi de vitesse, un ris et foc N° 3, c'est, peu toilé normal
Pas d'impatiences, naviguer sans « forcer bordés ». Rire aux étoiles, au Ciel !
Copain compas, compère et bon compagnon, indique clairement le Cap souhaité
« Nord / Nord ouest », serré ! Descendre dans le carré, c'était le Nord magnétique
Soustraire quelques degrés, encore d'accord ! Rudes règles de dérives appliquées
Vent, courant, dérive, Nord Vrai ! Et puis, le bien pratique GPS est catégorique
Cap réel suivi : un joli « Nord Ouest » établi ! Trop de bâbord dans l'air, Capitaine !
Autre sujet : dans la vie quel bonheur que d'avoir, pour barreur, un bon régulateur !
Mais maintenant que reste t'il à faire ? Poncer, lazurer, pour mieux vendre, la haine !
J'en reviens pas comme ça coule ! Je parlais des mots là et non de l'Atao, pas d'erreur …
Franchement, créer des vers de mirlitons, sont des façons futiles de fanfaron !
Les mots naissent, se meuvent, émeuvent, sont parfois veules puis s'éparpillent
Laissons donc filer cette fluide, folle et fluctuante faconde farfouiller les sons
Structure pardon ! Comprendrez qu'ici, sur l'eau, les idées roulent comme des billes
Affinons, foutu feignant ! Affûtons donc ici ce flambant esprit frondeur, si fécond
Et mollo avec les mots ! Car, mêmes si instinctives, certaines phrases maladroites
Ne se pardonnent pas ! Mais alleye pour voir, continuons ces « Dix vagues à Sion »
Exercice basique d'étudiant « en lettres », pour moi l'analphabète à la mémoire étroite
Sensualité sordide et sourde, sotte sensibilité exposée sans censure et sans suite
Si mon site sort en vers, c'est qu'en mer, le temps de bricoler de ces mots dynamite
Quelque manœuvre de pont s'invite, l'idée alors se fane, se perd, se délite et m'évite
Mais excusez, la nuit s'impose, vent dynamique, plus le temps de roucouler, ça frite !
Eaux d'Afrique !
Voilà t'y pas que notre capitaine « casse noisette » il se la pète un peu poète
Du marin gentilhomme en somme, qui somnole en écrivant sa prose, en rimes
S'il ne coule pas là, avant d'arriver par ici, il nous reviendra avec la grosse tête
Moi je vous le dis, les gars, dans ce parigot ci, y'a pas de fond, juste de la frime
Détail de passage anodin, les massages Thaï m'agacent et m'assaillent, message
Masaï, sages africains, nos amis de grande taille, sans failles, s'abreuvent de sang
Mon age me soulage et hurle de libérer ce verbiage en broussaille qui s'engage
Vers un rythme de mots serein, gardant sans pagailles, un sens encensé surprenant
Deux poissons volants ce matin, spontanément sur le pont « thon » bondit
Photo sensas ça j'en suis sûr, mais, ma foi, ce fût une bien maigre friture.
Le régulateur contient la barre. Mince ! Il coince et grince, couine et gémit
Mais l'Atao docile, facile, se laisse conduire tranquille, à bien belle allure
Et cette cuisine lente qui pimente l'attente, consciente, odorante, piquante, salivante
Patate douce, oignon, piment rouge, poulet du brésil, cette épice mystère de Mindelo
Pain grillé à l'ail, tomate crue au gros sel, yogourt frais et banane verte croquante
Des quinze bières embarquées (une par jour ?) n'en reste que neuf, boulimique salaud
Dimanche 31 Août 2009
14h30 Nord 19°44 – West 26°26
Le « jour deux » est mort, que vive alors le « jour trois » ! Depuis le départ
De la venteuse ville Mindelo, Porto Grande, Sao Vicente, sèche île du Cap Vert
Savoir la moyenne du jour ? Espoir dérisoire de record, juste voir aucun retard
Plus quatre-vingts quatorze miles dans le Nord, soixante trois pour l'Ouest. Pépère !
