10.5.10

Mots torisation



Circuit d'eau douce
Coule de travers
Circuit d'eau de mer
Qui fout la frousse


Circuit de gazoil
Aspire les étoiles
Et ces gaz délétères
Qui stratosphère


Circuit électrique
Devenu hystérique
Et le tableau de bord
Qui toujours fait le mort


De la bielle au piston
Y'a pas de pression
Foutu vilbrequin
Qui branlait bien


Et l'arbre à came
Qui pavane et se fane
Pour la pompe à eau
Qui prend palot


Comme pompe à huile 
L'est bien malhabile
Alors joint de culasse
Devient vraiment fumasse


Quant à l'échappement
C'est que du vent
Retendons la cou roide
Dix tribu sion


Parce qu'un 4 temps
Sans tam bourin
Lors ses coussinets
Ils s'endormaient


Vidé le carter
Quelle vie d'enjeux
Foutu thermostat
Qui jète un froid


Alors le démarreur
A pris la pluie
Pour le coup l'alternateur
N'a pu d'énergie





Chausser ces étriers
C'est trier m'étrille
Huiler manetons
Ma nue cure manon




Changer l'échangeur
Qu'est trop partageur
Et puis l'inverseur
Qui lui va tout droit




La pompe a injection
A pris un shoot dans le fion
La pompe à eau douce
Veux du pastis en pousse
La pompe à eau de mer 
N'aiment que les desserts


Donc mes turbines
En perdent leurs pales




Et ces durites
Qui prennent la fuite
Et le water lock
Qui débloque
Et le col de cygne
Qui se résigne
Et quatre injecteurs
Qui sont tarés vapeur
Et le collecteur
Qu'est un gros fumeur
Et le contacteur
Qui vit célibataire
Et la segmentation
Collée au piston
Et le coupe circuit
Dont le ressort est cuit
Et bougies de chauffage
Qui paraît il nagent
Quant aux Cylindres
Qui ne cessent de geindre 


Et tout ces calages
En plein dérapage


Et le tensiomètre
Quel cauchemard
Et le pressiomètre
Qu'est qu'à dix bar


Et clés dynamométriques
Craquent Hysté criques
Et l'arrache boulon
Qu'a rien dans le caleçon


Pis V'là l'taraudeur
Qui part de travers
Et le palan à main
Tire au flanc putain
Et le Pied à coulisse
Pour poids d'tour de vis




Et tout ces trop pleins
Vomisse mon destin
Et ces courts circuits
Fusibles au fusil
Et le Start pilote
Qui pète pas mon pote
Et retourner ce moteur
Encore une fois m'écœure
Graisses et huiles sales
Odeurs matinales
Et mon pont en teck
Gras comme une pastèque
Et l'argent du fond au fion
Et la motivation ?




                               - Mots torisation -


...

8.5.10

Et la ville sainte de Touba





Huit heures de route (aller et retour) en taxi 7 places pour arriver  à Touba, ville sans aucun intérêt, touristiquement en tout cas. C'est, semble t'il, un centre commercial archi développé, pour y faire "des affaires" c'est "l'endroit" nous dit t'on ... Par contre vraiment peu de temps pour 

s'imprégner de l'atmosphère, aucun contact pour savourer les "arrières cours"...


Et rencontrer une population très éduquée et certainement imprégnée d'une sagesse philosophique (euh) musulmane ...

Un truc archi énervant dans cette ville il y est strictement interdit de fumer (le tabac) dans la rue, dans les bâtiments. Au top de l'intolérance de ce coté là ...





Touba est une ville sénégalaise et la capitale de la confrérie musulmane des mourides. Elle se situe à 194 km à l'Est de la capitale nationale Dakar1.
Le mot Touba vient de l'arabe ţûbâ : « bonheur, béatitude, félicité ».


 à part sa mosquée hétéroclite, abrite également une bibliothèque où sont rassemblés les écrits de Ahmadou Bamba. Les cimetières de Touba sont situés à l'est de la mosquée. Tous les mourides sont appelés à y être enterrés. Chaque année il y a le magal de Touba où des milliers de mourides font un pèlerinage. Nous n'y étions pas à cette époque là ...



...

Saint Louis du Sénégal


Histoire de décompresser du CVD, huit jours après ma libération, nous décidâmes, "Captain T" et sa jolie soeur "O" de dépenser quelques jours à Saint Louis du Sénégal. En taxi "7 places" donc, puis que l'accès par la mer, en bateau, semble assez obtus ... 
On y a fait les cons, nuits Saint Louisiaines jusqu'à point d'heure. Ambiance surannée de St Louis de jour, boites et bars de nuits, petite ville qui "fait", qui vit très provinciale ...

Nous ne parcourûmes point les grands parcs animaliers qui foisonnent pourtant alentours ... Ni
ne franchîmes la frontière pour aller faire une petit détour par le désert mauritanien (ah Lumpul - si nous avions été plus riches, enfin surtout moi, un petit coup de Sahara) ...

Je vous blinde de photos parce que ce seront les dernières de ce foutu blog. Mon fidèle Olympus de quatre ans d'age est mort, il ne focalise plus, il est "passé", kaput, à St Louis.
Je l'aimais bien lui aussi ...


Taxi 7 places de Dakar à Saint Louis
3500 Fr pous 5 heures de route (6€)
Aziz, "notre" guide bien sapé pour l'occasion


A l'arrivée à St Louis, mon vieil ami
Le Bou El Mougdad, 
cargo mythique qui enfin a retrouvé son fleuve.
 Une longue histoire, une longue navigation



Saint Louis, Coté mer sur la lagune
 Le village des pécheurs, la lagune, les séchoirs
Et l'immense cimetière des Saint Louisiens


Du Pont Faidherbe
En cours de rénovation



Le port de pêche
Coté Lagune




Toujours ce foutu pont
En cours de rénovation (initiative Chirac je crois)


Et puis une dernière jolie photo
De pécheurs en action



...

En corps des cons

A corps des on 
En corps dans le dé corps




Des Cons sans triques
Ascèse ordinaire
Des Cons qui s'piquent
Malaise pamphlétaire


Des Cons sang gain
Con t'es parisien
Des Cons sans guigne
Ca l'est, salée pine


Des Cons test à taire
Mal aise lapidaire
Des Cons stantinople
Non d'une saperlope


Des Con fucius
Tu l'a dans l'Ficus
Des Cons passés
Baise boudin villiers


Des Con tu masses
Prends ça dans la face
Des Cons culs pissant
Paresse si ex si tant





Hey miss caline
Est mise en jeu 
Et mise au Gin
Emise à feu


Eprise au pieu
Mais prise de peu
Méprise de pine
Et cris Staline


Qui calina queue
Et Casse ta Niet
Qui cala miteux
Et Casse noix z'êtes
Qui coquin de sort
Et Casse roux pète
Quand copine à bord
Cest Cas sot l'êtes


Con sir huppeux
Con soeur roux pète
Con cil la bulle
Et caca wet …


J'en saoule riz en corps





Contrat diction, je sais bien queue


J'enquille amère, j'en chie amor
Gentils amers, un coq un de sort
Gentilhommière, j'ex pire en corps
Genre tisanière, coquine à bord


Contre addiction, et d'expert rance
Jeu d'âme houleux, con doléance
Jeudi pervers, jeu d'ange heureux
Con cul puis sens, gens pine aïeux


Lèze crime à deux et con corps dansent
Ah cœurs rats dieu, l'Eve à naissance
Un vers ou deux, moi j'en balle lance
D'la con corps deux, j'ai la su rance


J'ai grand dit queue dans le mot vais sens
J'ai la Lybie, Libye dix noeuds, Lady à dos et libido



7.5.10

Tendre(f)esse et Mal de F(i)ond






Haïr c'est avant tout

Se faire du mal à soi
Boire la haine jusqu'au bout
C'est soif de soulard qui se noie

   Ivresse de la rancœur
   Poésie de l'oubli
   Sagesse du pardon
   Reprendre un verre de jalousie

Maudire ceux qui s'aiment c'est fou
C'est le salaire du quant à soi
Histoire de peine jusqu'au cou
C'est envie de pendu qui re fumera

   Paresse de la langueur
   Pot pourri de l'envie
   Une espèce d'abandon
   Apprendre à dire ça suffit

Trahir sa douleur c'est surtout
Croire en fin à d'autres émois
Le grimoire de l'amant à genoux
C'est litote de tordu qui mal à droit

   Mots laisse et la fureur
   Politesse de l'ennui
   Sans cesse ce nom, ah non
   Éteindre « feu », un sans dit

Polir sa tristesse de partout
Jusqu'à c'qu'apparaisse le vide de soi
Croire en la tendresse du minou
C'est quête de queutard qui viagra

   Caresse de violeur
   Peau moisie de ma mie
   Des fesses sans (opi)oignon
   Con prendre queue, mal à dit

Écrire des mots rouges jaloux
C'est pas tes tiques ma foi
Mouchoir de cul sans ta boue
C'est crin d'œil à l'aveugle qui me lira

   Digressent mes humeurs
   Post aigri par ici
   Un fiel espace sans fin ni f(i)ond
   Sa tendre, vis ta vie, vide ton vit

...

