24.8.09

Cap Vert express (la suite)

Ou
"Traversée de Mindelo à Mindelo"



Dimanche 15 Août 2009
Ile de Sao Vicente - Marina de Mindelo (suite et fin).

Ce jour là je me souviens encore me baladant l'âme en peine avec le cadre de mon régulateur en main/dans les rues de Mindelo. Je cherche un soudeur inox, et du pain des légumes derniers achats. De faux guides en bons samaritains je me retrouve enfin chez un réparateur ... de frigos. Il ne soude qu'au bronze mais bon, si il fait bien le tour " du binz ", le temps que " ça " s'oxyde, on sera bien arrivés, pour sûr ...
Et roule c'est parti, un point, deux points ... Le régulateur prend feu !! Un roulement à bille, juste là, structure en plastique commence à fondre ... In démontable le truc. Je pali ... Et là, miracle, je rencontre José ! Oui un vrai bon samaritain. Il me lance dans sa Ford Fiesta, on va chercher des mèches métal pour perceuse, 4 écrous et boulons (de 4mm, pour ceux que ça intéresse - 240 escudos le tout). Et re Ford fiesta, et traversée de la ville en on monte dans les bas fonds de Mindelo (qui se situent en haut, en fait), et qu'il me présente sa famille ... Bonjour Madame, bonjour les enfants !!! Et qu'il offre une petite " cerveiza au marinero ", et qu'il me sorte la disqueuse, la perceuse black et Decker, et un étau. 4 trous, 4 fentes, 4 boulons, 4 écrous, le tour est joué c'est fixé. Il nous faudra deux heures, concentrés, pas un feignant mon " José ". Il est électricien sur les lignes à hautes tensions de l'Île. Il donne le coup de main au marin de passage. Il me ramène à la Marina, me serre la pogne et se barre. Me demande pas un rond. Service man, bon vent ! Merci à toi d'exister altruiste José !

Chargé telle la mule de base je retourne sur l'Atao, toujours au ponton de la Marina de Mindelo.
Je fignole les rangements, préparations des voiles. Paré à appareillé. Todo Bom.



Mardi 17 Août 2009
Ile de Sao Vicente - Marina de Mindelo
Puis port de pèche de Mindelo


Je pars aujourd'hui c'est décidé. J'ai jusqu'à midi pour quitter la Marina.
Au programme : Dernières courses alimentaires, formalités de sortie (Immigrations et affaires maritimes), aller faire du fuel au port de pèche de Mindelo (0.54 € le litre contre 0.84 € à la pompe normale - prix " professionnels " accordés aux bateaux battants " pavillons étrangers). Puis direction " le grand large ".

Balade super sympa dans le marché le matin, j'essaie de ne pas trop claquer, ce que c'est cher la bouffe ici !
Je me présente à 10h00 à la douane, longues formalités pour un tampon, 11h00 à la police maritime, l'informatique ne fonctionne pas bien, le chef pour la signature pas disponible, il est déjà 13h00.
Roxao toujours à " faire la belle " fait copain avec toute la flicaille locale (personne depuis le début ne m'a réclamé son passeport ou sa carte de vaccination internationale, heureusement d'ailleurs ses vaccins commencent à être chouya avariés).