On va dire un dodu « cent miles » en un jour, mais pas franchement dans l'axe
Entrée d'eau : sept cent litres pour ce « jour deux », c'est (euh) préoccupant
Pour ne pas dire flippant, angoissant, stressant … Relaxe Gilles, « just relax »
Envisager toujours le retour vers le Cap Vert, pour toute raison et consciemment
Calmes, et voici mes amis que la série des gros soucis reprenait de l'appétit
Soudain, le bout' en Kevlar, celui qui relie le régulateur à la barre se rompt
Frottement invisible, on l'entendait en fait, une usure longue et cela a suffit !
L'Atao part au lofe, les voiles claquent tabernacle, intervenir sans retard, activons
Et là, constat de la cata, le foc descend, nonchalant, le long de l'étai, navrant
Le câble de la têtière du foc a lâché, de nouveau, au point d'amure de drisse
J'avais pourtant doublé d'une manille cette accroche, dieu que c'est désespérant
A la va vite, j'endraille sur le second étai une petite voile d'avant, sans malices
Puis je remplace le câble déchiqueté du régulateur, par un autre
Il fait nuit, travail à l'aveugle, la lune est là mais le ciel bien couvert
Cette fois il me reste une drisse disponible, marin averti fait bon apôtre
A la main, toujours pas de winch « open » en soutien, je remets le couvert
Mais, galère, ce second foc est trop petit, il déséquilibre « régul' », rien à faire
Lancer le moteur, le pilote automatique stabilise le cap.La nuit force les sons !
Coutures nocturnes, renfort de têtière, serres câbles, deux heures de couturière
Puis face au vent, affaler, plier, renvoyer, eau glacée, salope de foc « à la con » …
Moralité, désormais, il faudra hisser les focs à la main, drisse de spi, levier taquet,
Mains en sang, brûlées … Mais qu'est ce que j'ai bien pu fiche de ces foutus gants ?
Drisses de coton, hommes de maïs, tout glisse. Retour dans le carré, trempé, frigorifié
Usures, rouilles, vieilleries … La peur retenue jusqu'ici revient, à pas de géants
Et Captaingils pompait, pompait, pompait … Ca va c'est électrique !
Plus que trois heures pour les « cent litres », légère aggravation
Et si ce vieux générateur flanchait, ou si mon moteur asthmatique
Je n'aime pas naviguer seul de nuit, ça me rends, je crois, poltron
Ah oui, les pompes, tout ça, vous expliquer la nouvelle organisation
J'ai donc acheté, au Cap Vert, une pompe à eau de mer de 400 Watts
Fonctionnant au 220 Volt. Mon convertisseur 12 / 220 Volt, ce con
Bloque à 200 Watts. Générateur obligatoire, donc ! Situation délicate
Marier une bonne pompe neuve à un vieux générateur décati
Mauvaise addition ! Mais toutefois le système est indépendant
Et puissant, sept mille cinq cent litres de l'heure, je sais déjà dit
Moins d'une minute pour 100 litres. Le générateur fonctionne cabine avant
Le tout est installé « à poste » sur le circuit d'eau de ma défunte pompe auxiliaire
Intégré donc a l'évacuation d'origine, pas un fil électrique ou de tuyaux qui traînent
Et, bien entendu, il me reste ma vieille chinoiserie, la pompe, 12 volts, primaire
Branchée sur les batteries, que, quelques hectolitres d'eau déjà évacués, parrainent
Somnolences, récupération, qu'il est doux d'avoir un bon régulateur
Un bon vent Est / Nord Est vient de s'installer, Cap vrai : plein Nord
Force quatre régulier, la mer devient hachée, premiers chocs éclaireurs
La coque craque (et non la coke crack), remonter au vent mille Sabord
« L'eau est un élément solide », je l'affirme du haut de mon petit moi,
Bordel de couille, midi seulement, la pompe déjà, moins de trois heures
Voici que les intervalles se tassent, bordel de bordés molasses ! Croyez moi,
Vingt seaux huit fois par jour si les machines foirent, je n'suis pas « acquéreur »
Et comme pour narguer ma peur, l'Atao peu toilé pointe ses cinq nœuds plein Nord
Variation de cap du « régulateur » au près moins de dix degrés, franchement j'admire
Je ne cesse de me marrer de ses hésitations, entre le vent et l'eau un drôle d'accord
Marionnette à bascule, poussée au gré du vent, mais là, les ficelles, c'est elle qui les tire
Quatorze heure trente dans quelques minutes, fin de ce troisième jour de croisière
Oui, une petite pression, bien fraîche, d'eau de mer, je vous jure « ça lave l'âme »
Et au passage dernière gorgée de la dernière bière, amère, trois jours ordinaires
Confier sa vie à deux machines poussives, ça paraît un pari un peu fou, sonnez l'alarme !