4.5.10

Mots lassons

Foutues, foutu, foutu
Ecritures, Atao, moteur …

Moi, dans le fond, je raconterais bien des choses rigolotes!
Voir même d'absolues platitudes du genre:

Tout va bien soleil radieux
Le bateau avance à fond, c'est une bombe ce plan Illingworth
Dieu que les femmes d'ici sont belles, jolies et bougrement avenantes
Que mon moteur Peugeot j'connais pas, j'ai même jamais ouvert son capot tellement il tourne comme une horloge
Que Roxao, ma petite chienne, a réussit à me faire une demie douzaine de chiots dans le dos, vous ne voulez pas à adopter un chien marron et jaune avec de grandes oreilles
Que l'Ânesse avait d'autres projets de vie, et que je lui pardonne de s'être comportée comme une insane petite porcine de base sans âme
Qu'au retour mes amis m'attendent avec un job en Or au bord de l'eau le temps de retaper l'Atao
Ou que mes dents (et mes cheveux aussi – tant qu'à faire) repoussent comme des « ouf » sous se beau soleil tropical
Et que, SVP jouez pour moi une grille de loto, parce que j'ai tellement la « Baraka » en ce moment que je suis sûr que le gros lot va tomber (euh on sait jamais le 2/12/14/18/31/33 et 45)

Et que … 
Enfin quoi vous comprenez … 
« Bounheur, chaleur, grosses Nav' et coucoutiers »

Mais non vous êtes en direct live du mur des lamentations. Mais non bande de con je ne suis pas arrivé en Israël. Ceci est une (euh) métaphore littéraire … Bref … Skoumoune, conneries et malfaçons … Ou de l'art de devenir « bateau ventouse ». Ou si j'arrêtais d'écrire ce foutu blog à la con et que je le balançais dans les limbes numériques que je me sentirais peut être un peu moins nul …

Ou alors je vous raconte
Sans pudeurs ni fausses hontes
La suite sans fin de mes petites misères
Mais que diable allait t'il faire en cette galère

Et puis lâche moi ces rimes à la con
Et crache ta purée mon garçon
Car ces petits problèmes dans le fond
Ne valent pas pelure de saucisson

Donc je sortais juste de prison (Ah Non, ah non)
Et merde pour écrire il faut un minimum de concentration
Oui t'es bon pour l'cabanon, abondons, abandon ... 
Ou alors rentre, vent, vends et achète un Chassiron (Ah non, ah non)

Bons passants passons, ou patientons
Abstenons nous d'observer les obsessions
De cet être abscons qui appâte les poissons
Par des péroraisons sans raisons ni passions


La raie du con, l'arrêt du cœur

L'art du con est arrache cœur
Larde dont les cœurs lardon du con
L'harpie du con, charpie au cœur
L'Harpe du cœur, l'harpon du con
L'ardue du con larde et écœure
La ruine du cœur par l'héroïne du con,
L'ardeur du con, douleur au cœur
L'art taire du cœur, la truie du con
L'arme du con, larme au cœur
La raison du cœur, l'oraison du con 
L'art du con contre l'or du cœur
La manie du con mine l'harmonie du cœur

La pine au con, l'épine du cœur
Le cas libre du con, le calibre au cœur
La juteuse au con, la justesse du cœur
La soif du con, sécheresse au cœur

L'art du don du con sans cœur
L'insomnie au cœur, l'insanie du con

   La rancœur rend con 
   La rançon du cœur

L'éloge des mots est un art sot
L'ami des mots émit un rot

Il vire à l'aigre
Il vire allègre 
  Mais jamais autours d'une bouée
  Là est la question


                        -  Des Mots lassons  -

...

1.5.10

Dakar, au pays du Teranga

Dakar, maison d'arrêt de Rebeuss
Du 17 Février au 2 Mars 2010

J'arrivais donc à Dakar, début Février 2010, par un beau dimanche matin ensoleillé.
Avec, une fois encore, un moteur à remplacer, des voiles déchirées, les batteries à sec, le régulateur d'allure niqué, et atout secret de bel Atao, l'étanchéité incertaine … A l'élastique quoi, comme d'habitude …
Et, exacerbée par ces quelques derniers jours de mer, l'omni – euh – absence de ma Roxao dans l'âme.
Il ne me reste déjà plus que 1700€ pour rentrer en France.
Et ce rêve des Tam tam Caraïbes qui s'estompent au loin.
Et ces retrouvailles avec les odeurs fétides de la baie d'Hann.
Et l'empathie faignante du CVD
Et encore un foutu chantier mécanique « à venir ».

Et quoi mon Gilou, Africa, viva la vidad …
On a beau se plaindre, on est mieux ici qu'au bureau non ? (Hihi)

Le Dimanche rangement du pont.
Le Lundi formalités douanières.
Le Mardi, enfin, Day Off, repos détente, relaxation.

Ah la douceur d'une gazelle bien fraiche.
Euh, la gazelle n'est que le nom de la bière locale
Non, je ne me suis toujours pas décoincé du cul (et la haine en partage)

Et puis, et puis …

Il faut donc ici que je dévoile l'un de ces autres vices qui m'habite. Quitte à encore faire jaser dans les forums internet de la belle plaisance française. Alors allons y !

Je m'achète ce jour là un pochon (on dit cornet ici) pour 2000 Fr. CFA (3€), soit environ 10 grammes,  d'herbe, de Ganjah, de marijuana (on dit chanvre indien, juridiquement, ici).
Je les mets tous, les mots, qui « la » désigne, comme ça je suis sûr de me faire repérer par tous les moteurs de recherche espions des services secrets biens pensants du monde entier, ça me fera « de la fréquentation » sur mon site – héhé – pour ce que ça rapporte ... 

Oui, je l'avoue, j'ai contracté cette grave addiction dans ces tristes banlieues où j'ai trainé ma tendre jeunesse, de Sarcelles à Garges lès Gonesses, des cités de Chatenay Malabry à celles de Saint Cyr l'école … Il était là partout, le H, en tout cas partout où moi je me trouvais, bizarre …
Et, quand j'y pense, je le retrouvais en Inde aussi, puis au Guatemala, comme au Brésil d'ailleurs, et en Indonésie, mais aussi dans toutes les capitales européennes que j'ai eu la chance de visiter, et puis à Madagascar … Voir dans plusieurs îles désertiques et au sommet des plus hautes montagnes (Ah je me souviens encore de cet énorme Chilum à 5400 mètres d'altitude sur le « Trong La » des Annapurnas), Bref …

Une foutue plantuche bien coriace !
Sacrément internationale, semée en l'âme des hommes!
Et foutrement hors la loi, partout dans le monde !
De l'hypocrisie des lois ...
Je ne m'étais jamais fais topé, pour ça, jusqu'à ce jour là!
Gan Jah, l'herbe de Dieu, une plante vénérée et honnie à la fois
Illicite pour le bien des hommes, et de l'humanité, qui sait?
Mais qui édicte ce genre de loi ? Qu'il faut vivre lucide ?
Malgré la révolution des âmes, l'évolution contrainte vers la modernité…
Et la destruction des certitudes ancestrales, de la foi en trois générations
Bref, moi je suis contre la discrimination des plantes (pourquoi pas).
Et c'est quand qu'on se détend, entre tous ces interdits …

Attention, je ne fais pas ici l'apologie de cette drogue. Je suis parfaitement conscient de ce que m'ont couté, tout au long de ma vie, mes lassitudes et mes langueurs venues de ses (euh) lancinantes vapeurs … Je ne conseille vraiment à personne de « la » consommer, enfin, quotidiennement … En tout plaisir la juste mesure ...

Et, puisque ma réputation d'alcoolique invétéré s'est déjà étalée en place publique, je tiens toutefois à préciser que je n'avais pas fumé de « oinje » depuis les quatre derniers mois (ah peut être deux ou trois à Paris) … J'imagine déjà le titre du  nouveau « post » d'Erwan sur STW : « Captaingils, toxico des mers d'Afrique » …

Mais revenons en donc à mes fumeuses aventures, au Sénégal, Dakar, où, tranquiloute biloute, j'allais en toute discrétion pour ne gêner personne, me rouler un petit cône de chanvre indien local sur la plage d'Hann ...  
J'étais accompagné du (futur) légendaire « Captain G », un bon pote « de la plaisance », qui arrivait juste ce jour là de notre cette petite ile magique de Sal au Cap vert … Il faudra peut être un jour que je vous narre ses épiques aventures Atlantique … Mais là n'est pas le sujet d'aujourd'hui ...
Nous nous installons sur un petit mur, isolé et discret, entouré d'un mignonnet bosquet d'arbustes enfleurés … Grave erreur de marin ça, et la visibilité bordel … J'allume distraitement mon joint et tire avec volupté trois onctueuses taffes sensuelles et grasses.

Et, soudain, un mec, un black, nous sommes en Afrique je vous rappelle, en civil et en scooter apparaît et s'arrête, juste là, à l'orée de notre petit bosquet enchanté … Il nous scrute bizarrement !
D'un geste souple et agile j'écrase mon joint allumé dans le creux de ma paume et j'exhale ma fumée aussi subrepticement que possible. 
Un, puis deux, puis quatre bonshommes, à pied, en civils, déboulent quasi immédiatement derrière le gars au scooter! Eux aussi nous scrutent, bizarrement ...

En pleine nuit la scène aurait fait penser à une agression en bande organisée.
Mais là, de jour, ça ressemble plutôt à, oh merde, une descente de flics …

Qu'est ce que vous avez dans la main ?
Palpations !
Quel abruti j'ai gardé mon « cornet » dans la poche !
Je suis fait comme un rat !