Rentrer à l'Atao chargé. Ranger. Dernières préparations ... 14h00.
Je largue les amarres du ponton de la marina juste avant la réouverture des bureaux, 14h30.
Un petit poulet brésilien y " patatas dolcas " pour trois jours sur le feu.
Direction le port de pèche de Mindelo. Je tourne un peu dans la baie, pas facile à trouver. Ranger les anciennes aussières, en préparer de nouvelles, plus légères pour pouvoir les lancer je ne sais où. Je rentre dans le port de pêche, un lieu de transit, c'est la criée, l'usine de glace où les chalutiers hauturiers, qui connaissent le coin comme le fond de leur poche, viennent y charger et décharger les soutes, à toute blinde... Bref ça dépote là, pas le moment de déconner " au couillon " avec mon bateau de plaisancier touriste " pété de fric " ...
Je rentre une première fois dans le port, je comprends pas tout comment " que ça s'organise ". Puis là bas un gars en salopette orange me fait signe de m'amarrer juste là, à couple d'un chalutier, pas très loin de la pompe à gasoil, juste derrière moi, trop juste pour la manœuvre ... Je fais un petit signe tranquille " ok, ok tranquillo ", et je sors du port, pas le choix ... En vitesse je ré accorde mes amarres en fonction de l'amarrage demandé (10 mn pas plus), mais déjà un chalutier est parti, un autre installé, le gars en orange n'est plus là ! Avec ma petite aussière ... A l'arrache je m'installe là, pas loin, seul ... Oui il y avait du vent, oui je ne m'en suis pas mal sorti !
Deux trois gars débarque et me tape des clops (merde mon mini stock pour les Açores - 13 paquets paraît que ça porte bonheur). L'un me parle de " Pierpoljack " un artiste français ultra cool (que j'adore, je savais pas qu'il faisait du bateau), avec plein de gonzesses et un super bateau, qui est venu là il y a peu qui cherchait de la bonne ... Hum, je suis pas là pour ça, juste un peu de " Gasoleo por favor " ... Oui Oui, ça traîne, il est 16h30. Je sens qu'il faut que je me bouge. Je descend " à terre ", je chope toutes les salopettes oranges par le colbac. Nada, Nada, le gars des pompes est parti, il est 16h30. " Manha por gasoleo ". Bouge de là, reviens demain, va te mouiller ailleurs ! Ils insistent les bougres, pour que je m'en ailles ...

Là je vois rouge. Je suis bien venu, j'ai été poli, respectueux, on m'a fait attendre et galérer, et là il faut que je retourne au mouillage pour avoir du " gasoleo à pas cher " à 8h00 demain matin. Non je ne bouge pas j'attends là. " Muito difficil " les manœuvres tout seul ! Finalement un gars monte à bord et ils me donnent l'autorisation de passer la nuit amarré au quai, juste à coté. Chouette !

En fait le lieu la nuit est gardé ! Des " gens " dorment là sur le quai, des " pécheux vacataires ", des gens de la criée, je ne sais. Je fini par sympathiser avec deux ou trois.
Je me souviens de quelques beignets sur la plage très " populaires " du nord de Mindelo, à coté du port de pèche. Quelques tentes, sono à fond, pinches, cachupa, alcools à gogos, filles " à marins " pouffantes et peu farouches et, non ce ne sera pas encore pour ce soir là ! Roxao entourée de chiens sauvages de plage très gentils (enfin moyens gentils, on se méfie quand même), quelques grogs.
De la pièce de 50 escudos au gardien du port pour qu'il " jette un œil " au bateau en mon absence ...
Retour 22h00, il fait nuit je suis naze. Au paddock ...



Mercredi 18 Août 2009
Ile de Sao Vicente - Port de pèche de Mindelo


Réveil à l'aube, 5h30. Ca grouille un port de pèche, le matin. Je prépare mes voiles, admire la vie " du matin " ici café au poing. Les gars qui cherchent à embarquer pour une journée de pêche, les femmes qui remplissent leurs paniers avec des airs de conspiratrices, l'ouverture des bureaux, l'usine à glace, la criée, premiers déchargements ...

8h00 enfin du gasoil ! Il faut faire de nouveau la manœuvre sur le quai de la pompe, me présenter au bureau présenter les papiers du bateau, tamponner des trucs, retourner à la pompe, merde plus que 3500 escudos en poche. Malgré mes avertissement répétés " L'opérateur ", verse plus " 3700 escudos ". Comment je paie désormais ? Retourner à la banque pour 2 €. Un bon patron pécheurs passant par là m'offre les 190 escudos qui manquent. Obligado Senhor ...

