11.9.09

Cinq jolies photos oubliées chemin faisant

Volets de Brava
Le fils douanier et môman
Une maison sur des bases solides


Volets de Sao Vicente
Mon bon papy vouté du poids des années
Il cherche dans sa poche les Escudos qui n'y sont pas
Le bâtiment c'est pareil


La plage Nord de Mindelo
Sécheresse active


Escale technique à la pompe de Mindelo
Monde de Pesca


4 photos seules sont passées ZUT

Cabo Verde - Sal le retour (avant nouveaux travaux)


Mercredi 12 Août 2009
Palmeira, Sal - Cap Vert (depuis 4 jours)

" Souffrir d'Haïr " est ce donc cela mon pauvre mystère
Mon dieu le revoilà, ce foutu front dépressionnaire
" A lutter ", contre ça, de toute la force de l'expérience
Déception " c'est pas passé " ! Et le poids de l'inconscience

M'assaillent ici à l'arrivée ! Sal, si jolie plage du Cap Vert
Et l'eau, même à l'arrêt, qui ne cesse d'entrer, humide enfer
" L'eau in affair ", 200 litres jour, je sais on a vu pire, respire
Courir, organiser ce nouveau chantier ! Du mal à ne pas gémir

Tu te souviens, pugnacité ? Sourions, cette vie de marine commence à m'plaire
L'esprit est las (lalala), le corps me pèse, jambes flagadas ... Est ce musculaire
Evidences, cesser de parler de malchance, mais d'indolences ou d'ignorances
Ces carences sont ta responsabilité ! Humilité, non la mer ne fait pas créance

En parlant de " mère " et de créance (elle vous lit !) ! Permission accordée, pour vous distraire
De vous gausser ou de dégoiser !!! C'est vrai, je ne suis qu'un pov'raté d'marin célibataire
Qui commence à nous gonfler avec ses vers emberlificotés et ce ton qui dérive et chavire
Plaintif petit bonhomme humilié rancunier, qui n'a de cesse de ressasser : " Souffrir d'Haïr "

Je n'avais jamais vu, je crois, ces deux " verbes "
Mariés, associés, mêlés, liés, alliés
Est ce aussi une névrose référencée ?

" Souvenir déchiré ", sali mon sexe, mon sang, mes sens et sentiments, mes désirs
Pour solution le silence, qui se soucie des z'aigreurs z'amoureuses des z'autres sbires
Et m'étouffe encore ce mépris vulgaire, nasillant, rémanent. " Choisir d'en souffrir ? "
Deux cyniques z'amants s'invitent, s'imposent en mes rêves. Non, " Choisir d'Haïr ! "


Vivre, agir, réagir, encaisser, ajuster, se relancer et recommencer
Et " pardonner ", un bien beau verbe celui ci aussi
Mon amour pour vous, Madame, me fait vomir


Ridoirs déposés, barres d'Inox découpées, ils n'attendent que le soudeur, 2000 escudos
La grue de Palmeira est réservée (440 euros), pas disponible avant Lundi, fait chier
Paul, que j'ai déjà vu travailler, le charpentier de marine d'ici, accepte le sacerdoce
De prendre en main ce chantier, ceci n'est plus de ma compétence, désormais je le sais

Calfater, à la mode Capverdienne, pourvu que ça tienne, pourvu que ça tienne !
Paul demande 20 euros jour, pour le boulot, mais, quel boulot et matériaux, sortir et voir ?
Ce sont ces " bordés francs " qui font chier, à l'origine ce bateau ne portait pas " calfat "
Certains bordés se sont usés, d'autres restent bords à bords si ajustés, qu'c'est sans espoir

On ne peux rien y glisser. Paul lui même est abusé, par la qualité (d'origine) de la construction
J'espère que nous trouverons une solution ! Démonté une fois encore le réservoir avant
Paul voulait voir d'où l'eau rentrait ! Rien n'y fait, ça vient de sous la quille, l'infiltration
J'ai le sentiment que les bordés à l'avant ont bougé, craquements de peinture dorénavant

Ou cette foutue intersection entre la quille, le brion, la pièce de bois maîtresse de l'étrave
Je ne sais pas, c'est à hurler ! Paul sait changer des bordés, je pense cette fois y être contraint
Voir la dessous ce qu'il se passe. Bref, tout ça est à venir, le pain quotidien de mon " épave "
En attendant je démonterais le pilote auto, comprendre la panne, moteur du piston ? Demain

Le pote Loïc est toujours là, de la compagnie, ouais, c'est pas de refus, bonne bouffes bon vin
Je n'ai plus d'annexe, il m'assure mes navettes pour aller à terre. Entrée douanière renégociée
Parti " en pêche " ce matin, palmes masque tubas fusil sous marin, oui ça ç'était trop " bien "
Sur le quai des pécheux changement, c'est le " temps du thon ", orgie de chair rouge éviscérée

Carpaccio de thon donc et citron vert, demain langouste, si le casier donne, c'est aussi ça
Mon petit enfer ! " Hé Hé Hé ", chouya démotivé. Captain'clodo profite encore un peu ...
Comment rentrer désormais, comment rentrer ? Quinze jours de chantier, ou au delà
Octobre arrive et son sale temps, la météo, les ouragans s'éveillent déjà, c'est du sérieux

Bonsoir ...


Le temps du Thon
Pécheur, découpeur, vendeur





Le temps du Thon
4 € le Kilo, un thon de 100 kilos représente donc ????