Au final ils étaient au moins Huit, les flics, en patrouille. Difficile de « s'arranger » avec huit  fonctionnaires tous en civil. Et puis d'abord c'est qui le chef, dans le lot ?
Les questions classiques fusent ! Qui, quand, comment me suis-je procuré cet odieux produit pervers et toxique, cette drogue assassine pour la jeunesse du Sénégal ! 
J'invente pour l'occasion et pour ne pas les contredire, un dealer grand, ascétique avec une casquette rouge et un short bleu qui m'aurait abordé une heure auparavant sur la plage, pour me vendre ça … Ce qui arrive très régulièrement, de se faire aborder, à ce sujet, sur la plage, pour peu que tu ais un peu la gueule à ça ! Six des huit flics disparaissent immédiatement, mystérieusement ...
L'interrogatoire se poursuit ! « Captain G » joue à l'innocent cardiaque, il a bien raison, il n 'avait rien sur lui, il n'avait même pas vu que j'avais allumé quelque chose d'illicite … Pour l'instant il n'y a que moi qui suis, donc, euh, grillé …
C'est peut être l'heure de négocier, de euh, s'arranger comme on dit ici. On me prend à part, discours alambiqué, phrases entourloupées, à l'africaine … Ils attaquent fort, que je risque 2 ans de prison, et puis il y aura les frais d'avocat tout ça, tout ça. Je crois comprendre un moment que si j'avais, comme ça, 200 000 Francs CFA (environ 300€), là tout de suite, en cash dans la poche, on pourrait peut être ...
Ça se passe très rapidement, je ne comprends pas tout, je ne suis pas certain d'avoir le bon interlocuteur en face de moi. Et merde, mon pauvre argent, mon (futur) moteur puis le retour !!!
Si j'avais été un peu moins pingre, ou disons, un peu plus riche, j'aurais peut être pu éviter, à ce moment là, toutes les  galères « à suivre » … Mais vous êtes ici dans les aventures de l'aimable Captaingils, dit « la poisse », donc il n'y a pas eu d'arrangement à l'amiable …

Je me suis donc retrouvé le soir même, au Gniouf, commissariat du quartier de Bel Air de Dakar, en Afrique noire donc … 
Et mon bateau, capot ouvert, sans ancre, au mouillage et à couple du bateau de « Captain H », matelas à sécher sur le pont, toutes vannes ouvertes … Et merdeuuuu …

Mais revenons encore sur la plage de Hann, le lieu du « crime » … Après ces étranges minutes de stériles négociations « libératoires », les six flics « envolés » reparaissent. A leurs poignets, menottés, pendent 3 lascars, secs, casquettes rouges et shorts bleus. Je ne fais pas le rapport sur le moment, puis l'on me demande si j'y reconnais là mon dealer ...    
Merde, sur la base de ma petite description évasive de tout à l'heure ils ont interpellés tous les hommes qui trainaient sur la plage qui y correspondait. Comme ça d'office! Certains se plaignent, osent prétendre de leur absolue innocence. Ils se font bien malmener, les pauvres, au sol, avec menaces de baffes. Ouch, ça plaisante pas la police ici !
Putain, mais qu'est ce qui m'attends ?
Moi, bon prince, je ne reconnais personne, je « libère » tout ce petit monde.
Manquerait plus que ça, Captaingils, une balance !
Euh, oui, mais si ils se mettent à te torturer, parleras tu ?
Mais n'anticipons pas …

Avant que vous ne fassiez « gorges chaudes » de mes « insouciances » de voyageur inconséquent, et sans trop en dire parce que là je suis toujours au Sénégal, je précise que je suis certain de ne pas avoir été dénoncé par mon « dealer » que je n'ai pas choisi au hasard de mes envies. J'avais trainé déjà quelque mois ici, je savais où m'adresser … Et c'est bien la première fois de ma vie que je me fais arrêter à cause de ça ! Cette arrestation est survenue lors d'une « rafle de routine » policière sur la plage d'Hann, juste encore une fois « pas de bol ».

Ils décident alors de nous emmener « au poste », en taxi … N'ont-ils pas un véhicule de fonction ? Tout ceci serait peut être qu'une vaste escroquerie ? Mais non, nous arrivons bien « au commissariat ». Bon !

Une toute petite maison grise, décrépite, sale ... L'on nous assois sur le banc, près du comptoir d'« accueil », à coté d'une cellule où une quinzaine de gars à la face patibulaire croupissent. 
Deux bureaux là bas dans le fond.

Quatre heures passent, à l'africaine, ambiance glauque de commissariat, et la nuit qui tombe …
On nous vide les poches, j'ai 4000 francs CFA sur moi, un paquet de clops, les clefs du bateau ... L'on me confisque mon sac étanche, avec mon téléphone, mon ordinateur portable. Hum ...

Puis branle bas le combat, l'on nous ramène à la plage, aux bateaux, pour récupérer nos passeports. Retour donc au CVD, devant quelques autres plaisanciers ébaudis qui se marrent de nous voir ainsi accompagnés. Les flics qui nous encadrent tremblent sur l'annexe du passeur. Pas des marins ceux là.!
Arrivés à l'Atao, trois d'entre eux montent à mon bord, ils fouillent sommairement un peu partout, retournent tous les tiroirs, les équipets, les coffres, ne trouvent rien de compromettant alors ils laissent tout en vrac ... Peur de la fauche, pourrais je les fouiller à la sortie? L'un d'eux à déjà le mal de mer, il faut partir, vite vite, il fait nuit, fin de leur service ... 
Pas le temps d'améliorer le mouillage ou de rentrer mon linge qui sèche dehors ...

Retour au commissariat, en 4*4 grillagé.
Paperasses, empreintes à l'encre rouge ...
J'ai faim, il n'y a rien à manger. Bientôt plus de clop.

Ils libèrent enfin « Captain G ».
Adieux un peu inquiets, il promet de ne pas me laisser tomber. 
Il va se décarcasser, plus tard, pour me procurer, quelques fringues, de la bouffe ...

Me voilà seul … 
Il est 22h30, l'on m'emmène alors pour un interrogatoire serré.
Je n'ai subi aucune brutalité. L'ambiance est presque « bon enfant », pour eux tout ceci n'est qu'une simple routine. Mais l'on me promet encore jusqu'à 2 ans de prison. Il faut dénoncer, dénoncer le dealer, coopérer … Je ne vois pas à quoi ça servirait ! Je maintiens mes premières affirmations que je suis arrivé il y a deux jours, je ne connais personne ici, dealer de passage, mon bateau seul …

Longue rédaction d'un procès verbal par un, je me souviens pas de son nom mais de son titre, inspecteur de « classe exceptionnelle ». Je ne sais pas encore que ce document sera mon seul « avocat » jusqu'à la fin de cette histoire.

Longtemps, très longtemps après, une fois que l'imprimante eu daigné fonctionner, l'on me demande de le signer. Je suis fatigué, un peu choqué d'être là, il est presque deux heures du matin, envie d'en finir. Je relis distraitement le PV à signer. Il est synthétique et bien gaulé, je me retiens distraitement de signaler les quelques rares fautes d'orthographe. 
Soudain, un petit détail m'attire. Ils prétendent que mon « cornet » contenait 50 grammes d'herbe, merde ! Depuis le début je prétends n'y rien connaître à ces choses de chanvre indien, n'être qu'un fumeur plus qu'occasionnel, juste aujourd'hui, après une traversée difficile, la perte de mon chien, le blues, histoire de me détendre … Mais 50 grammes, merde, ce n'est pas rien ! Il n'y avait pas 10 grammes dans ce foutu paquet. 

Je refuse tout net de signer ce foutu PV, et noudoudiou, au vu la suite, j'ai bien fait …
Le ton monte tout d'un coup. Ils sont trois, puis quatre autours de moi, des molosses, en uniformes … Ils prétendent qu'ils ont pesé le paquet, remettrais je leur parole en doute ! Foire d'empoigne, ils me mettent la pression. J'exige qu'ils amènent la balance ici, et qu'ils pèsent devant moi « l'objet du crime ». En fait il n'y a pas de balance ils ont « estimé » la quantité. Ca dure, me semble t'il une (dangereuse) éternité. De guerre lasse l'on transige, à l'africaine, au pif, pour 20 grammes … 
Re bagarre avec l'imprimante. Je fini par m'en occuper! Ça sort !
Je signe ! La messe est dite !

Retour à l'accueil, l'on me retire la ceinture, les lacets. 
Ils voulaient même prendre mes lunettes, je m'accroche à elles comme un désespéré ...

Trois heures du mat', me voici dans la cellule.
Trois mètres sur trois, c'est, euh, serré pour, je compte, quinze personnes …
Ça pue là dedans ! 
Des tas d'ordures trainent au sol, mégots de clops, peaux de bananes, vieux kleenex trempés ...
Le chiotte à la turc, protégé par un petit muret d'un mètre de haut, fuit … Une rigole d'eau pisseuse traverse la cellule. Je suis arrivé tard, il ne reste de place que là ! Mes codétenus dorment comme des bébés, à même le sol, serrés les uns contre les autres … Ça ronfle, ça geint, ça « toux tuberculeuse », c'est, euh, charmant …
Epuisé, je m'accroupis contre un mur.
Ben heureusement que Roxane « elle est passée », qu'est ce qu'on aurait fait d'elle ?
Une étrange solitude carcérale m'envahit …