67 litres de gasoil donc (plus les 60 litres de l'ancien, re filtré et réintroduit dans le réservoir par mes soins au tuyaux - " mas o menos " 130 litres donc). Je me casse de là, il y à la queue, à la glace, à la pompe ... Ce n'est que plus tard que je m'aperçois que la jauge n'est qu'au trois quart plein. Je rajoute 20 litres de mes bidons, il tiendrait bien 10 litres de plus.
Donc (sauf arnaque à la pompe, ce qui ne me semble pas impossible), mon réservoir contiendrait, pourrait contenir, aurait la capacité de, au moins 150 litres de gasoil ???. Il faudra vérifier, encore, je crois ...

09h30 du matin, à moi les Açores ! C'est parti, la météo est bonne (un peu forte et Nord Est sur 8 jours pour les Canaries, mais impec pour les Açores quoi que bien faible sur les 400 derniers miles, à l'arrivée, logique l'anticyclone est là, enfin là bas, fermement installé), garder du gasoil en stock pour là bas !

Le moral va, les voiles prêtes, le régulateur impec (normalement), le plein de bouffe ... Roule ma poule ! Le Nord Est c'est derrière Santo Antao, à contourner donc, par le Nord, " à son vent " ...
Ca souffle bien ce matin. Entre - deux îles, simples effets venturi, on connaît !!! Je renâcle pour installer deux ris dans la grand voile, un peu feignant ce matin, mais bon allez, " à ariser " ... Pour le coup, avec le foc N° 3, l'Atao est un peu trop toilé de l'avant, déséquilibré, je n'arrive pas à lancer le régulateur ...

Vents variants dominants " Nord Est ". Une vingtaine de mile " à louvoyer " pour passer " la Punta do Sol " de Santo Antao, puis normalement tout droit jusqu'aux Açores. Juste " on " se fait un peu " tabasser " à la sortie puis tout va aller ...

Tiens 100 litres d'eau de mer, déjà, dans les fonds !
Pompe niveau 2, bon !
Ca cogne, pas confort du tout dedans.
Un catamaran " charter " me double au moteur droit au cap (Le Nord de Santo Antao). Je m'obstine à la voile.
Il n'y en a pas pour long, bon test pour le bateau dans cette mer cassante ...
Vous parlez d'un test ! " Ceci n'est pas un exercice " ...

Bagarre avec le GPS qui refuse de s'allumer. Vérification de la prise " allume cigare " adaptable démontage, Elle est impeccable. C'est chiant ça cogne, sentiment de ne pas avancer. Le Gps, donc, ne fonctionne toujours pas.. Hola, il ne m'en reste plus qu'un, de GPS, à piles ... Combien de piles en stock déjà ? Quelques unes certe, mais des " Dackaroises ", qui ne tiennent rien, en temps de puissance, de l'énergie
Rien ne va ! Sur le pont vite, les voiles claquent à l'élastique. Check de pont : TVB la direction est bonne, le vent n'a pas viré, le foc dévente ! J'abas ? Je lofe ? Fausse coupe, de voile ... Le foc s'affaisse (comme Agnès - ça faisait longtemps, ça rime et ça pue pareil, faut me comprendre, association d'idées ...). Donc, il tombe, le foc ! Bien proprement et sans danger, bien solidement " mousqueton né " (merci Bill) le long de son étai, il se dégonfle, claque au vent ... La drisse de foc a lâché !
Le point d'amure de drisse coincée en haut du mât, plus de drisse de foc.

Plus de drisse de foc signifie plus de winch (cause juste 2 winches " Goïot " à emmagasineurs sur le mât, et c'est tout, un pour la drisse de foc, l'autre pour la grand voile. Il est encore deux drisses envisageables, en coton, celles du spi et du tangon, pour le foc. L'une coince, l'autre est inversée derrière les barres de flèches par ses deux brins, on ne peux pas gréer un foc avec ça !
15 jours, avec des vents variants, au près, sans drisse de foc opérationnelle, non !