Le temps du Thon
Carpaccio citron vert en compagnie de l'ami Loïc
Petit vin local, aceita d'olives, le plein d'énergie


Posted by Picasa

Ronde Atlantique en 5 photos


Poisson volant et Cap Nord Nord ouest
Avec copain compas bon compère


Drisse de coton numéro deux sectionnée
Une petite épissure, une grimpette à mi mât, en équipage tout aurait été plus simple oui




Atelier couture
Changement des coulisseaux de GV

Putain d'étais sectionnés
Retenus ici par mes bout' en Kevlar
Les trois mamelons de Sal se profilent depuis deux jours loin là bas
C'est quand qu'on arrive?

Posted by Picasa

9.9.09

Petit rond Atlantique ...

Vendredi 29 Août 2009
14h00 – « Jour Un » de cette « traversée ».
Départ de la Marina de Mindelo (N 16°53 – W 25°00)


Corps et âmes de passage
Vivre puis disparaître
Partir sans bagages
Notre lot à tous : être


Départ un Vendredi, « Fadi » chez les marins, drôles d'augures

Fissures au ventre et dans la coque, blessures. Oublie ça ! Assure !
Partir aux Açores, la décision perdure, et si ce passage paraît obscur
La foi est là, ancrée à crans, qui me rassure, murmure et susurre
Que la « force est avec moi » pour achever cette maritime aventure

Bel Atao déploie ses oripeaux
Deux voiles, et six winchs « Goïot »
Non, pas plus pour lui n'en faut,
Pour bouffer du mile à Gogo

Pour projet : « Rentrer et Vendre »
Mon bateau d'abord, puis mon cul aussi,
Bientôt seront « à prendre »
Ah réalité chérie, coucou, me revoici !

Honnêtement, dis moi, crois tu vraiment qu'ici t'étais plus libre ?
Prisonnier volontaire d'un bateau troué, vivre de frayeurs en chantiers
Concentré sur tes charmants élastiques et tes foutus équilibres
Tu le savais tu hypothéquais l'avenir, soldait tes richesses passées

Baba toubab babille et barbote en pays black,
Dépense ses sous (et ceux de môman), il craque !
Pour soigner son rang, enfin, un rang de passage,
Hypothéquant sa seule fortune, bel Atao, quel dommage …

Il faut donc payer désormais, renfiler tes vieilles babouches
Travailler ? Vacance d'âme en vacances, pas productif du tout
Loufoque soliloque écrit, vingt jours sans ouvrir la bouche ?
Cingler les océans c'est cinglé ! Dernière traversée de Saint gland Gilou

« Vende se, va travailler » !



Samedi 30 Août 2009
N 18°10 – W 25°22

14h30, le "Jour un" touche à sa fin, vient de passer dans le passé, enfin !
Sur ce trajet, au vu des vents dominants, l'important d'abord sera le Nord !
Plus 77 miles sur le Nord et plus 22 vers l'Ouest … D'accord, faire le point !
Considérer les « gains » à l'Ouest comme une dérive, comme un débord bâbord …

C'est bien certain le « Jour un » n'est souvent pas une « bonne base statistique »
Mise en place basique, louvoyer dans « Porto Grande », puis ce long bord « à l'Est »
Pour éviter dans l'obscurité, Santo Antao et ses rochers côtiers, forts antipathiques
Pompé 6 fois 100 litres d'eau, déjà !

Toutes les 4 heures donc, repère. « Ité Aqua Est »
Vent de Nord / Nord Est, soufflant à quinze nœuds, c'est, d'un calme idéal
La houle roule longue et gracieuse, ça ne cogne pas, c'est, un point essentiel
Quatre nœuds et demi de vitesse, un ris et foc N° 3, c'est, peu toilé normal
Pas d'impatiences, naviguer sans « forcer bordés ». Rire aux étoiles, au Ciel !

Copain compas, compère et bon compagnon, indique clairement le Cap souhaité
« Nord / Nord ouest », serré ! Descendre dans le carré, c'était le Nord magnétique
Soustraire quelques degrés, encore d'accord ! Rudes règles de dérives appliquées
Vent, courant, dérive, Nord Vrai ! Et puis, le bien pratique GPS est catégorique

Cap réel suivi : un joli « Nord Ouest » établi ! Trop de bâbord dans l'air, Capitaine !
Autre sujet : dans la vie quel bonheur que d'avoir, pour barreur, un bon régulateur !
Mais maintenant que reste t'il à faire ? Poncer, lazurer, pour mieux vendre, la haine !
J'en reviens pas comme ça coule ! Je parlais des mots là et non de l'Atao, pas d'erreur …

Franchement, créer des vers de mirlitons, sont des façons futiles de fanfaron !
Les mots naissent, se meuvent, émeuvent, sont parfois veules puis s'éparpillent
Laissons donc filer cette fluide, folle et fluctuante faconde farfouiller les sons
Structure pardon ! Comprendrez qu'ici, sur l'eau, les idées roulent comme des billes

Affinons, foutu feignant ! Affûtons donc ici ce flambant esprit frondeur, si fécond
Et mollo avec les mots ! Car, mêmes si instinctives, certaines phrases maladroites
Ne se pardonnent pas ! Mais alleye pour voir, continuons ces « Dix vagues à Sion »
Exercice basique d'étudiant « en lettres », pour moi l'analphabète à la mémoire étroite

Sensualité sordide et sourde, sotte sensibilité exposée sans censure et sans suite
Si mon site sort en vers, c'est qu'en mer, le temps de bricoler de ces mots dynamite
Quelque manœuvre de pont s'invite, l'idée alors se fane, se perd, se délite et m'évite
Mais excusez, la nuit s'impose, vent dynamique, plus le temps de roucouler, ça frite !
Eaux d'Afrique !