Et vous, au fait, vous en êtes où ? De vos multi - dépendances vitales aux machines. Dont tout le monde se fout, dont personne ne parle ! Et si l'épidémie, ou la guerre, et viendrait la panne générale des machines ??? Il suffirait de sept jours, et vos bons voisins se transforment en Barbares ! Plus sauvages que les sauvages. Fin de la page …
Lundi 01 Septembre 2009
14h30 Nord 21°17 – West 27°02
Vent Nord Est force 4 à 5 – Cap redressé plein Nord depuis 6h00
Bilan du jour 3 = 100 miles (grumph) 290 Miles depuis Mindelo
Tiens justement, c'est la Saint Gilles aujourd'hui, le prince des fous
De la folie là il en faut, alternatives en porte à faux (Non, pas « porte la faux »)
Alors mon Gilou, revenir (en France) ou retourner (au Cap Vert), deux dégoûts
Il en est qui jouent leur vie sur un coup de poker, là le temps joue au pivot
J'ai beau me mentir, là, c'est Cent litres toutes les deux heures.
Stabilise !L'Atao déboule droit au Cap, Mille miles désormais, pour les Açores, au nez
Dix jours à cette allure pas plus. Et les « Canaries » moins loin qui sécurisent
Le moteur va, les machines sont saines ! Ca va passer, ça va passer, ça va passer
Mardi 02 Septembre 2009
Quatre heure du mat' j'ai des frissons,
C'est plein de kleenex et de bouteilles vides
J'suis … Nord 22°24 – West 27°16
Mal au cul, j'ai …
Ou comment dire « Argh » peut être, ou encore « Ouch » ou « Ièche » !
Où sont mes mots ? Ceux des autres ?
« Les petites misères, sont bien passagères, moi je ne m'en fais pas ! » Tagada Tsoin Tsoin …
Ou dire encore, il y a une heure j'ai décidé de mettre cap Plein Est ! Stand by, de nuit, pas de décision hâtive, malgré ma voie d'eau (très) active. Mais préparez déjà vos mouchoirs, car il vient de nouveau de m'arriver une improbable « Cata » ! Et puis « de l'Est » il m'en fallait pour les Açores … Attendre et décider de jour, la nuit me rend poltron, mais il me semble que déjà ma décision est prise ! Euh, elle est où la terre la plus proche ?
Ouais, mais là ce soir c'est clair, l'Atao ne m'appartient plus. Pas qu'il coule, non non ça je gère, du moins je l'espère … Mais retour à Dakar, via sûrement encore le Cap Vert, nouveau chantier.
Mort de Captaingils, pour raisons financières …
Putain d'étai, mais ça j'y reviendrais …
L'objectif de ma folle équipée, c'était de rentrer en France, avec mon chien et l'Atao. Le planquer dans un coin, sous bonne garde des copains. Stabiliser, étaler les dettes, attendre un peu pour les frais, trouver du boulot, réinvestir peu à peu … Mais garder l'Atao, noudoudiou (pour vous celui là, m'en fous). Je sais c'était un peu risqué, avec mon vieux toto d'Atao, un peu tard pour la saison, un peu tendu, mais c'était jouable, j'en suis certain !
Je vous raconte son histoire ?
Sincèrement, l'Atao filait bon train depuis mignon matin
C'était « son » allure, un prés, pas trop serré, houle longue
De 16h30 à 01h00, 60 miles plein Nord, petit lutin
5 nœuds bien tassés de moyenne, droit au cap, fusée oblongue
Il voguait doux de nuit, presque sous toilé (1 ris, foc 3), voiles à la lune
Manié par les doigts de fée de « régul », travailleuse et splendide marionnette
Captaingils lui compose sa prose en rime, se repose, parfois dépose sa plume
« Clap clap clap clap », fin de l'entracte, du boucan sur le pont, ça fouette
Lunettes (et cordons), pantalon, lampe torche ! Qu'est encore non de nom ?