Pour la deuxième fois depuis mon départ de France, je décide d'aller chercher, en pleine mer donc, cette foutue drisse de foc en haut du mât. La première fois c'était sur Gascogne, je ne vous ai pas raconté ... Cette fois j'ai gambergé, j'ai le matos ! Chaise plus harnais et une boucle auto-coinçante d'escalade retrouvée dans un fin fond d'équipet il n'y a pas longtemps.

Je lance le moteur. Toujours cette bulle d'air, je m'y reprends à trois fois " au contacteur ", batteries ...Dans cette houle il broute, enfin " broubroute ", enfin vous voyez ... Le pilote automatique daigne alors fonctionner !
Sous Grand voile, allure soutenue par le moteur et pilote, donc, et " s'envoyer en l'air " ... Harnais, je me tire, je me bloque, hop hop, deux mètres de " gagnés " déjà ! Un orteil sur la bôme, un autre sur le winch, tu reprends " du bout' " t'es calé, no problèmes, " on " souffle ... Tu enchaînes, deux mètres de plus à la force des bras, puis deux mètres de plus, yes ! Euh sécurité ! Ca secoue bien déjà, les vagues sont courtes ici. Plus que 4 mètres pour atteindre les barres de flèches. J'espère qu'une fois debout dessus (les barres de flèches) avec une gaffe (accrochée sur un long bout à ma ceinture), je pourrais atteindre et récupérer ma drisse de foc. C'est l'objectif.

De la terre, en théorie, je croyais l'effort possible, gérable ...
En mer, avec le roulis, il ne l'était pas !

Je me suis retrouvé sous les barres de flèches, à tournicoter autours du mat, sans aucun point d'appui, suspendu comme un jambon avec pour toute sécurité une drisse de tangon mal révisée dont je sais la poulie faiblarde ... Je me raccroche au mât, j'ai le cœur qui bat. Clairement, je n'y arriverai pas ! Plus de mon âge ça les gars ... Descend de là, risques inutiles !
Putain plus de drisse de foc, pas de solution de secours ??

Je descends à la table à carte. Vertiges en bas, contrecoup de l'adrénaline (qui a dit que la navigation hauturière était un sport de feignant ?).
Ah oui pas de GPS, toujours, je suis où ?

Tiens 100 litres d'eau déjà, en deux heures ? Pas noté la fois d'avant !
Pompe niveau 2, bon ! J'ai du me gourer tout à l'heure, pas dû bien la vider, la cale, la dernière fois ...

Il faut retourner à terre, tant qu'elle est là. Heureusement que " ça " c'est fait juste au départ ... ! Trouver " un coup de main " pour me hisser là haut, récupérer cette foutue drisse et repartir de suite après. Je cherche sur mes cartes les lieux de mouillage proches. " Porto Novo " sur Santo Antao, à moins de 5 Miles, mais ce mouillage est réputé " peu sûr ", ne pas y rester la nuit, plus un gros trafic de ferry ... Je n'y connais personne qui puisse m'aider " à la manœuvre " du mât. Je ne comprends pas bien les instructions d'arrivée.
Moi qui rêvais " d'aborder " Santo Antao !
14h30 déjà, pas le temps de réfléchir, retourner à Mindelo, au largue, sous grand voile deux ris ça sera plus rapide. Me mouiller vite fait près du Tamata (ketch des mes amis allemands), quémander de l'aide pour grimper et repartir avant la nuit. La météo est bonne pour cette traversée (euh) sapristi !

Pour la première fois depuis que je suis marin je retourne " à terre ", à mon point de départ, alors que j'avais décidé de partir " en navigation ". Goût de défaite " dans la bouche ", comme un bizarre coup au moral, ou à la confiance je ne sais ... Le temps de rêver est bien court ! Les jambes un peu flageolantes, je crois que " mon stage en solitaire " dans les haubans m'a vraiment épuisé.