Voilà t'y pas que notre capitaine « casse noisette » il se la pète un peu poète
Du marin gentilhomme en somme, qui somnole en écrivant sa prose, en rimes
S'il ne coule pas là, avant d'arriver par ici, il nous reviendra avec la grosse tête
Moi je vous le dis, les gars, dans ce parigot ci, y'a pas de fond, juste de la frime

Détail de passage anodin, les massages Thaï m'agacent et m'assaillent, message
Masaï, sages africains, nos amis de grande taille, sans failles, s'abreuvent de sang
Mon age me soulage et hurle de libérer ce verbiage en broussaille qui s'engage
Vers un rythme de mots serein, gardant sans pagailles, un sens encensé surprenant

Deux poissons volants ce matin, spontanément sur le pont « thon » bondit

Photo sensas ça j'en suis sûr, mais, ma foi, ce fût une bien maigre friture.
Le régulateur contient la barre. Mince ! Il coince et grince, couine et gémit
Mais l'Atao docile, facile, se laisse conduire tranquille, à bien belle allure

Et cette cuisine lente qui pimente l'attente, consciente, odorante, piquante, salivante

Patate douce, oignon, piment rouge, poulet du brésil, cette épice mystère de Mindelo
Pain grillé à l'ail, tomate crue au gros sel, yogourt frais et banane verte croquante
Des quinze bières embarquées (une par jour ?) n'en reste que neuf, boulimique salaud


Dimanche 31 Août 2009

14h30 Nord 19°44 – West 26°26

Le « jour deux » est mort, que vive alors le « jour trois » ! Depuis le départ
De la venteuse ville Mindelo, Porto Grande, Sao Vicente, sèche île du Cap Vert
Savoir la moyenne du jour ? Espoir dérisoire de record, juste voir aucun retard
Plus quatre-vingts quatorze miles dans le Nord, soixante trois pour l'Ouest. Pépère !

On va dire un dodu « cent miles » en un jour, mais pas franchement dans l'axe

Entrée d'eau : sept cent litres pour ce « jour deux », c'est (euh) préoccupant
Pour ne pas dire flippant, angoissant, stressant … Relaxe Gilles, « just relax »
Envisager toujours le retour vers le Cap Vert, pour toute raison et consciemment

Calmes, et voici mes amis que la série des gros soucis reprenait de l'appétit
Soudain, le bout' en Kevlar, celui qui relie le régulateur à la barre se rompt
Frottement invisible, on l'entendait en fait, une usure longue et cela a suffit !
L'Atao part au lofe, les voiles claquent tabernacle, intervenir sans retard, activons

Et là, constat de la cata, le foc descend, nonchalant, le long de l'étai, navrant
Le câble de la têtière du foc a lâché, de nouveau, au point d'amure de drisse
J'avais pourtant doublé d'une manille cette accroche, dieu que c'est désespérant
A la va vite, j'endraille sur le second étai une petite voile d'avant, sans malices

Puis je remplace le câble déchiqueté du régulateur, par un autre

Il fait nuit, travail à l'aveugle, la lune est là mais le ciel bien couvert
Cette fois il me reste une drisse disponible, marin averti fait bon apôtre
A la main, toujours pas de winch « open » en soutien, je remets le couvert

Mais, galère, ce second foc est trop petit, il déséquilibre « régul' », rien à faire
Lancer le moteur, le pilote automatique stabilise le cap.La nuit force les sons !
Coutures nocturnes, renfort de têtière, serres câbles, deux heures de couturière
Puis face au vent, affaler, plier, renvoyer, eau glacée, salope de foc « à la con » …

Moralité, désormais, il faudra hisser les focs à la main, drisse de spi, levier taquet,
Mains en sang, brûlées … Mais qu'est ce que j'ai bien pu fiche de ces foutus gants ?
Drisses de coton, hommes de maïs, tout glisse. Retour dans le carré, trempé, frigorifié
Usures, rouilles, vieilleries … La peur retenue jusqu'ici revient, à pas de géants

Et Captaingils pompait, pompait, pompait … Ca va c'est électrique !
Plus que trois heures pour les « cent litres », légère aggravation
Et si ce vieux générateur flanchait, ou si mon moteur asthmatique
Je n'aime pas naviguer seul de nuit, ça me rends, je crois, poltron

Ah oui, les pompes, tout ça, vous expliquer la nouvelle organisation
J'ai donc acheté, au Cap Vert, une pompe à eau de mer de 400 Watts
Fonctionnant au 220 Volt. Mon convertisseur 12 / 220 Volt, ce con
Bloque à 200 Watts. Générateur obligatoire, donc ! Situation délicate

Marier une bonne pompe neuve à un vieux générateur décati
Mauvaise addition ! Mais toutefois le système est indépendant
Et puissant, sept mille cinq cent litres de l'heure, je sais déjà dit
Moins d'une minute pour 100 litres. Le générateur fonctionne cabine avant

Le tout est installé « à poste » sur le circuit d'eau de ma défunte pompe auxiliaire
Intégré donc a l'évacuation d'origine, pas un fil électrique ou de tuyaux qui traînent
Et, bien entendu, il me reste ma vieille chinoiserie, la pompe, 12 volts, primaire
Branchée sur les batteries, que, quelques hectolitres d'eau déjà évacués, parrainent

Somnolences, récupération, qu'il est doux d'avoir un bon régulateur
Un bon vent Est / Nord Est vient de s'installer, Cap vrai : plein Nord
Force quatre régulier, la mer devient hachée, premiers chocs éclaireurs
La coque craque (et non la coke crack), remonter au vent mille Sabord

« L'eau est un élément solide », je l'affirme du haut de mon petit moi,
Bordel de couille, midi seulement, la pompe déjà, moins de trois heures
Voici que les intervalles se tassent, bordel de bordés molasses ! Croyez moi,
Vingt seaux huit fois par jour si les machines foirent, je n'suis pas « acquéreur »

Et comme pour narguer ma peur, l'Atao peu toilé pointe ses cinq nœuds plein Nord
Variation de cap du « régulateur » au près moins de dix degrés, franchement j'admire
Je ne cesse de me marrer de ses hésitations, entre le vent et l'eau un drôle d'accord
Marionnette à bascule, poussée au gré du vent, mais là, les ficelles, c'est elle qui les tire

Quatorze heure trente dans quelques minutes, fin de ce troisième jour de croisière
Oui, une petite pression, bien fraîche, d'eau de mer, je vous jure « ça lave l'âme »
Et au passage dernière gorgée de la dernière bière, amère, trois jours ordinaires
Confier sa vie à deux machines poussives, ça paraît un pari un peu fou, sonnez l'alarme !