La lune se couche, derniers rayons, cette étrange semi obscurité relative
Le foc comme affalé ! Mais l'angle est vraiment bizarre, impossible, abscons
Vingt nœuds de vent, vite intervenir, avant que les choses ne s'enveniment
Occupe toi du Cap, on tourne en vrac ! Déséquilibré, « régul » ne comprend plus
Je le libère, moteur, pilote automatique, Cap à l'Est ! Enfiler un ciré, un harnais,
Puis je rampe sur le pont, torche à la bouche ! Merde c'est plus facile de prendre le Bus
Constatations : carrément, c'est l'étai qu'a lâché ! Point de fixation du ridoir sectionné
Et, euh, l'étai, qu'est ce que c'est ? C'est encore un hauban, un gros câble en inox
De 10 millimètres d'épaisseur, qui maintient le mât fixé sur le pont, par l'avant.
Sur ce câble l'on « mousquetone » les focs, pour les hisser haut, de façon orthodoxe.
Et un ridoir ? C'est une simple pièce de métal crantée qui sert à la tension des haubans
Ce diable de ridoir rompu est sûrement une pièce d'origine, plus de cinquante ans respects
On peux imaginer qu'il en a vu, ce bout d'inox sans soudure, pas rouillé, comment prévoir
L'Atao tenait ferme son allure, les voiles ne claquaient pas, rupture pourtant, inexpliquée
Pourquoi ? Sur ce retour un peu risqué ? Qu'est ce qui fit que le métal éclatât ? Poisse noire
Mais revenons sur le pont glissant, car, hélas, les dégâts ne s'arrêtent pas là !
Le foc en torche entoure l'étai flottant ! Je libère sa drisse de coton, inutilement
Un fantôme de toile plane sur le pont, claquant, à maîtriser, s'assurer pas à pas
Hâler la voile, ça coince, puis d'un coup s'affale, drisse de coton coupée évidemment
Je chope un sandow et fixe de mon mieux tout le paquet, coté bâbord, au balcon
Hautes vagues froides et courtes à l'avant, l'on monte et descend de deux trois mètres
Ca éclabousse à chaque rebond, je m'agrippe au mieux, j'en prends plein le trognon
Retour au carré, de l'officier, trempé vanné, lumières ! Euh, il est où le tensiomètre ?
04h00 du mat' j'ai des frissons …
Le ronron du moteur qui murmure me rassure !
Grand voile seule, moteur, pilote automatique, vive les sports mécaniques.
Dormir deux heures, tout à l'heure il fera jour !
Ah oui, petite pipe, euh pompe, mon Capitaine, avant de dormir !
Mardi 02 Septembre 2009
14h30 – 5 fois 24h00, 5 jours et 5 nuits, le temps s'immobilise …
Nord 22°34 – West 26°30
Bossé comme un taré ce matin pour éclaircir le pont encombré, cafard n'à homme … Libérer le foc de son étai, il a morflé sur la têtière et bordure haute, va y avoir encore de la couture !Retendu de mon mieux l'étai lâcheur, pas facile je vous jure. Détendre un peu le pataras. Une aussière au winch court sur le pont vers l'avant, tension…
Puis frappé l'étai fugueur avec un petit bout' en kevlar en remplacement du ridoir défaillant. Reprendre du pataras, serrer à bloc le reste de ridoir. Vagues de trois mètres à l'avant, les pieds s'envolent du pont, pas le moment de jouer à la mouette voyageuse. C'est encore trop mou je n'aime pas !
Renvoyé un trop petit foc, le tourmentin à l'avant, sur le deuxième étai, pour avancer pas le choix, pour « régul » toujours déséquilibres de voiles, prendre un troisième ris ? Dernière drisse, de coton, de tangon, épaisse de 6 millimètres et dont la petite poulie se trouve sur le coté du mât, décentrée, une drisse de secours certes, mais tenter de parcourir neuf cent miles avec ?