Bordel il faut que je trouve une astuce pour monter en haut de ce mât en mer et en solitaire. Trois fois, depuis le début de cette croisière, il eu impérativement fallu que je le fasse ! Trois refus ! Question de " sécurité " de base, de base ... Ah ce brave Captaingils, sous ses (faux) airs bourrus et ses yeux (très) myopes, quel fin pédagogue tout de même ...

Ca " bastonnait " bien, entre mes deux îles ..
Deux ris sous grand voile seule, donc, au petit largue.
L'Atao surfe du cul (comme Ag ... Ah non !).
Je tente d'installer le régulateur, sous grand voile seule (déséquilibres), houle courte de travers, pas évident, pas concluant du tout ... A la mano le retour sur Mindelo, la rage au ventre.

Ah oui, de mémoire (j'écris ce texte trois jours après) de nouveau pompe de cale, un peu avant l'arrivée. 100 litres d'eau déjà, niveau 2, en deux heures, euh une heure trente ? Rien noté, dans mon " journal " sur c'te parcours, tout allait trop vite, plus la mise en place ...

17h00 Je me présente devant Mindelo. Pour la première fois depuis mon départ le " CRR CRR CRR " de la chaîne de l'ancre qui plonge n'est pas signe de soulagement. Stefen, mon pote allemand du Tamata, m'accoste rapidement avec son annexe. Super sympa, il se propose immédiatement pour m'aider à monter au mât et récupérer la drisse.

Harnais, winch et la drisse de Grand voile est désormais disponible ... J'assure " en doublette " avec la drisse de tangon. A deux matelots c'est mieux, la manœuvre ! Mais ça reste sport, je vous le jure, avec la houle, au mouillage ... J'en profite bien entendu pour décoincer la poulie de la drisse de spi, et d'inverser la position de la drisse de tangon. Une heure crevante !

Petit thé pour remercier Stefen, je lui racontes mes aventures, le plein de gasoil, le plein d'eau en mer !! Nous vérifions les fonds de cale.

100 litres de bonne eau claire, de mer, gisent là !
Que je vide.
Deux heures plus tard c'est " à recommencer ".

Comme envie de dormir, de ne pas penser, départ compromis pour ce soir.
Stefen s'éclipse gentiment. Coup de téléphone " à la mère ".
Ne pas gamberger, banane, lait entier, polar, au mitard ...



Jeudi 19 Août 2009
Cap Vert Ile de Sao Vicente
Au mouillage Mindelo " Porto Grande "
Nord 16°53'045'' - West 24°59'646''


Cette journée fut glauque, neurasthénique, inutile... J'ai lu deux polars, du soir, au matin, au soir ... Je n'aime pas les polars, vous savez de ceux où ils se charcutent, puis se mesurent la taille de l'humérus histoire de reconstituer quelque saignante astuce ...
J'écrivis ceci aussi ci dessous, transi, " en transit ", vaguement en rime, en houle, de mon petit lit humide de (futur ex) Capitaine " failli taire " (comme me propose l'ami Bill). " Vende se " et va travailler ...


Résumé de la situation

Tout va mal, se prêter au jeu du journal
Ecrire, décrire, ne pas gémir, continuer de sourire
A la vie " Ke bem y ke pass, ke ou ja vou passar "
Il n'est pas de hasard, ceci n'est pas un cauchemar

Voilà, j'irai droit, l'Atao fait de l'eau de nouveau
Hier, j'étais résolument parti pour les Açores
Confiant, il suffisait de viser " plein Nord "
Mais, entre Mindelo et Santo Antao au couteau

Mer qui casse, les vents s'enlacent, s'agacent
Au prés serré l'Atao trouve sa place, il trace
En puissance, vingt cinq nœuds de vent du Norois
Arisé deux fois avec son vieux foc numéro trois

Puis une drisse se coupe, le moteur broubroute
Qu'est ce que c'est que c'te choucroute
Et puis il est l'eau qu'est là, hello, de nouveau
Insidieuse, elle glisse dans les fonds du bateau