Et vous, au fait, vous en êtes où ? De vos multi - dépendances vitales aux machines. Dont tout le monde se fout, dont personne ne parle ! Et si l'épidémie, ou la guerre, et viendrait la panne générale des machines ??? Il suffirait de sept jours, et vos bons voisins se transforment en Barbares ! Plus sauvages que les sauvages. Fin de la page …


Lundi 01 Septembre 2009

14h30 Nord 21°17 – West 27°02
Vent Nord Est force 4 à 5 – Cap redressé plein Nord depuis 6h00
Bilan du jour 3 = 100 miles (grumph) 290 Miles depuis Mindelo


Tiens justement, c'est la Saint Gilles aujourd'hui, le prince des fous
De la folie là il en faut, alternatives en porte à faux (Non, pas « porte la faux »)
Alors mon Gilou, revenir (en France) ou retourner (au Cap Vert), deux dégoûts
Il en est qui jouent leur vie sur un coup de poker, là le temps joue au pivot

J'ai beau me mentir, là, c'est Cent litres toutes les deux heures.
Stabilise !L'Atao déboule droit au Cap, Mille miles désormais, pour les Açores, au nez
Dix jours à cette allure pas plus. Et les « Canaries » moins loin qui sécurisent
Le moteur va, les machines sont saines ! Ca va passer, ça va passer, ça va passer


Mardi 02 Septembre 2009
Quatre heure du mat' j'ai des frissons,
C'est plein de kleenex et de bouteilles vides
J'suis … Nord 22°24 – West 27°16

Mal au cul, j'ai …
Ou comment dire « Argh » peut être, ou encore « Ouch » ou « Ièche » !
Où sont mes mots ? Ceux des autres ?
« Les petites misères, sont bien passagères, moi je ne m'en fais pas ! » Tagada Tsoin Tsoin …

Ou dire encore, il y a une heure j'ai décidé de mettre cap Plein Est ! Stand by, de nuit, pas de décision hâtive, malgré ma voie d'eau (très) active. Mais préparez déjà vos mouchoirs, car il vient de nouveau de m'arriver une improbable « Cata » ! Et puis « de l'Est » il m'en fallait pour les Açores … Attendre et décider de jour, la nuit me rend poltron, mais il me semble que déjà ma décision est prise ! Euh, elle est où la terre la plus proche ?

Ouais, mais là ce soir c'est clair, l'Atao ne m'appartient plus. Pas qu'il coule, non non ça je gère, du moins je l'espère … Mais retour à Dakar, via sûrement encore le Cap Vert, nouveau chantier.
Mort de Captaingils, pour raisons financières …
Putain d'étai, mais ça j'y reviendrais …

L'objectif de ma folle équipée, c'était de rentrer en France, avec mon chien et l'Atao. Le planquer dans un coin, sous bonne garde des copains. Stabiliser, étaler les dettes, attendre un peu pour les frais, trouver du boulot, réinvestir peu à peu … Mais garder l'Atao, noudoudiou (pour vous celui là, m'en fous). Je sais c'était un peu risqué, avec mon vieux toto d'Atao, un peu tard pour la saison, un peu tendu, mais c'était jouable, j'en suis certain !
Et puis voilà, putain d'étai !
Je vous raconte son histoire ?

Sincèrement, l'Atao filait bon train depuis mignon matin
C'était « son » allure, un prés, pas trop serré, houle longue
De 16h30 à 01h00, 60 miles plein Nord, petit lutin
5 nœuds bien tassés de moyenne, droit au cap, fusée oblongue

Il voguait doux de nuit, presque sous toilé (1 ris, foc 3), voiles à la lune

Manié par les doigts de fée de « régul », travailleuse et splendide marionnette
Captaingils lui compose sa prose en rime, se repose, parfois dépose sa plume
« Clap clap clap clap », fin de l'entracte, du boucan sur le pont, ça fouette

Lunettes (et cordons), pantalon, lampe torche ! Qu'est encore non de nom ?
La lune se couche, derniers rayons, cette étrange semi obscurité relative
Le foc comme affalé ! Mais l'angle est vraiment bizarre, impossible, abscons
Vingt nœuds de vent, vite intervenir, avant que les choses ne s'enveniment

Occupe toi du Cap, on tourne en vrac ! Déséquilibré, « régul » ne comprend plus
Je le libère, moteur, pilote automatique, Cap à l'Est ! Enfiler un ciré, un harnais,
Puis je rampe sur le pont, torche à la bouche ! Merde c'est plus facile de prendre le Bus
Constatations : carrément, c'est l'étai qu'a lâché ! Point de fixation du ridoir sectionné

Et, euh, l'étai, qu'est ce que c'est ? C'est encore un hauban, un gros câble en inox
De 10 millimètres d'épaisseur, qui maintient le mât fixé sur le pont, par l'avant.
Sur ce câble l'on « mousquetone » les focs, pour les hisser haut, de façon orthodoxe.
Et un ridoir ? C'est une simple pièce de métal crantée qui sert à la tension des haubans