Vérifié une fois encore la tension de tous les haubans, pas de déséquilibre particulier, je ne m'explique toujours pas la raison de cette cassure de ridoir. Sachant la longue route au près « à venir », et vu mes dernières expériences acquises, j'avais, à Mindelo déjà tout contrôlé, resserré le bas haubans bâbord bricolé « à la chaîne ». Vraiment je ne comprends pas la raison de cette rupture, je hais ça …
Et là, comment dit t'on déjà, « c'est là que les athéniens s'éteignirent ».
Le deuxième étai claque ! Avec cinq mètre carrés de voile seulement dessus, comme ça, en plein bord, pas en manœuvre, pas de fausse manœuvre, juste, il claque … Cassure exactement au même endroit que le premier, c'est net et sans bavure. Ceci est « la réalité » !
Je craque ! Je suis marabouté je vous dis !
Je réagis comme dans un rêve, ce n'est plus moi qui gouverne, c'est l'autre moi, le maudit, qui assume, vent arrière pour soulager les efforts sur l'avant du mât, moteur et pilote automatique … Récupérer le tourmentin, il est entier ça va, dernière drisse également ouf … Bricolage de fixation, deux étais mous dorénavant à l'avant (heureusement mon mât est traversant), sur lesquels on ne peux plus envoyer de grandes voiles. Au programme 900 miles de près, c'est insensé … Je renvoie le tourmentin sur mon système "la bidouille".
Quelques tests désespérés :
Cap stabilisé avec « régul » Nord / Nord Ouest en trichant un peu sur l'angle de barre
Vélocité nulle, deux à trois nœuds pour vingt de vent, face à la houle l'étrave enfourne
Trop lent ! Ca cogne salement, et d'imaginer ma coque fêlée à chaque coup de boutoir
Neuf cent Miles pour rejoindre les Açores, il faudra donc vingt jours, sans ristourne
Imaginez naviguer au près, sans pouvoir forcer voilure quand le vent est constant
Cinq jours révolus de croisière.
Vendredi 05 Septembre 2009
Vers Sal au petit matin
De la barre de l'Atao,
Et non du bar du Balto,
Permettez moi ces quelques mots,
Pensées vasives d'un p'tit matelot …
Vogue à l'âme et vagues galères
Vivre en mer, rire en vers, amères amers
Que voici d'étranges plaisirs solitaires
Bouffé par crabes ou par vers ? Envie d'un verre ?
De toute façon on la passera tous, la grande barrière
Avis sévère émit en mer, la vie en gris bleu vert …
Perles d'eau sont bijoux de mer, ma mère
Ce vent d'Est me casse les « Test' », mon père
Ainsi que ce baromètre qui baisse en traître, mon maître
Mais foi de croix cette voie d'eau n'aura pas ma peau, mes « ch'ti cocos »
Pour un joli sloop en bois de dix mètres
Elle « con senti » à ouvrir braguette
Apprenant qu'elle ne viendrait pas
Rageusement elle la refermât
Prenant bien soin d'y coincer mes Youpla las
La prochaine fois j'achèterais une Ferrari, peut être …
Amie Agnès lorgna ma pine, de (et du) bonne heure
Mais on ne peux être au goût de tout le monde
Alors hargneuse Agnès saigna sciemment mon cœur
Paradant beaux amants sur ma douleur, nausées abondent
Pragmatique Agnès gagna cette controverse à coups de fesses
Con cul rance, trois queues en autant de mois, dont moi, émoi
L'énigme d'Agnès déniaise, malaise, le sexe est son ivresse
Et moi, moi en misérable témoin moignon, je meurs tout bas
Goulue l'Agnès, gourmande grignote de la « bite subite »,
Perverse Agnès me nargue, princesse s'expose et ça l'excite
Et moi, moi je fuis, je m'éloigne et m'avilis
Ignoble Agnès est libre de vivre sa vie, oui
En politesse Agnès gagne a être con nu, con fesse
Agnès ignore les cons venus qui y reviennent, tristesse
Ingénue Agnès en mange, mais ne sait rien de l'âme en l'homme
Lame en l'homme, mal en l'homme, larmes d'homme
Vendredi 05 Septembre 2009
14h30 Fin du jour ??? Sept ?