Puis soudain une voix douce et monotone s'élève dans la nuit et chantonne doucement « La mauvaise réputation » de Brassens, c'est juste et dans le texte … Surprenant décalage d'un coup, je me marre, et entonne doucement à mon tours cette vieille ritournelle. Parmi les corps allongés une petite tête, fine, noire, s'élève, hilare …
C'est Boniface, un béninois d'une vingtaine d'année, qui, me dit t'il dans un français archi chatié, est un fan de Brassens. Il a possédé, il y a bien longtemps, un CD de lui, il a appris les paroles par cœur, de toutes les chansons …
Il est voyageur depuis presque trois ans. Il a parcouru presque toute l'Afrique de l'Ouest, à pied, à vélo, en taxi brousse … Il est chrétien, précise t'il de suite, il s'arrête régulièrement dans les communautés de cette religion pour travailler, les moissons, s'éduquer, prier... Il est caméraman de profession, et prend au passage des images d'Afrique partout où il le peux, qui peut être serviront un jour. Vu la sensibilité du gars je suis sûr que ses images sont magnifiques, j'aurais aimé les visionner ...
Il dormait dans une voiture, une épave, à la périphérie de Dakar, avec l'autorisation du propriétaire dit t'il. Un soir une patrouille de routine de policier, il s'est fait arrêté pour vagabondage. Ces papiers sont en règle et il a un visa toujours valide. Il est incarcéré dans cette cellule depuis presque huit jours, sans rien à manger, ni boire … On lui demande une caution de 20000 francs CFA (30€) pour sortir, somme qu'il ne possède pas ...
Nous passons une partie de la nuit à philosopher en chuchotant sur la vie, la prison et l'amour, l'Afrique. J'ai adoré ce moment là! Il me dit détester le Sénégal. Que les sénégalais sont des gens prétentieux et racistes. Je suis subjugué par la qualité de son français, la richesse de son vocabulaire. Il utilise parfois des mots complètement désuets et rigolos. Ce doit être chouette le Bénin.
Je le reverrais huit jours plus tard, à Rebeus, en prison, où je le dépannerais de quelques sandwichs et de quelques clops … Il était en procédure d'expulsion, du Sénégal, pour vagabondage donc ...
Un jour il a disparu … Dommage, je sais qu'il aurait pu devenir un ami, à vie.
Une rencontre de passage.

J'ai fini par craquer, m'allonger au sol et dormir, dans la rigole de pisse ... Je me réveille, au petit matin, je pue la mort, la merde, la pisse et j'ai faim … Envie déchirante d'une cigarette.

Balaie devant ta porte petite soeur,
Il n'y a rien à manger dehors,
Balaie devant ta porte ...
Poème soudanais


Ce matin là, un des prisonniers pète un câble pour je ne sais quelle raison contre un de nos garde chiourme. Ça gueule et ça s'insulte, je n'y comprends rien, ça se passe en Wolof … D'un coup le garde chiourme ouvre la porte, deux autres rappliquent, bastonnade, on s'écarte, sons sourds du bois sur les os du pauvre gars. Sont ce mes tam tam de l'Afrique ?
Holala, mais où c'est que c'est que je suis tombé ?

Vers 10h00 du matin, l'on me sort de là … Menotté à quatre autres lascars, on nous enfourne dans un 4*4. Nous sommes 6 sur la banquette arrière, un policier à chaque porte, et nous autres entassés au milieu. Radio à fond dans le véhicule. Je ne sais pas où l'on nous emmène.
On ne m'a pas rendu mon ordinateur, ni mon potable, ni mon argent …
Mais merde, mais merde, mais merde ...

Après une demie heure d'embouteillage, le véhicule s'engage dans un long corridor blanc. A l'arrivée des militaires en arme. Palpations, je pue, j'ai envie de chier … Tours et détours dans le labyrinthe d'un grand bâtiment qui résonne comme un tambour.
Nouvelles empreintes, à l'encre noire, main gauche …

Nouvelle cellule, bondée ... Je compte 43 personnes dans une pièce de 4 mètres sur 4. Je suis le seul blanc. Nous nous asseyons quelques minutes au sol, à tour de rôle. J'apprends que nous sommes au tribunal, que, normalement, je devrais rencontrer aujourd'hui un « procureur de la république » qui devra statuer sur mon sort, jugement ou relaxe simple … 
La journée s'écoule, lentement ...  

Parfois quelques sandwiches circulent, apportés par les familles de mes compagnons de geôle … Les sandwichs sont partagés en petites bouchées, pour chacun, nous sommes tous frères, non ?

La journée s'écoule, lentement, vraiment lentement …
Un autre pétage de plomb en fin d'après midi. Le gars est sorti violemment de la cellule, par quatre matons, on l'éloigne et l'isole ailleurs. Va morfler le gars, je le sens, je n'aimerais pas être à sa place.
Ne pas craquer, ne pas craquer …

Vers 21h00, d'un coup, la cellule se vide, peu à peu …
L'on m'entraîne alors vers un bureau, table en formica, un homme cravaté m'interpelle.
Il lit mon procès verbal, il me pose trois questions de principe, je ne renie rien, je suis marin, mon bateau tout seul, arrivé depuis deux jours, trois maintenant en fait … Il se marre à mon histoire, coup de tampon … L'entretien a duré une minute. Ce gars là c'était le procureur de la république.
Il m'annonce que je serais jugé, dans trois jours …

En attendant l'on me déferre (ça veux dire que l'on m'incarcère) à la maison d'arrêt de Reubeus, dans un joli petit quartier au nord ouest de Dakar, en bord de mer ! 

Ah les joies du tourisme tout de même, il n'y a que ça de vrai … 
Ah beau Sénégal, pays du « Teranga » (de l'hospitalité), quand tu nous tiens ...

Juste avant de partir j'aperçois mon sac, mon ordinateur et mon portable … C'est bizarre mais ça me fait du bien à l'âme, je n'aurais peut être pas tout perdu dans cette sinistre aventure. Empreintes main gauche, encre verte ... Le sac est censé me suivre jusqu'à la prison.
Il ne m'est pas permis de donner un coup de téléphone.
De toute façon je ne sais pas qui appeler !
Inch'allah on verra bien où cette barque me mène ...

En fait de barque, c'est dans un minibus de trente place où l'on nous entasse, à soixante … Comptes et décomptes des hommes en armes, ça prend son temps, pas si facile de compter jusqu'à 60, ils ne sont pas complètement d'accord … 
Je pue toujours la pisse comme un cochon, on est serré là dedans … 
Je suis marin solitaire moi, plus l'habitude de ces, euh, proximités ;..
Quand je pense qu'il n'y a pas trois jours, j'étais seul à m'emmerder, en mer, dans la pétole, à attendre désespérément de pouvoir renouer avec la terre, avec l'humanité …
Toi qui gémis toujours de ta solitude …
T'en voulais de l'homme (enfin bon de la femme aussi) ? Et ben voilà, t'en as ! 
Arrête de te plaindre toujours …
Deux gars se foutent des claques derrière moi, je sais pas pourquoi, je m'en fous, puis j'ai faim …

Arrivée à la maison d'arrêt, je me souviens, trop drôle …
Nous sortons en file indienne du minibus.
Là nous sommes vraiment en « Zonzon », vous verriez la gueule des matons !
On dirait des brutes sanguinaires …

Un petit chef à la gueule vicelarde mène la file, avec une chicotte à la main, et gare à celui qui traîne ... Nous passons devant des cellules archi surchargée, mais putain ils sont combien là dedans. Et ces gueules bon dieu, ces trognes à travers les barreaux ! Légère appréhension tout de même ...

Il fait nuit, il est bien 23H00. L'on nous adosse contre un mur blanc, dans un couloir à l'air libre, miradors aux coins, une dizaine d'hommes armés d'énormes fusil nous interpellent férocement du haut du mur, un spot halogène blanc de 20000 watt (au moins) déchire l'air  …

« Tout le monde à poil ! » hurle le petit chef …
« Euh pardon ? » pensé-je en moi même ... 

Et tous de se désaper … Je fais mon timide. Mr Chicote arrive alors droit sur moi, bâton sifflant ... « Toubab pareil ». Oui je crois que je vais me plier a leurs coutumes. Après tout quand on voyage !!! 

Me voici donc entouré de 50 black à poil, des corps d'athlètes à peine croyable de tellement qu'ils ont des muscles, mais surtout, surtout des « mastards » mon ami, mais des « mastards ». Et que ça leur pendouille jusqu'à la mi cuisse ...
Moi, je ne suis pas au mieux de ma forme. Plutôt contracté sur cette affaire et de ce coté là le Gilou, je me sens tout riquiqui ridicule …
Vous auriez vu le scène mes amis, à hurler de rire.
Avec mon p'tit Kiki j'avais l'air d'un con, ma mère ...

Ah oui, à ce moment deux gars font les marioles, sortent je ne sais quelle connerie, en Wolof. Intervention immédiate de Mr Chicote. Et voilà mes bonshommes, à poil, les pieds au mur, les mains au sol, le gland planté dans sable (non là j'exagère) pendant au moins 10 minutes ...  

Mais, holala, où donc est ce que je suis tombé!

Fouille minutieuse des vêtements, au sol… L'on m'avait rendu mes 4000 Fr Cfa (environ 7€). J'essaie de les planquer dans ma main. Le maton fini par les trouver, là j'ai failli prendre une première baffe. L'on note mon gracieux « dépôt » sur un grand cahier rouge, en guise de preuve de dépôt empreintes et encre bleue  … Je croyais cet argent définitivement perdu, mais j'apprendrais plus tard qu'il reste à ma disposition sous forme d'un compte à la boutique des prisonniers située dans la cour, euh, de récréation … 

On se re sape, ouf je me sens mieux … Puis à la queuleuleu, départ vers un autre univers. Au sol, gisent des milliers de grigris, des petits sachets de peau, des bracelets sanctifiés, brassières et ceintures de cuir … Interdits, semble t'il, en cette auguste enceinte ...

Les gardes répartissent minutieusement, notre petit groupe dans diverses cellules, selon une routine bien ordonnée. Et deux ici, et trois là, et un ici .. C'est long, je tombe de sommeil … Au final nous ne sommes plus que deux … Aurais je droit enfin à un régime spécial ?

