27.3.10

Et puis Paris

Je n'arrive plus à écrire.
Et puis je m'endors sur ce pauvre poème sans fin, sans but ...
Alors je le publie pour m'en débarrasser l'esprit
De "lard" de ne rien dire


« L'homme voyageur » revenait, fatigué, voir sa mère, son ultime chaumière,
« L'homme de mer », auquel il commençait peu à peu à s'identifier, s'esclaffait.
Il repensait à son combat trois ans durant, à bord, pour économiser quelques ampères,
Ici, sur les derniers arbres centenaires, guirlandes et fontaines de lumières ruisselaient.
Ces colosses aux racines engoncées de goudron, aux troncs cerclés de fer, éphémères
Comme des esclaves survivants de bien des guerres, à la folie des temps se pliaient

C'était là le temps du vieil « Homme Noël », débauches d'énergies, Paris-Lumières
L'« Homme des villes » célébrait l'un de ses dernier mage sorcier, la cité s'illuminait
Délire mercantile, l'argent coulait à flot, frénésie de cadeaux familiers, éphémères
Dans sa hotte à crédit l'on trouvait les tout derniers gadgets de la science délétère
Modernité électronique, la drogue nouvelle de l'« Homme Machine » hébété


Paris lumières donc, illuminé, sans crottes de chiens, ville propre aseptisée régulée,
L'« Homme neuf » y vivait en apesanteur, s'enivrant de sa puissance sur la matière
Ses pieds d'hier refusaient désormais de fouler la glaise humaine,
Le sol de terre et de poussière s'effaçait
Il se riait de l'age de pierre, s'essoufflait de l'age de béton,
L'age du verre s'affranchissait de l'age du fer
Il cherchait une sorte de transparence,
Dans l'air vicié, pollué par ses machines
La ville lançait ses maisons au ciel,
Ses toits se coiffaient d'étranges chapeaux, de nuages, artificiels

La ville respectait la loi de la machine,
Comment autrement contrôler une telle complexité

Ce nouvel « Homme de peine » convertissait les spasmes de l'ordinateur
En langage compréhensible pour l' « Homme Ordinaire »
Car les machines détenaient désormais l'ordre, la norme, la loi, la vérité
La parole et la raison des « Hommes Nouveaux » y semblait figée, pétrifiée
L'offre créait la demande, et la demande débordait de silence

Et, pendant ce temps, les « Hommes Enfants » s'éduquaient seuls,
Les machines s'occupaient de leur forger l'âme, nouvelle « spiritualité »
Ils jouaient désormais à des jeux si violents, si complexes, si sophistiqués
Où tuer n'implique rien, sans se soucier de la vraie vie, gorgés de virtualité
Les règles des « hommes anciens » se perdaient dans les profondeurs siliconées, binaires
Jeux magiques, électroniques, qui méprisent la mécanique,
Le sens du rouage s'oubliait, l'essence des sentiments sautillait

Les « Hommes femmes », ivres de cette liberté enfin acquise, solitaires,
Jouaient de leur pouvoir d'aimer et de dés-aimer, d'humilier « l'homme amant »
Délaissant rubans et toilettes pour commander, ordonner

L' « Homme progrès » ne chassait plus, sauf l'argent …
L' « Homme éprouvette » définissait l' « Homme modèle », le bébé symbiose
Et l' « Homme médecin » parlait de morts nouvelles, étranges et étrangères
Emplissant les âmes de virus mutants assoiffés, de vaccins indispensables
Il édictait, de nouveaux interdits et tabous, à vivre, au nom de la santé,

L' « Homme Neuf » lui ne contrôlait plus son cœur,
Il évoluait au rythme des machines empli d'informations carnassières
A rebours de la vieille loi des anciens, de la foi en de vieux dieux
Il vivait de la sueur des jours et des nuits artificielles
Sans jamais voir le ciel et ses étoiles
Sans jamais se préoccuper des cycles de la lune
Crépuscules en réverbères, simulacre d'une nature absente

Et l'« Homme à plat » dans sa boite écran décidait désormais ce qu'il fallait penser

1 commentaire:

Dominique Trutet a dit…

Salut Captain,
Que ta poésie "pieds sur terre" continue de te faire naviguer "tête en mer".

La poésie est aux mots ce que les embruns sont à la mer. Quelque chose qu’on ne peut ressentir que lorsque qu’on a envoyé les voiles et qu’on fait route, dans les imprévisibles météorologies de la langue.
Les mots, comme la mer, n’éclaboussent jamais ceux qui restent à quai sans se lancer dans le voyage. Ceux là n’en perçoivent qu’une lointaine surface onduleuse, les spectateurs des mots sont comme ces badauds assis sur un banc, ils contemplent de loin des couchers de soleil et s’en fabriquent des souvenirs au travers de leurs appareils de photographie, capturant des images mais restant immobiles.
La poésie c’est une navigation dans la houle des mots, poussée par les vents portants de la rime ou luttée à contrevents des idées, il lui faut des haubans, des focs, des misaines, des trinquettes, il faut tenir la barre, éviter les déferlantes, tenir un cap. La poésie peut-être faite de cabotages le long des berges de l’ennui, ou de grands voyages au long cours sur l’océan du spleen et alors les mots débordent des encyclopédies froides, se déversent, roulent avec les galets, s’imprègnent des odeurs d’algues de la vie.
Les mots sont les membrures de la poésie dont les vers se mesurent en pieds, comme les bateaux.

Les mots dans leurs voyages, finissent par prendre des couleurs étranges, parfois viennent de loin, de pays qu’on n’habite pas mais qu’on ne fait que traverser.
La poésie se construit avec des mots voyageurs….