Ce diable de ridoir rompu est sûrement une pièce d'origine, plus de cinquante ans respects
On peux imaginer qu'il en a vu, ce bout d'inox sans soudure, pas rouillé, comment prévoir
L'Atao tenait ferme son allure, les voiles ne claquaient pas, rupture pourtant, inexpliquée
Pourquoi ? Sur ce retour un peu risqué ? Qu'est ce qui fit que le métal éclatât ? Poisse noire

Mais revenons sur le pont glissant, car, hélas, les dégâts ne s'arrêtent pas là !
Le foc en torche entoure l'étai flottant ! Je libère sa drisse de coton, inutilement
Un fantôme de toile plane sur le pont, claquant, à maîtriser, s'assurer pas à pas
Hâler la voile, ça coince, puis d'un coup s'affale, drisse de coton coupée évidemment

Je chope un sandow et fixe de mon mieux tout le paquet, coté bâbord, au balcon
Hautes vagues froides et courtes à l'avant, l'on monte et descend de deux trois mètres
Ca éclabousse à chaque rebond, je m'agrippe au mieux, j'en prends plein le trognon
Retour au carré, de l'officier, trempé vanné, lumières ! Euh, il est où le tensiomètre ?


04h00 du mat' j'ai des frissons …
Le ronron du moteur qui murmure me rassure !
Grand voile seule, moteur, pilote automatique, vive les sports mécaniques.
Dormir deux heures, tout à l'heure il fera jour !
Ah oui, petite pipe, euh pompe, mon Capitaine, avant de dormir !


Mardi 02 Septembre 2009

14h30 – 5 fois 24h00, 5 jours et 5 nuits, le temps s'immobilise …
Nord 22°34 – West 26°30

Bossé comme un taré ce matin pour éclaircir le pont encombré, cafard n'à homme … Libérer le foc de son étai, il a morflé sur la têtière et bordure haute, va y avoir encore de la couture !Retendu de mon mieux l'étai lâcheur, pas facile je vous jure. Détendre un peu le pataras. Une aussière au winch court sur le pont vers l'avant, tension…

Puis frappé l'étai fugueur avec un petit bout' en kevlar en remplacement du ridoir défaillant. Reprendre du pataras, serrer à bloc le reste de ridoir. Vagues de trois mètres à l'avant, les pieds s'envolent du pont, pas le moment de jouer à la mouette voyageuse. C'est encore trop mou je n'aime pas !

Renvoyé un trop petit foc, le tourmentin à l'avant, sur le deuxième étai, pour avancer pas le choix, pour « régul » toujours déséquilibres de voiles, prendre un troisième ris ? Dernière drisse, de coton, de tangon, épaisse de 6 millimètres et dont la petite poulie se trouve sur le coté du mât, décentrée, une drisse de secours certes, mais tenter de parcourir neuf cent miles avec ?


Vérifié une fois encore la tension de tous les haubans, pas de déséquilibre particulier, je ne m'explique toujours pas la raison de cette cassure de ridoir. Sachant la longue route au près « à venir », et vu mes dernières expériences acquises, j'avais, à Mindelo déjà tout contrôlé, resserré le bas haubans bâbord bricolé « à la chaîne ». Vraiment je ne comprends pas la raison de cette rupture, je hais ça …

Et là, comment dit t'on déjà, « c'est là que les athéniens s'éteignirent ».
Le deuxième étai claque ! Avec cinq mètre carrés de voile seulement dessus, comme ça, en plein bord, pas en manœuvre, pas de fausse manœuvre, juste, il claque … Cassure exactement au même endroit que le premier, c'est net et sans bavure. Ceci est « la réalité » !


Je craque ! Je suis marabouté je vous dis !

Je réagis comme dans un rêve, ce n'est plus moi qui gouverne, c'est l'autre moi, le maudit, qui assume, vent arrière pour soulager les efforts sur l'avant du mât, moteur et pilote automatique … Récupérer le tourmentin, il est entier ça va, dernière drisse également ouf … Bricolage de fixation, deux étais mous dorénavant à l'avant (heureusement mon mât est traversant), sur lesquels on ne peux plus envoyer de grandes voiles. Au programme 900 miles de près, c'est insensé … Je renvoie le tourmentin sur mon système "la bidouille".

Quelques tests désespérés :

Cap stabilisé avec « régul » Nord / Nord Ouest en trichant un peu sur l'angle de barre
Vélocité nulle, deux à trois nœuds pour vingt de vent, face à la houle l'étrave enfourne
Trop lent ! Ca cogne salement, et d'imaginer ma coque fêlée à chaque coup de boutoir
Neuf cent Miles pour rejoindre les Açores, il faudra donc vingt jours, sans ristourne