La porte d'une cellule s'ouvre. Toubab toi tu vas là ! Ah …
Une vingtaine de gueules me regardent. Euh, bonjour, m'exlamè-je poliment …
Bonjour l'ami, me répond t'on … Tu as faim ?
Ouf je crois que je crois que je viens de tomber sur un endroit, un peu, peut être, civilisé …

Douche, bol de riz, clops …
Présentation ! Salut moi c'est captaingils, je suis marin …

Il y a là : Ibrahima, Tony, Majid, Moussa, Cissé, David, Matias … Et 9 autres gars dont j'ai déjà oublié le nom. Un blanc donc, c'est moi, un colombien, un cinghalais, un sénégalais très parisien et donc treize sénégalais, euh, normaux, déferrés ici … La cellule fait 4 mètres sur 4, dont une partie murée, est consacrée « salle de bain » soit un chiotte à la turc et des bidons d'eau … Nous sommes donc entassés à 16 personnes dans 16 mètres carrés.
Cinq lits grinçants pour tout mobilier (réservés aux plus anciens dans la place) et une télé (tout de même). Et quelques matelas roulés sous les lits que l'on déplie à la nuit …

J'apprends rapidement que nous sommes dans le quartier « VIP » de la prison, où j'ai eu la chance de tomber grâce à la couleur de ma peau … Dans les autres cellules (90% des cas) ils s'entassent à plus de trente. Dans certaines autres (les punis et les « pas riches ») ils peuvent être près de cinquante (pour la même surface au sol), il paraît que dans celles là ils dorment à tour de rôle, et encore, si la « démocratie » y joue encore le jeu  …

Ce soir là je tombe vraiment de sommeil, un peu choqué, pas trop envie de faire la causette. Je n'ai aucun linge de rechange, l'on me prête un pantalon et un Teeshirt … J'assiste ce soir là à ma première prière musulmane sénégalaise en direct live, puis à une séance collective de musculation ! Puis à la fin d'une favelas brésilienne à la télévision, puis à un dernier repas de 11h00 sans façon (ce sera en fait très vite ma routine quotidienne pour les jours « à venir »).

Vers minuit, juste avant l'extinction des feux, l'on déroule (enfin) cinq matelas au sol (nous serons donc 11 personnes à dormir là). Et l'on me présente enfin « ma place », la mienne à moi, pauvre capitaine solitaire habitué à son maigre confort dans son bateau qu'il croyait minuscule. Soit: un tiers de matelas, ou plutôt un entre deux matelas (pas grave ils ne font que deux centimètres d'épaisseur) où je dispose d'un royal trente centimètre, pour caser mon petit corps musclé (merde c'est con, avec ces 10 kilos de trop parisiens), où il faut se glisser habilement, entre un gros black d'un mètre quatre vingts dix de haut (sur autant de large – non ne pas imaginer ce qu'il a dans le caleçon) et un indien qui, comme mon instinct l'indique, est un ronfleur sa mère, et encore le mot est faible … 

Ca va, cette nuit là je ne souffris pas d'insomnie …
Cette nuit là, je dormis comme un loir …
Cette nuit là …

Au petit matin, vers quatre heure trente environ, branle bas le combat « à bord ».
Tient déjà l'heure de la prière?
Ce sera comme ça tous les matins! Grumph …

Ce charmant réveil est stimulé par, comment dirais-je, un drôle de grattement sur toute la surface de mon petit corps (musclé comme précédemment précisé). Inspection du-dît ! Comme d'étranges petits boutons rouges se sont harmonieusement répartis sur mes bras, mes jambes, mon dos et, chance qu'au ras du caleçon (ce matin là donc, seulement, la chance, pour le ras du caleçon). 
Mais qu'est ce que ça pourrait t'il être donc ?
Des puces peut être ? Ou des punaises surement …
Mes (déjà) copains, et néanmoins co-détenus sont hilares. Eux, êtres supérieurs noirs de peau, ne souffrent pas de ces babioles là. Il n'y a que moi petit toubab ! Et ça brule putain ça brule … Ne pas se gratter, ne pas se gratter ...

Puis déjà, la pesante routine carcérale s'installe …

Premier matin, l'on m'amène 

Deux heures de sortie par jour, dans la cours. Le reste du temps enfermés à 16 dans 16 mètres carrés. Tenir le coup, ne pas péter les plombs … Pour boire c'est l'eau du robinet. Ce robinet se trouve au niveau des chiottes, pour se laver le(s) cul(s). Glups.
Z'auriez pas une petite Cerveiza bien fraîche ? Non pas le genre de la maison ...

Peu à peu je m'informe de la manière dont je vais être jugé … Au mieux j'en prends pour quinze jours, au pire pour cinq mois … Glups. Je demande à téléphoner. Qui sais je peut être que l'ambassade ? Interdit ! Je ne pourrais contacter personne avant mon procès. Ni après d'ailleurs, non plus … De toute façon je ne sais vraiment pas qui contacter pour me sortir de ce guépier  ...

Pour manger on a de la chance …
Nous sommes au quartier VIP je vous rappelle … « Nous » refusons les plats de la cantine. Nous sommes livrés par les familles de mes codétenus. Je déjeunerais de vrais repas sénégalais vraiment typiques durant toute la durée de ma détention … Veinard va ! Sénégal au pays du teranga ! Manger à la main, à six autours de la gamelle, si c'est pas du vrai tourisme d'intégration ça, la prison !

Et ceci au rythme des six prières musulmanes par jour (ils sont huit, qui prient résolument, dans la cellule).

Le Samedi, une grande tente (logotisée Orange, « notre » opérateur téléphone) est dressée dans la cours de la prison. Elle fait office de chapelle pour les Chrétiens (anglicans) d'ici. (Avec Orange vivez plus près des voies du seigneur). Les fidèles sont des « Gniack » - je ne sais pas comment ça s'écrit – terme péjoratif Wolof pour définir la population immigrée ici (les burkinabés, les ganhéens, les gambiens …). Trois (très vieilles) bonnes sœurs s'asseyent là, un jeune curé, chaque fois différent, genre commis d'office vient y tenir la messe, en Français … Vraiment émouvant toutes ces faces patibulaires qui entonnent pendant au moins trois heures cantiques et autres Gospels (en anglais, majoritairement). Je crois que de la messe en français ils ne comprennent rien, mes braves gniackoué, mais un vieux détenu à l'air sage et distingué traduit paisiblement les paroles du prêtre . Un Samedi il y eu là une grosse bagarre entre quatre fidèles, le sang giclait sur les bonnes sœurs, qui visiblement, et malgré leur visible grande expérience, paraissaient relativement dépassées par les évènements … Très drôle, oui, très drôle ...

Mais commençons par mon jugement !
Je me suis donc fait arrêté un Lundi (nuit au poste). Le Mardi, (brève) rencontre avec le procureur de la république. Le Vendredi, je serais jugé ! Taf taf comme on dit ici, au Sénégal …
Le vendredi l'on me secoue à 5h00 du matin (juste après la prière, donc) pour m'emmener au juge (telle la vache au taureau). Longue sortie de la prison, différents points de « palpation », empreintes main gauche encres bleues, vertes, rouges … Retour dans le minibus de trente personne, puis le tribunal, puis la cellule du tribunal où nous nous entassons ce jour là à 50 délinquants (dont moi).
Vers 10h00, enfin, l'on nous ouvre les portes et, en silence noudoudiou chicotte, l'on mène notre petit troupeau au juge, donc … Chance le juge est une femme (pourquoi je dis ça?). Les 50 personnes seront jugés le jour même, par le même tribunal « au suivant  - au suivant».
Épuisant métier que vous avez là, Madame le juge ...
L'on nous entrepose dans une minuscule salle d'attente attenante à la salle du tribunal. Il n'y a pas assez de place pour nous y contenir tous, alors une quinzaine d'entre nous (dont moi) sommes invités à nous caser dans un rabicoin de la salle du tribunal, assis derrière un petit muret haut d'un mètre vingt, orné d'un joli listons ciré de palissandre, duquel aucune tête ne doit dépasser pour ne point déranger l'auguste assistance présente, pendant plus de onze heures, sans rien boire ni manger ni fumer…

La composition du tribunal est classique: un juge et son adjoint, un procureur (saignant), deux greffiers et quelques aides en sont le noyau central, tous fièrement habillés en toges noires et cols blancs comme chez nous ... En face d'eux le « public » une centaine de personnes composé, me semble t'il, des représentants des familles et amis des accusés, les témoins des affaires « du jour », une batterie d'avocats (souvent commis d'office semble t'il), journalistes et photographes, et certainement quelques étudiants en droit sénégalais venus se confronter à la réalité du terrain …

De 10h00 à 21h00 les affaires s'enchaînent (et ne se ressemblent pas), toujours avec la même équipe de « juges » … Mais comment donc préparent t'ils leurs dossiers? Ils les découvrent je pense au fur et à mesure qu'ils se présentent. Ils prendront (tout de même) une heure de pause déjeuner le midi. Nous autres, accusés, sommes priés de jeuner là, dans la salle d'attente avec l'autorisation toutefois de nous dégourdir les jambes ...