Bistre ! Et donc voici cent sinistres litres
Qui, à l'heure, s'immiscent, s'infiltrent
Avec quinze jours de mer pour tout amer
Et si nous chantions un petit " Pater Noster "

" Pas de terre, no de terre "
Rigolote cette petite dernière
Bref j'ai beau avoir des couilles
Enormes comme des citrouilles

En acier trempé, platinium iridié
(Normal, à force de ne jamais aimer)
Vous m'excuserez mais j'ai " la trouille "
Meli melo à Mindelo, bafouille


Excellent résumé !
Encore, vous en voulez ?
Non parce que moi ce matin,
Je n'ai envie de rien,
Juste décrire le destin,
De cet apprenti marin
Qui voudrait bien,
Mais qui n'peut point ...
Sage comme une image au mouillage,
Travailler mon humour de bas étage,
Non mais quel voyage !

Les larmes attendent latentes
L'Harmattan halète, hurlant,
L'âme étend le temps, détente
L'âge agit, assagit, sûrement
L'astre défie les temps, constante
Et l'Agnès joue de la fesse
L'arme est ivresse
Poète Tri ! Sale Alibibi


Ou encore

Lâche ton nombril ! Et si le moteur tournait, et si l'eau n'entrait ou si du pognon t'avais, qu'aurais tu à dire ? " Nomad Mad ", tu sais ce que tu as vu ! Témoin de ton temps, voyager, renifler la différence des peuples, et l'indifférence, aussi... Ou l'évolution de cette lutte sourde entre cette " pauvre, vieille et jalouse " humanité africaine contre cette blanche déferlante de " la modernité ", qui arase, arrache, harcèle le passé, les valeurs, les certitudes séculaires ... Témoin conscient de la fin d'un monde, d'un temps, d'un cycle, pour toujours ! De cette humanité multiple tribale, ces cultures ancestrales, qui chaque année disparaissent, irrémédiablement. N'était t'il pas d'autres possibles, de vivre, ensembles ? N'as t'on rien oublié en chemin, de l'expérience des hommes. Et cette omniprésente foutue télé, qui pense et éduque partout pareil, dit t'elle vraiment la vérité, du monde au monde ?
Né en pays blanc, je sais, j'ai vu, la sécheresse de l'avenir, de ces états policés inquiets, uniformes démocraties, qui s'offrent le droit d'entrer chez toi, et dans ton âme, tes habitudes, ou ton " porte feuille " par d'anodines petites touches technologiques. Ces machines qui assèchent le cœur : " Excusez moi monsieur, moi je ne dirais pas non, mais c'est la faute à la machine, vous ne rentrez pas dans les cases " ...
Là où le travail ne paie pas ! De ce 20 % de profit nécessaire pour d'invisibles, super puissants et quasi divins " actionnaires ".
De ces deux mois net de ton salaire enfin net que, célibataire, il faut reverser pour que vive cet état là (lalala) ... Bref, travailler, produire quelque chose, il faut bien, pour vivre ! Puis rentrer chez soi en RER, bouffer de la télé, à la nausée, à la soupière ..
En 1968, tu pouvais traverser la terre entière, en " 2 chevaux " bringuebalante. Aujourd'hui essaie donc juste de le faire ! Mais la putain, qu'est ce ça coûte cher, la croisière.
" Vende se " et va travailler ...


Ouf fin de la recopie, ouais étrange atmosphère. ...
J'avais ben le bourdon ce jour là ! Mais c'est comme ça qu'on m'aime ...

1 commentaire:

NIKONIK10 a dit…

Il y a toujours mille raisons pour s'enfermer. Sortir est beaucoup plus difficile. La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent.
Faire demi-tour, c'est une mauvaise manière de poursuivre un voyage mais l'important c'est toujours que de la tête au coeur, l'itinéraire soit direct.