Imaginez naviguer au près, sans pouvoir forcer voilure quand le vent est constant
Dans ces moment où l'on a « la gagne », surf long sur une bonne houle orientée
Perdre le bénéfice de ces moments privilégiés. Rester sous toilé la plupart du temps
Face aux déferlantes c'est méchant, ça vibre, résonne, épuise, je n'arrive pas à décider
Et si le débit de l'eau augmentait ? Et si tempête il y avait ?
Et si cette dernière drisse de foc, mal fagotée craquait
Et si, ainsi sous toilé, molle pétole se présentait, à prévoir, anticyclone des Açores, jamais tu n'avancerais
Et si générateur lâchait, et si moteur pétait
Trop de si, trop de temps,
Trop d'eau, trop d'incertitudes et de hasards
On ne va pas pousser Captaingils dans le persil
La vie est plus précieuse qu'une partie de poker
Je n'aime pas les jeux de hasard
L'eau, 150 litres toutes les (petites) deux heures, ça foisonne, ça bouillonne.
Hors de portée musculaire si tout m'abandonne.
Et, même si ça vous étonne,
J'ai comme la confiance en « ma chance » qui déconne.
Je me hais mais je m'en retourne en arrière …
Cinq jours révolus de croisière.
Les Açores, île de Santa Maria à 850 miles, Mindelo à 380 miles, Sal à 400 miles ...
J'ai parcouru disons, un petit quart du chemin déjà, mais, refus à l'obstacle, lâche abandon, décision est prise je retourne sur le Cap Vert ! …
Comme une étrange nausée, et ce n'est pas le mal de mer …
Mercredi 03 Septembre 2009
Retour vers Sal
04h30 N 21°44 – W 26°02
14h30 N 20°35 – W 25°35
Quasi aucune note ce jour là, la chique satirico poétique coupée
Gamberges et tristes réflexions, ça y est, me voilà CaptainClodo
Planté sur la plage de Dakar avec un bateau poubelle, un paumé
Ce scénario catastrophe je l'avais bien imaginé, le vivre c'est ??? Trop !
Vent d'Est / Nord Est, 15 nœuds ! Terrible ça, pour les Açores (Humph)
Deux ris dans la grand voile, tourmentin, mouchoir de poche à l'avant,
Cap Sud Est vers Sal, me voici donc « de travers » et à l'envers (Grumph)
Leçon de navigation, même ainsi sous toilé, Atao file ses cinq nœuds pétant …
Trop toilé régulièrement, erreur de débutant, qui force les haubans !
On avance avec la houle, plus de heurts, mais toujours presque 100 litres de l'heure
Jeudi 04 Septembre 2009
La nuit panne de moteur, comme un mal au cœur, stupeur, horreur
Clé au contacteur, s'allume le compteur, préchauffage persifleur
Batterie OK, « A démarrer », STP, fait nous donc péter l'électricité
Rien ! Pas un clic ou un son ! La peur a comme une étrange saveur
Trois heures durant évidemment j'en perds ??? Toute envie ? L'appétit ?
M'imaginant toujours Cap sur les Açores, avec ce nouveau léger « P'tit souci »
Je fouille, farfouille, tripatouille la puta de tripaille mécanique de mes couilles
C'était un fil du démarreur, déconnecté, la raison de toute cette embrouille
Je souffle et m'époustoufle, car, si de la mer d'Homère je n'ai vu la couleur
Au moins, d'un moteur diesel, je commence à prendre certaines mesures
°°° / °°° Pas fini
Il voulait faire le tour du monde pour pas un rond
Pari perdu pour lui, parce qu'en fait, c'est le rond
Qui fait tourner le monde. Ne tirez pas sur la Joconde
Il ne savait ni le pondre, ni s'en libérer, un comble …
°°° / °°° Comme ça, comme ça
Je les entends déjà jaser, mes acerbes lecteurs à terre, là bas, en France
Alors à ceux qui, forts de leurs expériences, hurleront « à l'incompétence »
Je dis comme je le pense : N'avez vous jamais vécu des séries de malchance
Vraiment cette rupture d'étai à l'avant je n'en digère pas les circonstances
Et toujours d'imaginer, perverse Agnès, en cynique lubrique sorcière
Perçant, coupant, piquant, tailladant, pissant sur quelque idole batelière
C'est « Ben crétin » je sais merci, mais voici messieurs tel est mon univers
Croyez vous que la navigation solitaire, me rende au final chouya pervers ?
°°° / °°° C'est tout, comme ça, aussi


Vendredi 05 Septembre 2009
Vers Sal au petit matin

De la barre de l'Atao,
Et non du bar du Balto,
Permettez moi ces quelques mots,
Pensées vasives d'un p'tit matelot …

Vogue à l'âme et vagues galères
Vivre en mer, rire en vers, amères amers
Que voici d'étranges plaisirs solitaires
Bouffé par crabes ou par vers ? Envie d'un verre ?
De toute façon on la passera tous, la grande barrière
Avis sévère émit en mer, la vie en gris bleu vert …

Perles d'eau sont bijoux de mer, ma mère
Ce vent d'Est me casse les « Test' », mon père
Ainsi que ce baromètre qui baisse en traître, mon maître
Mais foi de croix cette voie d'eau n'aura pas ma peau, mes « ch'ti cocos »

Pour un joli sloop en bois de dix mètres
Elle « con senti » à ouvrir braguette
Apprenant qu'elle ne viendrait pas
Rageusement elle la refermât
Prenant bien soin d'y coincer mes Youpla las
La prochaine fois j'achèterais une Ferrari, peut être …

Amie Agnès lorgna ma pine, de (et du) bonne heure
Mais on ne peux être au goût de tout le monde
Alors hargneuse Agnès saigna sciemment mon cœur
Paradant beaux amants sur ma douleur, nausées abondent
Pragmatique Agnès gagna cette controverse à coups de fesses
Con cul rance, trois queues en autant de mois, dont moi, émoi
L'énigme d'Agnès déniaise, malaise, le sexe est son ivresse
Et moi, moi en misérable témoin moignon, je meurs tout bas
Goulue l'Agnès, gourmande grignote de la « bite subite »,
Perverse Agnès me nargue, princesse s'expose et ça l'excite
Et moi, moi je fuis, je m'éloigne et m'avilis
Ignoble Agnès est libre de vivre sa vie, oui
En politesse Agnès gagne a être con nu, con fesse
Agnès ignore les cons venus qui y reviennent, tristesse
Ingénue Agnès en mange, mais ne sait rien de l'âme en l'homme
Lame en l'homme, mal en l'homme, larmes d'homme