Je vous épargne la liste exhaustive des affaires traitées ce jour là (il y en a eu plus de quarante) parce que de toute façon je n'y comprenais rien, la majorité d'entre elles se déroulaient en langue Wolof. Toutefois, pour comprendre l'ambiance, et pour le fun, quelques descriptifs des affaires traitées ce jour là:

Il y a eu le jugement d'une « bande organisée », ils sont six accusés « à la barre » concernant un vol de bétail. Ils auraient volé à une pauvre famille de paysans tout leur cheptel de (40) chèvres et de (50) moutons et (25) bœufs (ça eu payé, le bétail, mais ça paye plus …). Elle pue le racket mafieux cette affaire, quasi institutionnel, avec un avocat (payé) très doué, lâché dans les pattes des juges. Et parmi les accusés des personnes qui n'avaient pas trop d'autres choix que de suivre « les copains » sous peine de représailles, et des complices (transports, revendeurs) que l'on ne retrouvera jamais … J'admire la finesse de Mme le juge sur cette affaire, elle fait sortir momentanément certains des accusés qui visiblement font pression sur les autres, elle rappelle à l'avocat dithyrambique certaines affaires passées, elle … Mais bon je ne vais pas non plus écrire un roman sur ce sujet. Moralité trois ans de prison ferme pour le chef, deux ans pour trois autres des loubards, et 6 mois avec sursis pour le « recéleur » qui visiblement n'était qu'un porte faix contraint d'une organisation lourde et organisée …

Il y a eu le jugement de « Total » (oui l'entreprise) contre deux vigiles (des gniack visiblement dépassés par les évènements) d'une société de gardiennage prestataire à propos de la disparition de deux bidons d'huile et trois pots de peinture qui auraient disparus d'un placard, forcé la nuit de leur garde, dans un local de 600 mètre carré placé sous leur responsabilité. « Total » les accuse de vol ou pour le moins de complicité dans ce vol (pour les assurances je suppose). Une étrange histoire d'inventaire placé sous la responsabilité du plaignant et que les accusés ne pouvaient même pas contrôler faute de disposer de la clef .. Si vous voyez ce que je veux dire. Moralité relaxe pour les deux vigiles (bravo Mme le juge).

Puis une affaire de violence conjugale.
Puis d'un comptable qui aurait fait disparaître une partie de la caisse.
Puis un braquage d'appartement en flagrant délit.
Puis un conducteur que deux flics en civil auraient tenté de racketter. Il était très costaud le conducteur, il se serait défendu croyant avoir affaire à une bande de voyous, il aurait défoncé la tête de ces deux flics (bien joué man) … (avec la gueule pleine d'ecchymoses, le conducteur, il a du morfler, après, une fois arrivé au poste)
Puis l'histoire truculente de cette jeune femme « à la forte personnalité » (entre autres choses) qui aurait été contrôlé sans « carnet sanitaire », tapinant dans quelque bas fond de Dakar. Mais non elle attendait là son ami régulier qui n'a pas pu venir témoigner parce qu'il est marié … Il semble donc que les prostituées, dont le métier est (je crois, je crois) légal ici (contre impôt peut être), aient l'obligation de se faire contrôler régulièrement, euh, sanitairement (Sida?) dans un soucis de salubrité publique ...

Et puis … 
Enfin bon, ça fini par lasser ces histoires, surtout assis sur un carrelage froid pendant des heures, des heures, des heures durant ... 
Comme chez nous, La majorité des « affaires traitées » tournent autours du « petit buziness » de drogue, de l'herbe surtout, comme moi quoi ! Les quantités saisies ne sont pas énormes, entre 100 grammes et un kilo (ça pousse tellement facilement sous ce soleil tropical – au CVD on entend parler d'hectares et d'hectares de plantations à ciel ouvert de cette fumeuses plantuche en Casamance – et eux, au moins, ne boivent pas d'alcool) ... J'hallucine sur les condamnations prononcées. La plus flippante, c'est ce jeune d'à peine 18 ans qui prend 18 mois ferme pour 125 grammes d'herbe (un récidiviste peut être?). Et la pétoche qui me monte …

Bref, petit instantané du tribunal d'instance de Dakar, où l'on mélange allègrement le correctionnel aux affaires de pur commerce, la petite délinquance aux mafias les plus odieuses, en passant par les mœurs et le jugement des mineurs … Taf taf quoi !

Dans la matinée, un avocat m'a tapé sur l'épaule. Il me dit être envoyé par les gens de l'ambassade de France. Cette dernière aurait appris mon incarcération la veille par l'intermédiaire d'un ressortissant Français incarcéré à Rebeus (merci Patrick ! - il est le seul français, avec moi, là bas). Il me demande si je suis représenté par un avocat, et, comme je lui réponds par la négative, il m'assure qu'il va s'occuper de moi. Ouf … Je ne lui ai même pas demandé combien ça allait me coûter ! Au diable ce foutu moteur …

Vers 17h00 l'on fini, enfin, par m'appeler à la barre.
Je me lève, je suis cassé en douze, tout ankylosé par ces heures plié en quatre sous mon petit muret. La tête me tourne, tout hypoglicémické du seul café dont j'ai pu profiter le matin à 5h00, pas même un verre d'eau ils m'ont filé … Mon argumentaire de défense longuement peaufiné durant ces trois derniers jours d'incarcération s'évanouit à tire d'aile dans le brouillard de la confusion du moment ... 
Je cherche des yeux mon avocat auto proclamé du matin même …
Anne soeur Anne ne vois tu rien venir ?
Ben non, queued'chi walou, l'a disparu dans les limbes aussi l'infâme …
Le chef d'accusation tombe, lu distinctement par le procureur …
Sous le hâle sombre de ma gueule burinée de marin amateur, je rougis …
Un silence rigolard s'installe dans la salle d'audience endormie. Est-ce à moi de parler ?  

Et là, miracle ! Un fougueux et courageux avocat commis d'office surgit alors à mes cotés et d'une jolie voix monocorde et à peine audible il lit le procès verbal établit le premier soir pour mon « inspecteur de classe exceptionnel ». Il est bien gaulé ce texte, arrivé depuis deux jours à Dakar en voilier, abordé par un dealer sur la plage, fumeur occasionnel, mon bateau, ma seule fortune en ce bas monde, seul et sans défense au mouillage sur la plage de Hann …
La juge me demande la quantité saisie ?
Je bafouille je ne sais quelle connerie qui fait marrer le tribunal et même le « public » derrière moi. Je ne dénie rien, je présente humblement mes excuses et …
Silence Monsieur !
L'on me fait jurer de ne plus jamais retoucher à ce produit …

Quinze jours d'incarcération à Reubeus ! 
Tel est le verdict immédiat de Madame le Juge !
Le minimum ! Ouf ! Merci à tous …
Mon jugement à duré environ deux minutes et trente seconde … Au suivant.


L'on me ramène en salle d'attente où je poireauterais jusqu'à 21h30 … Retour, en bus à Rebeuss … Tout le monde à poil ! Pardon ? Ah oui, mais bien volontiers mon bon monsieur Chicotte ...
Ce soir là me restait 9 jours à tirer ici …
Ne pas craquer, ne pas craquer ...
Une nouvelle bonne nuit (d'insomnie cette fois) m'attendait là, à me faire dévorer tout cru, zguègue inclus, par ces foutus morpions mutants africains …

Ah oui, je me souviens cette nuit là, vent d'Est 30 nœuds établi. De la cellule l'on entend le son sourd de vagues énormes qui s'écrasent sur la petite falaise ou est perchée notre charmante gentilhommière. Ce soir là il paraît que les passeurs du CVD, merci à eux, ont récupéré in extremis l'Atao qui chassait sur son ancre ! J'y pensais justement ! L'aurait manqué plus que ça …


Reprise des écritures … Vache il commence à se faire fichtrement longuet ce foutu texte. Va falloir  penser à abréger, tout de même … Dommage, je vous aurais bien décris en détail le quotidien de cette foutue maison d'arrêt africaine, ou le portrait détaillé de mes compagnons de cellule, qui, j'en ai l'intime conviction, étaient pour la grosse majorité, des innocents injustement incarcérés …

A part peut être Matias, le colombien, qui s'était fait topé à l'aéroport avec trois kilos de cocaïne pure (il ne risquait « que » deux à trois ans de prison) … Ou celui ci, qui passait sa journée « en prière », accusé de viol sur mineure … Ou celui là qui traficotait à vendre terrains et immeubles qui apparemment ne lui appartenaient pas … Ou cet autre qui semblait s'occuper de faire transiter quelques uns de ses compatriotes vers des terres étrangères un peu plus hospitalières …

Quant à moi, je me passionne sur l'affaire de mon ami, que je ne reverrais peut être jamais de ma vie, Monsieur Ibrahima M'Bengue, 35 ans et père de deux jolies petites filles, ancien directeur et gérant d'une école supérieure de management, qu'il a littéralement conçue et structurée pour en faire l'une des institution (autogérée) les plus reconnue du Sénégal ... Un nouveau « président de conseil d'administration » soit-disant héritier du fond de commerce (les terrains et les locaux) et autoproclamé directeur général l'accuse (avec la complicité de quelques policiers et politiques) d'avoir détourné des fonds de trésorerie de l'école à son profit … Et ce sur fond d'une comptabilité inorganisée et balbutiante, africaine quoi, avec caissiers véreux et experts comptables incompétents!
Ibrahim, croupi en prison depuis plus de sept mois en attendant son jugement en appel. Il a embauché plus de cinq avocats qui jamais ne lui rendent visite pour débrouiller son affaire.
Nous passons des heures à coucher sur papier les divers rebondissements de « son histoire » afin de la présenter aux juges, peut être à ses avocats. Il est tellement plongé dans son malheur, le manque de soutien de ses ex collègues qui tremblent pour leur place, la soudaine disparition de ses amis qu'il soutenait depuis des années, la précarité dans laquelle se retrouve sa petite famille soudain privée de son salaire de cadre, qu'il a du mal à structurer ça ! Peut être est-ce une raison pour laquelle je suis arrivé là ! 
Et puis ça occupe les journées qui passent avec une lenteur désespérante.
Je n'ai aucune nouvelle de lui depuis ma sortie.
J'ai perdu son adresse mail par le biais de laquelle nous devions rester en contact.
Ibrahim si de hasard tu me lis, je t'en prie donne moi des nouvelles.
Et, au pire, pardon de n'être pas venu assister à ton procès comme je te l'avais promis! Ce jour là l'on sortait le moteur de mon bateau, cela faisait quinze jours que j'attendais ce moment, et il fallait impérativement que je sois présent … Mauvaise excuse je sais, amis pardon quand même ...