N ° 17°33 – W 23°37 (115 miles en un jour)
Vent Nord / Nord Est - 15 nœuds
Bon plein arrière, un petit cinq nœuds
Sous tourmentin (contraint) et deux ris (contraints aussi) pour l'équilibre.
GPS affirme : 62 miles pour rejoindre Sal …
Encore une nuit odieuse : Plus de vent, du tout …
Le pilote automatique se refuse, même avec le moteur, merde …
Marionnette me fait la tête, rouspète et part en cacahuète, c'est ma fête
Et qui donc ce soir va s'occuper de la barre, Captaingils en a marre
Je m'acharne pourtant à « gouverner » et tente de tenir le cap dans le noir, à la main, voiles en déséquilibres. Même mes fidèles élastiques me font la nique … Allongé sur le pont, rectifions, parfois je m'endors, quelques secondes, voiles qui claquent.
Au moteur sans pilote on tourne en rond très facilement, déviés par la longue houle. Moteur sans voiles d'appui ça ballotte fort, canard en boite sur la mare aux canards. Pas de vent, pas de vent, pas de vent, même à faible allure, au moteur, sans vent impossible d'imposer marionnette « au cap ». Barrer à s'en abrutir la raison …
Au petit matin charmants constats : les trois coulisseaux de tête de la GV ont sauté et une petite déchirure de 30 centimètres dans la Grand Voile, niveau bordure, c'est l'une des toutes dernières réparations, celles de mon épique sortie du Saloum, qui n'assure pas …
J'affale, couture, des heures, des heures …
Au petit matin oui je mets en panne. Démontage de marionnette, axe central à resserrer, deux heures … 08h00 un tout petit vent Sud / Sud Est se lève, « marionnette » soigneusement bichonnée daigne reprendre du service. Bon dieu 40 miles encore, va dormir un peu …
Samedi 06 Septembre 2009
14h30 N 17°18 – W 23°09
Vent Nord Est de 0 à 5 nœuds
Est ce le huitième jour ? Détours contre compte à rebours …
Ca n'avance pas, encore trente miles pour Sal mes amours
Chaleurs à crever, dedans un four, coutures de grand voile, balourd !
Pas le choix, et si légère tempête s'engageait, ici pas de secours …
Autonomie diminuée : deux étais tout mous installés à l'arrache
Retendus au winch, immobilisé au Kevlar. Tendre Pataras et bastaques
100 litres d'eau dedans toutes les heures, sans heurts rageurs, ça fâche
Marionnette flambait, forte tête, démontée, bonne grosse paire de claques
Comme tout ces bons artisans qui aiguisent leurs outils
Captaingils pour coudre dérouille ses vieilles aiguilles
Couture des coulisseaux, poinçon, toile forte, enfiler l'ennui
Pour la déchirure de la bordure, couture, colle néoprène, vétilles
18h00 de nouveau « tout dessus », mais pas de vent, alors t'attends
°°° / °°° C'est tout, encore inachevé…
C'était tocard de toute façon, volet verve volé, envolé
21h04 N 17°04 – West 23°00, à 20 miles de Sal
Approche
(en vers et contretemps)
Diaphanes éternités océanes, belle approche, mais nous n'arrivons point !
Aborder ces drôles d'îles, il en est un peu comme avec les femmes
Certaines s'accostent franco, vent en poupe, passant félin faisons câlin,
D'autres l'espère plus coquette, aiment qu'on les désirent, se pâment
Tu me vois belle, j'aime à te plaire, rêve, mais tu ne m'auras pas
A te faire haïr l'animal rugueux qui vibre en toi, espèce de gros goujat
Sal a cinquante Miles depuis deux jours, deux nuits aussi, j'y perds mon latin
Le vent tourne, Nord Sud Est Ouest … Maboule ce tout petit vent je déteste
Et puis bien sûr, sous toilé, protège ton mât et équilibres, la tortue sans le lapin
Marionnette, déboussolée, m'a jeté son cap au nez et pique une petite sieste
Période de veilles prolongées, la barre me tient, séquences de pompages éhontés
L'attente, ce terme si romantique, en mer ballotté, perd de son éthique, éternité
Quelle abomination cette navigation en forme de pot eaux noires, des espoirs fanés
Arriverais je au petit matin ? Puis l'on se traîne encore, nuit, matin, midi, soirée
Et le moteur, quelle horreur pendant des heures, ronron gonflant, chaleurs intérieures
Pourvu qu'il tienne bon ! Calcul de consommation, trois nœuds cinq ne pas le forcer
Trente cinq petits miles en 10h00 de fonctionnement, mais Gilles de quoi tu pleures ?