Vendredi 05 Septembre 2009
14h30 Fin du jour ??? Sept ?
N ° 17°33 – W 23°37 (115 miles en un jour)
Vent Nord / Nord Est - 15 nœuds

Bon plein arrière, un petit cinq nœuds
Sous tourmentin (contraint) et deux ris (contraints aussi) pour l'équilibre.
GPS affirme : 62 miles pour rejoindre Sal …
Encore une nuit odieuse : Plus de vent, du tout …

Le pilote automatique se refuse, même avec le moteur, merde …
Marionnette me fait la tête, rouspète et part en cacahuète, c'est ma fête
Et qui donc ce soir va s'occuper de la barre, Captaingils en a marre

Je m'acharne pourtant à « gouverner » et tente de tenir le cap dans le noir, à la main, voiles en déséquilibres. Même mes fidèles élastiques me font la nique … Allongé sur le pont, rectifions, parfois je m'endors, quelques secondes, voiles qui claquent.

Au moteur sans pilote on tourne en rond très facilement, déviés par la longue houle. Moteur sans voiles d'appui ça ballotte fort, canard en boite sur la mare aux canards. Pas de vent, pas de vent, pas de vent, même à faible allure, au moteur, sans vent impossible d'imposer marionnette « au cap ». Barrer à s'en abrutir la raison …

Au petit matin charmants constats : les trois coulisseaux de tête de la GV ont sauté et une petite déchirure de 30 centimètres dans la Grand Voile, niveau bordure, c'est l'une des toutes dernières réparations, celles de mon épique sortie du Saloum, qui n'assure pas …
J'affale, couture, des heures, des heures …

Au petit matin oui je mets en panne. Démontage de marionnette, axe central à resserrer, deux heures … 08h00 un tout petit vent Sud / Sud Est se lève, « marionnette » soigneusement bichonnée daigne reprendre du service. Bon dieu 40 miles encore, va dormir un peu …


Samedi 06 Septembre 2009
14h30 N 17°18 – W 23°09
Vent Nord Est de 0 à 5 nœuds

Est ce le huitième jour ? Détours contre compte à rebours …
Ca n'avance pas, encore trente miles pour Sal mes amours
Chaleurs à crever, dedans un four, coutures de grand voile, balourd !
Pas le choix, et si légère tempête s'engageait, ici pas de secours …

Autonomie diminuée : deux étais tout mous installés à l'arrache
Retendus au winch, immobilisé au Kevlar. Tendre Pataras et bastaques
100 litres d'eau dedans toutes les heures, sans heurts rageurs, ça fâche
Marionnette flambait, forte tête, démontée, bonne grosse paire de claques

Comme tout ces bons artisans qui aiguisent leurs outils
Captaingils pour coudre dérouille ses vieilles aiguilles
Couture des coulisseaux, poinçon, toile forte, enfiler l'ennui
Pour la déchirure de la bordure, couture, colle néoprène, vétilles

18h00 de nouveau « tout dessus », mais pas de vent, alors t'attends

°°° / °°° C'est tout, encore inachevé…
C'était tocard de toute façon, volet verve volé, envolé


21h04 N 17°04 – West 23°00, à 20 miles de Sal

Approche
(en vers et contretemps)

Diaphanes éternités océanes, belle approche, mais nous n'arrivons point !
Aborder ces drôles d'îles, il en est un peu comme avec les femmes
Certaines s'accostent franco, vent en poupe, passant félin faisons câlin,
D'autres l'espère plus coquette, aiment qu'on les désirent, se pâment

Tu me vois belle, j'aime à te plaire, rêve, mais tu ne m'auras pas
A te faire haïr l'animal rugueux qui vibre en toi, espèce de gros goujat

Sal a cinquante Miles depuis deux jours, deux nuits aussi, j'y perds mon latin
Le vent tourne, Nord Sud Est Ouest … Maboule ce tout petit vent je déteste
Et puis bien sûr, sous toilé, protège ton mât et équilibres, la tortue sans le lapin
Marionnette, déboussolée, m'a jeté son cap au nez et pique une petite sieste

Période de veilles prolongées, la barre me tient, séquences de pompages éhontés
L'attente, ce terme si romantique, en mer ballotté, perd de son éthique, éternité
Quelle abomination cette navigation en forme de pot eaux noires, des espoirs fanés
Arriverais je au petit matin ? Puis l'on se traîne encore, nuit, matin, midi, soirée

Et le moteur, quelle horreur pendant des heures, ronron gonflant, chaleurs intérieures
Pourvu qu'il tienne bon ! Calcul de consommation, trois nœuds cinq ne pas le forcer
Trente cinq petits miles en 10h00 de fonctionnement, mais Gilles de quoi tu pleures ?
Non décidément ce foutu moteur sur un voilier ce n'est pas fait pour avancer


Dimanche 07 Septembre 2009
09h00

« CRRCRRCRRCRR » mouillage à Sal, Palmeira, sentiments mitigés
Neuf jours de mer, sept cent cinquante miles, un petit rond dans l'eau,
Vieillir …


Mais ce n'est pas tout à fait fini, au niveau de vos lectures. J'écrivis, en parallèle, le petit texte ci dessous, rien à voir avec la navigation. Une ébauche que je n'ai pas envie de finir, ici à Sal, recopiage de ce début qui sonnait bien, puis après « ça » s'embrouille » …

D'autant que, l'idée me glace, le soir où je « composais » ce texte, l'on retrouvait, je viens de l'apprendre, le président du CVD, Gérard, l'homme pour qui j'avais voté à ce poste il y a (???) 3 mois, mort, ligoté, dans son bateau au mouillage à hanse Hann, où je dormais toutes portes ouvertes et sans armes il y a encore quelques jours …
On l'a étranglé, je vous jure parole que c'est vrai. Sa femme, une sénégalaise, retrouvée ligotée également, a survécu, paraît t'il … Un plaisancier allemand vient d'arriver de Dakar avec cette morbide nouvelle. Vol avec violence, règlement de compte, mafia sénégalaise ??? Paix pour son âme « bénévole » !?