Bref, bref bref ...

En flash(s) comme ça et pour en finir …

Parler de mes deux brèves rencontres avec « l'assistante sociale » de l'ambassade de France, que je rencontre après mon jugement. C'est elle, prétend t'elle, qui m'a envoyé l'avocat de l'ambassade. Quand je lui apprends qu'il ne s'est pas présenté à mon jugement, elle hausse un sourcil et  me dit que ce jour là il devait être débordé (Hum) ... Geneviève qu'elle s'appèle, je crois, une brave et gentille dame, retraitée et bénévole, qui fait régulièrement le tour des prisons de Dakar. Elle remplit de jolis formulaires pour les autorités de l'ambassade (les RG je suppose), mais à part ça elle peut peu … Je lui demande poliment juste un petit trente euros de dépannage (remboursé dès ma sortie d'ici quand j'aurais accès à ma carte bleue) pour m'acheter une brosse à dent à la boutique (je resterais quinze jour sans me les laver, mes pauvres ratiches) ou participer à la cantine de la cambuse (je vis complètement aux crochets de mes compagnons de misère), ou bordel, pouvoir acheter quelques clops … Mais, répond t'elle désolée, « Ils » ne disposent pas de ces budgets là, démerde toi … A sa seconde visite, elle est accompagnée d'un gars de l'ambassade, qui se présente de son prénom, un intellectuel celui là, visiblement un énarque ou quelque chose dans ce genre, venu ici « pour constater » les conditions de détentions des gens ici … Visiblement il n'a pas grand chose à fiche de mon histoire. Même refus de me céder un petit pécule pour cantiner, l'enfoiré … En bref, coté ambassade de France, quand tu es incarcéré à Dakar, faut pas trop leur en demander, tous les budgets consulaires semblent n'être destinés qu'aux « petits fours » diplomatiques.
Geneviève toutefois appellera ma douce maman pour lui sortir un doux bobard comme quoi je suis « en expédition » au fin fond des terres sénégalaise et que je ne pourrais la joindre avant … Une dizaine de jours, donc … Merci Geneviève !

En flash aussi remercier l'ami « Captain G » qui malgré ses soucis d'argent ici, m'a soutenu et s'est décarcassé, en se déplaçant plusieurs fois jusqu'au fin fond de Dakar, pour m'obtenir une ou deux assiettes de bouffes, de l'eau douce potable et quelque menue monnaie qui m'a permis d'acheter un peu de tabac ici, une boite de sardine, un savon … Merci à toi l'ami, mais tu le sais ... 

Et puis voilà, même si il reste un « paquet » de croustillants détails qui se bousculent sous mes doigts fébriles au sujet de mon fumeux stage en prison, il me semble qu'il faut que j'abrège là ma littérature à ce sujet, je vais finir par vous ennuyer, n'est pas ?


Juste, brièvement mais en toute sincérité, et en guise de conclusion je voulais tout de même affirmer  que, dans cette prison sénégalaise, au manque de moyens flagrant et évident, j'ai toujours été traité avec humanité, justesse, dignité voire même fraternité tant par les matons que par les autres détenus … Je ne pense pas que dans nos prisons occidentales l'on puisse en dire autant (au niveau de la solidarité entre détenus en tout cas) …
Heureusement toutefois que je n'ai pas pété un câble. Parce que la seule réponse que tu puisses obtenir dans ce cas là, c'est une bonne bastonnade pour te calmer les ardeurs ...


Alleye un ch'ti poême ...

Tranches et tronches de vie
Prison du Sénégal, Dakar sous la lune
Maison d'arrêt de Rebeuss, surpris
De partager quelques repas d'infortunes
Dormir serrés, sous scellés, sans soucis de race
A dix gars au sol, mes répulsions de marin solitaire s'effacent
Et ces inutiles kilos de fonte soulevés, ahané, puis reposés
Au nom de je ne sais quelle coquetterie de brute domestiquée 
Dans cette case de sable gris, s'écoule, inutile, le temps
Entrecoupé par les six prières du jour, esprit musulman

Hey tonton, de la prison ces fesses ci s'en vont
S'en vont fissa ces fesses là d'ici, mon fiston
Et j'espère bien que jamais n'y reviendront



Et puis tenez un autre très long et bien inutile ...
Dieu que la vie est perfide ...



Ah, l'Afrique ...
(ou « P'tain de marabout !)

Voilà, je devrais peut être en rester là avec cette sordide affaire 
Et me contenter de ce simple descriptif de mon séjour carcéral
Hallucinante plongée dans l'univers de cette prison du Sénégal
Et me taire! Mais j'ai vécu là une autre affaire bien peu ordinaire

Un peu mystique, un peu sorcière, qu'à ma manière solitaire, en vers
Je vais tenter de vous conter ! Vous n'y croirez pas, ça m'est bien égal
Moi même j'en reste pantois, accusant une coïncidence extra - ordinaire
Plutôt que de prendre la responsabilité entière de cette aventure peu banale

Mais jugez plutôt vous même les étranges reflets de cette bizarre histoire !
Je tirais donc mon temps, punition, quinze jours en maison d'arrêt à Dakar
Pour avoir oser fumer, pauvre poire, un joint d'herbe sur un bout de trottoir 
Je me faisais discret devant cette cosmopolite population. Sortir d'ici sans retard

Était ma seule préoccupation ! Pourtant ma curiosité souvent me contraignait
A poser quelques questions sur cette étrange communauté d'hommes incarcérés
Comprendre les rapports de forces avec les matons et l'administration devenait
Une obligation pour ma simple survie ! Deux hommes déjà devant moi bastonnés 

Et les règles de savoir vivre, dans la cour, entre prisonniers, groupes d'influences
Omniprésence des réseaux religieux; chrétiens et musulmans prêchant à outrance
Et là le groupe serré des « body buildés » huilés, qui en rythme, comme en transe,
Balancent d'inutiles poids et fontes, pour évacuer l'ennui ils pompent en cadence

Le coin des anciens où, inlassablement, chauffe cérémonieusement le thé vert sucré
Là sont les laveurs qui, contre quelques francs, lave le linge, d'autres, plus fortunés
Là les footballeurs, ici les lutteurs, plus calmes les joueurs de dames ou de wakélé
Et là la boutique des prisonniers, ici, cool une bibliothèque avec des livres Français,

Bref peu à peu j'apprenais à me repérer, dans cet univers clos, africain par essence
Quasi seul blanc, toubab infortuné, l'on m'acceptait ici, sans insolence ni violence
C'est à la bibliothèque que je rencontrais cet homme, par qui, l'étrange, commence
Mes codétenus le décrivait comme un vieil homme sage, un maître de ces Sciences

Mystiques et occultes, auxquels nous, occidentaux, détenteurs de toutes les vérités,
N'attachons aucun crédit, dénions la possibilité d'exister ! Je nomme ici : La magie.
Bref, le maître des livres ici, était aussi un « grand marabout » vénéré et respecté
Même les matons le craignait. Prisonnier, il jouissait d'une liberté peu commune ici

Responsable de la bibliothèque, il y dormait ! Seul prisonnier en cellule individuelle
Le soir il se promenait en haut des murs en toute impunité, sur le chemin des gardes
Sur son passage, tous s'écartaient, et chacun d'y aller de sa petite révérence rituelle
Et certains d'affirmer qu'il fabriquait de ces grigris dont tous les africains se fardent

Au cours de mes voyages l'on m'a souvent désigné, de ces gens aux pouvoirs rituels
Chamans, Saadous, guérisseurs, cartomanciens et toutes sortes d'étranges bardes
J'ai toujours évité de les solliciter, par peur de déranger mes croyances habituelles
Car comment vivre, après, en un monde concret où les malédictions se hasardent

Mais cette fois ci, emprisonné, je m'ennuyais ! Je voulais désespérément un livre
Quelque chose pour meubler mon esprit, et pour cesser de compter les heures
Un matin donc je suis venu solliciter, une histoire écrite, un bouquin à vivre
L'homme m'accueille avec gentillesse et me guide dans mon choix avec chaleur

Je lui dit ma totale ignorance, et mon envie de découvrir la littérature africaine
Il est intarissable et passionné sur chacune de ses propositions, un vrai bonheur 
Et peu à peu je me laisse envelopper par sa voix profonde, son discours sans haine
Il me propose deux vieux recueils, de contes et poèmes, que je lirais avec ferveur

Je reviens le lendemain et en réclame encore! Le pli est pris, enfin pour la semaine
A chaque retours il m'interroge, comment moi toubab, j'interprète ces lectures
Échange d'idées et de valeurs, on rit souvent de nos différences contemporaines
En somme j'aime bien ce bonhomme, un esprit sain, vif, gai et sans censures

Un jour, bien sûr,  la conversation s'oriente autours de ces arts magiques
Dont ces livres sont truffés, envoutements, esprits et grigris protecteurs
Il écoute sans contredire mes dénégations de petit blanc à l'esprit critique
Le sourire en coin, mais je vois en ses yeux comme un jugement railleur

Puis, soudain, mais avec douceur, il me prend la main, choc électrique
La tête alors d'un coup me tourne et cette impression que l'on me fouille
De l'intérieur aux moindres recoins, sans pudeur, la sensation est unique
Les images de ma vie se succèdent, mes beaux amours, mes vieilles trouilles