Non décidément ce foutu moteur sur un voilier ce n'est pas fait pour avancer
Dimanche 07 Septembre 2009
09h00
« CRRCRRCRRCRR » mouillage à Sal, Palmeira, sentiments mitigés
Neuf jours de mer, sept cent cinquante miles, un petit rond dans l'eau,
Vieillir …
Mais ce n'est pas tout à fait fini, au niveau de vos lectures. J'écrivis, en parallèle, le petit texte ci dessous, rien à voir avec la navigation. Une ébauche que je n'ai pas envie de finir, ici à Sal, recopiage de ce début qui sonnait bien, puis après « ça » s'embrouille » …
D'autant que, l'idée me glace, le soir où je « composais » ce texte, l'on retrouvait, je viens de l'apprendre, le président du CVD, Gérard, l'homme pour qui j'avais voté à ce poste il y a (???) 3 mois, mort, ligoté, dans son bateau au mouillage à hanse Hann, où je dormais toutes portes ouvertes et sans armes il y a encore quelques jours …
On l'a étranglé, je vous jure parole que c'est vrai. Sa femme, une sénégalaise, retrouvée ligotée également, a survécu, paraît t'il … Un plaisancier allemand vient d'arriver de Dakar avec cette morbide nouvelle. Vol avec violence, règlement de compte, mafia sénégalaise ??? Paix pour son âme « bénévole » !?
Le peu de ce que j'ai appris de « l'histoire » du CVD, c'est qu'il est des générations de petite délinquance, d'histoires louches accomplies ici. Le soir de mon départ, deux plaisanciers fauchés chargeaient, de nuit, des caisses de « choses » pour le Cap Vert. Contrebande ? A mon arrivée ici à Sal, je retrouve un de ces deux bateaux cerné par les douanes capverdiennes, aimablement appuyés par deux zodiacs de la marine américaine ultra armés …
Morte « beu beuf » le capitaine, un drôle d'argentin, revient sur le quai, l'esprit tranquille.
Commencé à entrevoir de quoi vivent certains « loups des mers ».
Je viens de recevoir une proposition ferme ici, ramener du lait en poudre en quantité, du Cap vert au Sénégal, 500 kilos, mille francs par kilo (CFA) de profit au passeur, ça ferait presque 800 euros. Une bonne partie de mon calfatage … Du lait en poudre mon vieux, ils se foutent de ma gueule ou j'ai vraiment une gueule de poireau ? La coco ne passe plus par la Guinée Bissau, les américains ont démantelé quelques filières en Casamance, entend t'on dire. Bref fontaine je ne boirais pas de ton eau, cet Bel Argent sent bien la mort. Pauvre oui, mais con non … Et j'ai perdu trop de vrais amis pour vendre de la drogue (surtout à ce prix là !) …
Bref, l'autre texte
Je voudrais écrire comme un roman !
J'ai fait un rêve (I have a dream) magique, magnifique, exotique
Cette nuit, il est tellement cohérent, comme collant avec l'instant
Que de ce pas gaiement je vous en livre quelques arcanes esthétiques
C'est l'idée d'un roman, sur l'Afrique, véridique, sûrement très amusant
L'idée aussi, c'est que ce serait à moi de l'écrire, sans gamberger juste là à l'instant
Dès mon retour à Dakar, attaquer ! Chapitre un, me prétendre comme « griot écrivain »
Enquêter auprès des africains, des anciens, avec comme clef d'entrée ce sujet captivant
P'tit pitch ? Alleye ! L'histoire d'une propriété coloniale, construite, qui sait, par un marin
Sise aux alentours de Dakar, elle existe toujours, bougainvillées et bords de plages
Abritant depuis 1937 une association non lucrative, dont le but est l'accueil aux plaisanciers
De toutes nationalités, un bon mouillage pour « voileux » de passage, ces gens du voyage
Des trognes, des forts en gueules, pour sûr cette maison elle en a vu passer à ne pas douter
Je parle là du CVD, vous l'aviez compris, j'espère …
Qui l'a construite? Quel était le milieu naturel et humain à l'époque ? Dakar, les années trente
Colonie française, puis la seconde guerre, puis l'indépendance ! Comment survivre, pressions
Qui l'a offerte ? A t'on respecté, la base de l'idée d'origine, associative et pourtant militante
Qui la et l'a eue dirigée ? Constante confrontation en blanc et noir, fric ou pouvoir ! Passions
Pourquoi pas de « nègre », institutionnel local, dans ce foutu conseil d'administration ?