Le peu de ce que j'ai appris de « l'histoire » du CVD, c'est qu'il est des générations de petite délinquance, d'histoires louches accomplies ici. Le soir de mon départ, deux plaisanciers fauchés chargeaient, de nuit, des caisses de « choses » pour le Cap Vert. Contrebande ? A mon arrivée ici à Sal, je retrouve un de ces deux bateaux cerné par les douanes capverdiennes, aimablement appuyés par deux zodiacs de la marine américaine ultra armés …
Morte « beu beuf » le capitaine, un drôle d'argentin, revient sur le quai, l'esprit tranquille.
Commencé à entrevoir de quoi vivent certains « loups des mers ».

Je viens de recevoir une proposition ferme ici, ramener du lait en poudre en quantité, du Cap vert au Sénégal, 500 kilos, mille francs par kilo (CFA) de profit au passeur, ça ferait presque 800 euros. Une bonne partie de mon calfatage … Du lait en poudre mon vieux, ils se foutent de ma gueule ou j'ai vraiment une gueule de poireau ? La coco ne passe plus par la Guinée Bissau, les américains ont démantelé quelques filières en Casamance, entend t'on dire. Bref fontaine je ne boirais pas de ton eau, cet Bel Argent sent bien la mort. Pauvre oui, mais con non … Et j'ai perdu trop de vrais amis pour vendre de la drogue (surtout à ce prix là !) …

Bref, l'autre texte


Je voudrais écrire comme un roman !

J'ai fait un rêve (I have a dream) magique, magnifique, exotique
Cette nuit, il est tellement cohérent, comme collant avec l'instant
Que de ce pas gaiement je vous en livre quelques arcanes esthétiques
C'est l'idée d'un roman, sur l'Afrique, véridique, sûrement très amusant

L'idée aussi, c'est que ce serait à moi de l'écrire, sans gamberger juste là à l'instant
Dès mon retour à Dakar, attaquer ! Chapitre un, me prétendre comme « griot écrivain »
Enquêter auprès des africains, des anciens, avec comme clef d'entrée ce sujet captivant
P'tit pitch ? Alleye ! L'histoire d'une propriété coloniale, construite, qui sait, par un marin

Sise aux alentours de Dakar, elle existe toujours, bougainvillées et bords de plages
Abritant depuis 1937 une association non lucrative, dont le but est l'accueil aux plaisanciers
De toutes nationalités, un bon mouillage pour « voileux » de passage, ces gens du voyage
Des trognes, des forts en gueules, pour sûr cette maison elle en a vu passer à ne pas douter

Je parle là du CVD, vous l'aviez compris, j'espère …

Qui l'a construite? Quel était le milieu naturel et humain à l'époque ? Dakar, les années trente
Colonie française, puis la seconde guerre, puis l'indépendance ! Comment survivre, pressions
Qui l'a offerte ? A t'on respecté, la base de l'idée d'origine, associative et pourtant militante
Qui la et l'a eue dirigée ? Constante confrontation en blanc et noir, fric ou pouvoir ! Passions

Pourquoi pas de « nègre », institutionnel local, dans ce foutu conseil d'administration ?
Et les employés, bonne place en or pour eux ici, sont t'ils cooptés, peut être de père en fils
Vols, contrebandes, prostitution, ne pas trop gratter mais, quelques faits avérés exposons
Et puis de tous ces marins, discrets ou romanciers télégéniques, que de souvenirs en lice

Le sujet j'en suis persuadé est riche de surprises et aussi sûrement d'incompréhensions
Retrouver la mémoire de ce bâtiment, bulle à toubab en pays black, bulle a fric en Afrique
Persuadé que cette aventure est épique, drolatique, peut être chimique (p'tain de pollution)
Pourrait supporter ma verve pléthorique, et qui sais, d'écrire, sans parler de l'autre cul boulimique

En support deux livres, deux styles, ce livre sur le Mozambique, Borror, qui m'a retourné
Cette « concession portugaise » qui s'étrille dans le temps, d'aventuriers en administrateurs
Bouquin que j'ai vraiment « Kiffé », dont je vous ai parlé. Le second livre de référence est
« La reine du Sud » de « Arturo Péres Reverte », journaliste de guerre, un « Grand reporter »

Roman dont la trame chevauche la vie de cette « reine », passeuse de « choses » sur Gilbraltar
Et l'enquête même du Sieur auteur, au nom du livre, rencontre juges, passeurs, mafieux,
Bref pour en revenir à « mon » roman, en décrire les origines, son présent et son histoire
Mais aussi, pour faire contemporain, suivre l'auteur, Captaingils, qui cherche ceux

Qui savent ce qui s'est passé, l'enquête de l'auteur, dans le sénégal d'aujourd'hui …
Vous m'suivez ? …

Pour mille euros par mois, pendant six mois, je vous jure, je le ponds ce roman là
Non pas de la haute philosophie, pas de l'Histoire (majuscule) certifiée, mais un récit
Rigolo comment dire, « dans mon style ? ». Comment c'était, puis qu'c'est, aujourd'hui voyez ?
Fifty fifty sur les bénèf, (droit d'auteurs qu'en sais je)
Faut bien qu'ils bouffent aussi, ceux qu'en écrivent, des livres …


Toi écrivain, pauvre nain, ça va les chevilles …
Et qui sinon toi ! Quelque intellectuel à la con ?

Bom noiche