C'est tellement inattendu, en quinze seconde j'ai l'impression de revivre ma vie
De vieux souvenirs ressurgissent, comme une télécommande que l'on tripatouille
Puis le vieil homme me lâche la main, frissons, je le regarde vraiment abasourdi
Je me sens transparent, tout nu et sans secret devant sa gueule de vieille gargouille

L'œil révulsé, il marmonne d'abord entre ses dents quelque étrange incantation
Puis d'un coup semble se réveiller d'un long rêve, et d'un air bizarre il me sourit
Sais tu Souleymane (c'est le nom, musulman, qu'il me donne), que tu as le don
De choses auxquelles tu ne veux croire. Ah si plus jeune l'on t'avais ouvert l'esprit

Moi je reste coi, choqué par cet instant intense qu'il m'a été donné de vivre
Et lui de poursuivre : Tu es homme juste et sage, un pèlerin en somme à ta façon 
Merci pour les fleurs, pensé-je, mais du diable ces affirmations, je me sens ivre
Mais il y a cette colère en toi, finit t'il par dire, et cette colère obscurcie ta raison

Sais tu mon ami que tu as été marabouté ? Par une femme, il y a quelques années
C'est un sort simple mais très puissant, il draine ta force, ta chance et ton énergie
Je sais que tu le sens, ton « don » t'en rends conscient, mais tu ne sais pas lutter
Contre ces choses auxquelles tu refuses de croire, d'où cette colère qui t'envahit 

Que puis je répondre à cela ? Hein, amis lecteurs, vous qui suivez mes divagations
C'est exactement le genre de paroles que j'ai envie d'entendre ! A Putain de Marabout
Dieu qu'il est fin psychologue ! Je ne lui ai pourtant jamais parlé de mon obsession
De ma plaie d'âme, de la petite cochonne d'Agnès qui se fait mettre par tous les trous  
(hihi)

Nous y voilà donc, l'homme va surement bientôt me faire une proposition de service
Et affirmer me désenvouter contre quelque argent pathétique. Deviendrais je fou ?
Mais non, rien de ceci ne se passera, il dit simplement qu'il priera pour moi, le novice
Un matin, que j'allais reprendre un livre, il me tend un petit sachet de cuir tout mou

En rigolant il me dit que c'est un grigri spécial toubab, il est joli et semble sans malice
Magnifiquement cousu, comme un objet artisanal, je décide alors de le porter au cou
Le sachet est de forme oblongue, de couleur uniforme, orangé comme une saucisse
Lui me dit juste que ce soir c'est la pleine lune, de laisser jouer ma colère jusqu'au bout

Fin de soirée ! Séance de musculation collective, ouf, dans deux jours je serais libéré
A Minuit extinction des feux, j'essaie en vain de dormir, rien n'y fait, ronflements à gogo
A travers les barreaux, la lune. Soudain deux cyniques amants s'invitent en mes pensées
Agnès et l'autre, le grigri soudain me brule, à hurler, de nouveau cette colère dans la peau

Ca dure des heures, j'essaie vainement de lutter contre cette haine inextinguible
Ça m'étouffe, me tortille, me fais engueuler par mes voisins de matelas, je les hais
Tempête sous mon crane, mon âme, dans mon cœur, je sais c'est pour vous risible
Et puis d'un coup comme un gros « Crac », je sais quelque chose vient de se passer

Puis je m'endors, comme un bébé, apaisé, comme si je venais de péter un fusible
Au petit matin, je regarde le grigri, sa couleur a changé, le bout est rouge opaque
Sur mon torse il est comme une brulure, je me sens tout vide, mal de tête pénible
Le lendemain mon petit marabout se fait porter pâle, je sais, original pour un black

Puis vint mon dernier jour, enfin ! Au matin je lui ramène mon dernier bouquin
Il est là, les yeux sombres auréolés, sensation de fatigue profonde à son approche
Il m 'adresse un regard bizarre, soudain à mes pieds il se prosterne comme un crétin
Il y a pourtant plusieurs témoins, en prison ça ne se fait pas ça, quelque chose cloche

Il me prend la main, et l'apporte a son front, à ses lèvres et à son sein
Toi l'ami, me dit t'il, j'avais deviné ton « don » mais là tu es un crack
Le sort qui te poursuivais a cédé, mais ta colère sur le monde, c'est certain 
A fait au passage de sacrés dégâts … Ne te sens tu pas un peu patraque ?

Je savais cette colère en toi, mais je ne l'avais pas comprise si puissante
Elle est passée à travers moi, j'ai presque cru cette fois me laisser emporter
Ah petit marabout, répondis-je, je n'ai vécu qu'une autre nuit de haine passante
Banale, de celles que je tente de décrire parfois, rien de plus, et puis après ?

Que dire de plus ? Sauf peut être que je me sens un peu libéré de mon obsession
Un peu moins lourd dans mon cœur, sans doute l'effet de ma prochaine libération
Et puis, en me forçant un peu d'y croire, peut être m'en trouverais je mieux, au final
Mon premier cadeau sénégalais, merci bon marabout pour ce « désenvoutage » original

Mais de s'appuyer pour vivre sur des forces occultes, est-ce bien, est-ce mal
Et quel sera le prix à payer, ai-je offert mon âme à quelque diable africain
Vite vite, oublier, cette prison, ce petit sorcier, cette rencontre un peu anormale
Reprendre mon chantier en main, ma vie de marin chagrin qui se la joue baladin

Et me revoici au CVD, avec mon moteur à changer et des crottes de mouette à gratter
A digérer ces quelques jours dans ma case grise, pendeloque orange et rouge au cou
Souvenir marginal de cette tranche de vie peu banale. Je sors de là un peu hébété
Quelques jours passent, nouvelles routines, nouveaux copains, du passé l'on se fout

Un soir, vieilles habitudes obligent, je lance google sur les traces de mon Agnès
Pour voir ce que peuvent être ses dernières actualités, elle aime là tant se répandre
Et cette fois oui, frissons, il y a du nouveau, que dis-je, elle fait la une de la presse
Elle est même passé à la télé, nationale s'il vous plais, Agnès aime se faire entendre

En France, il paraît que vous connûtes, une tempête, dénommée Xynthia
Une nuit de pleine lune, j'étais en prison, déjà deux bons mois sont passés 
Je sais, il y a eu des morts, de dégâts privés, on ne rit pas de ces choses là
Des trois mille six cent bateaux du port des Minimes, onze voiliers coulés

Dont celui d'Agnès, hurlerais je de rire ?

Mot dit aigri Art – maudits égrillards
Mots diamants, mots dits ah ment, maudits amants
Mots disent tant, mots distants, maudit ce temps
Des mots lissons, des mots lassons, des mots n'à s'taire
Mots dits solvant, mets dissolubles, mes dits solubles
Mes dits se tancent, mes dits calent, mes dits calmant
Hey dis se paraître, maudit ce lexique, mots mentent années
Mots dits distillent, mes dits styles, disent t'ils, dits ce traitement
Marre tint gale, marre mi-ton, marre à bout
Mes gris gris maigrissent en gris, et mes gris voient
Autant de temps, au temps d'antan, Oh tente le temps
Lui ai laissé tant de pouvoir, il serait temps de pouvoir
Occis pute, occis idée, occis dental, occis gêne
Démone au logis
Oups, Dyslexie … Où en étais-je



En temps normal, juré, je ne suis pas homme à rire du malheur des autres
Mais la photo des bajoues tombantes de ma pauvre ânesse qui se vautre
Devant son pauvre bateau éventré, par l'avant, sur plusieurs mètres carrés 
Ce soir là, Xinthia a cogné, sur cette sale barcasse où mon cœur a sombré

Sa « cabine à coucher », où se tenait encore tapie un petit morceau de mon âme
Ouverte désormais aux vents du monde, le baisenville de madame est exposé
Ne manque qu'un petit néon rouge, un grand plexiglass, et, comme à Bruxelles
L'ânesse pourrait y tenir boutique, pour mener ses petites affaires à tire d'aile

Mais chut, de cette chose là il ne faut surtout pas se moquer
Le ponton quatre se mobilise, pour prouver sa solidarité
Voire les écoles locales et le port des Minimes tout entier,
Pour soutenir cette jeune fille à la si « sympathique personnalité »

Articles de presse, blog spécialement dédicacé, même donc la télévision, 
Tous les amis d'Agnès, les plaisanciers solidaires sont donc mis à contribution
Pour aider aux réparations de cette tempête indélicate, qu'on se demande non de nom
D'où elle a bien pu surgir pour faire du mal à notre pauvre manon au cœur si bon 

Bon, là je reconnais, j'y vais peut être un peu fort
La tempête Xynthia, ne cherchez pas, c'est moi  
Mais Peter March n'avait que peu d'imagination
Puis d'étranges coïncidences attisent ma déraison

P'tain de marabout ...

Et Agnès, de vite reprendre emprise sur ma folie délétère
Sur le blog dédié au sauvetage de son bateau mortifère 
L'on apprend sans grand mystère et de légère manière
Qu'avec « le suivant » il y a un beau mariage dans l'air

Ainsi sur le lisier de ma sinistre et sordide rancœur
A surgi un amour fécond et sage, comme une fleur
Dire qu'elle me reprochait ma puérile attitude de "lover"
Comme c'est joli l'amour, comme ça, vu de l'extérieur

Pensez vous que, pour « ça », je serais rentré à l'heure,
Pour leur jouer, encore une fois, au bon témoin voyeur
Ou leur glisser à l'oreille quelques mots de bonheur
Si sincère, à ma façon de si gentil rimailleur ...

Penseront t'ils à moi, à ma douce folie
Le jour où pour la vie ils se diront oui

....