Et les employés, bonne place en or pour eux ici, sont t'ils cooptés, peut être de père en fils
Vols, contrebandes, prostitution, ne pas trop gratter mais, quelques faits avérés exposons
Et puis de tous ces marins, discrets ou romanciers télégéniques, que de souvenirs en lice
Le sujet j'en suis persuadé est riche de surprises et aussi sûrement d'incompréhensions
Retrouver la mémoire de ce bâtiment, bulle à toubab en pays black, bulle a fric en Afrique
Persuadé que cette aventure est épique, drolatique, peut être chimique (p'tain de pollution)
Pourrait supporter ma verve pléthorique, et qui sais, d'écrire, sans parler de l'autre cul boulimique
En support deux livres, deux styles, ce livre sur le Mozambique, Borror, qui m'a retourné
Cette « concession portugaise » qui s'étrille dans le temps, d'aventuriers en administrateurs
Bouquin que j'ai vraiment « Kiffé », dont je vous ai parlé. Le second livre de référence est
« La reine du Sud » de « Arturo Péres Reverte », journaliste de guerre, un « Grand reporter »
Roman dont la trame chevauche la vie de cette « reine », passeuse de « choses » sur Gilbraltar
Et l'enquête même du Sieur auteur, au nom du livre, rencontre juges, passeurs, mafieux,
Bref pour en revenir à « mon » roman, en décrire les origines, son présent et son histoire
Mais aussi, pour faire contemporain, suivre l'auteur, Captaingils, qui cherche ceux
Qui savent ce qui s'est passé, l'enquête de l'auteur, dans le sénégal d'aujourd'hui …
Vous m'suivez ? …
Pour mille euros par mois, pendant six mois, je vous jure, je le ponds ce roman là
Non pas de la haute philosophie, pas de l'Histoire (majuscule) certifiée, mais un récit
Rigolo comment dire, « dans mon style ? ». Comment c'était, puis qu'c'est, aujourd'hui voyez ?
Fifty fifty sur les bénèf, (droit d'auteurs qu'en sais je)
Faut bien qu'ils bouffent aussi, ceux qu'en écrivent, des livres …
Et qui sinon toi ! Quelque intellectuel à la con ?
Bom noiche
3 commentaires:
Bienvenu au "cap de la retour"!
Stephan "Tamata", Simone e Neferli
Je viens de découvrir ce blog car on le cite ds une revue nautique.Je le déguste par petites doses homéopathiques.J'ai moi aussi un blog mais je ne voyage pas aussi loin et n'ai pas de bateau perso.Voici son adresse:http://simon-jch.blogspot.com/
A bientôt et....bon vent capitaine
Blog bien sympa, trés vivant. Notament, j'ai bien retrouvé le cvd.Avons eu quelques galères en 20 ans de nav, mais tu les as toutes eues multipliées par deux en un seul voyage. Sommes des plaisanciers ""riches" puisque nous avons le bateau au Sénégal et partons dans qq jours de Bretagne pour le rejoindre et traverser. La lecture de ton blog m'a complètement replongé dans le bain du bateau. Tu es probablt aux Açores maintenant. J'ai fait seul Cap Vert - Açores - Bretagne il y a qq années 19 jours + 14 jours. Un bon souvenir malgré le début sans électricité (alternateur). J'attends la suite.. Bonne mer, bon vent, bon bateau...
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