6.8.09

Traversee Dakar - Cap vert (Santiago)

MERCREDI 29 JUIILLET 2009

10h00 N 16°38 – W 17°29

Vent « Ouest / Sud Ouest » 10 nœuds ; Cap « Ouest / Nord Ouest »
Vitesse (avec moteur - compteur 1709 heures) 5.5 nœuds

Frissons du départ. Cette fois mon Gilou c’est le grand retour, direction « Le Grand Nord ».
Via les « Açores » ! Ouch 1500 Mn en perspective, cette fois, économise ta salive, tu as tout le temps « de le dire » - Oui mais quoi dire ?

Lever à 5h30, derniers préparatifs dans le calme matinal, au mouillage. Café, œufs, pain beurre, mangue … Manger le frais, tant qu’il y en a !!! Décollage effectif à 7h30, grand voile et focs déjà hissés, moteur au ralenti, corps mort du CVD largué et c’est parti, en douceur, sans stress et sans efforts. Pourvu que ça dure ..

L’Atao se faufile à la lueur du petit matin entre les quelques rares voiliers (et quelques épaves immergées) encore présents en cette « tornadesque » fin de saison. En comptant rapidement, sur les trois « hébergeurs » de voiliers » qui se concentrent ici à « Hanse Hann » (Le CVD, l’ADP et « La Marina ») au Sud du centre ville de Dakar, on ne dénombre pas plus d’une vingtaine de voiliers encore présent. Ils étaient au moins 60, quand je suis arrivé au mois de Mai. Ils sont plus de 150 en pleine haute saison, avec grosse rotation chaque semaine. A peine 5 bateaux « habités » coté CVD le jour de mon départ … La plupart des autres voiliers qui restent là sont en « hivernage », crochés sur des corps morts, sous bonne garde de gardiens « officiels » sénégalais, leurs propriétaires partis « refaire » la caisse de bord en France.

Ils ont étés « durs » ces derniers jours à Dakar. Basse saison, les « vacataires » crèvent la dalle, pas de pognon, même pas le petit « Diep » quotidien, ils en chient, chômage technique. Ils s’accrochent aux derniers « Toubabs » encore présents. Chaque « négociation », même pour « l’ombre d’un service » devient âpre, tendue, même pour moins d’un Euro …
Chaleurs lourdes moites, odeurs de poissons crevés, tornades « à la chaîne », cette « courante épuisante » et … La pétoche peut être, l’appréhension un peu, dans le fond, « Suis je prêt, vraiment prêt, cette fois ? », tensions dans le dos parfois. Il était l’heure de partir vraiment !!!
Malgré cette météo toute calme en prévision, 10 à 15 nœuds, « Nord Nord Ouest » en majorité, normalement …


10h30 Au large de l’île de Gorée.

Premier « Pompage » de fond de cale, électrique, une dizaine de litres, à surveiller, fort ! Ce sont mes premiers miles sous voiles depuis « le calfatage ». Inch’allah ça ira …

La baie de Gorée est fort encombrée ce matin : Cargos de Fret au mouillage par 50 mètres de fond, Ferrys en « stand By », bâtiments militaires, énormes chalutiers russes ou japonais et des centaines de petites pirogues de pécheurs locaux, à la rame souvent … L’Atao se faufile et se défile de cette foule marine, à nous les grands espaces, à nous « La Liberté ».

Merde j’ai oublié Roxane ! Non là je rigole …


12h00 (N 14°43 – W 17°39)
Je commence donc à vous « pomper l’air » avec ces chiffres, les coordonnées GPS, difficile de faire un « journal de bord » sans elles, considérez ceux ci comme une petite « mise en bouche » … Ca ne fait que commencer, putain 25 jours de mer, de solitude(s) je crois que je ne réalise pas encore dans quoi « je me lance », là (lalala) !

Je crois que je vais avoir du mal à ne pas devenir redondant, sur cette « Loooongue partie », accrochez vous bien à vos pantoufles, ajustez vos binocles, ajoutez de moelleux coussins sous vos petites fesses toute sèches et puis, svp, ouvrez à ma santé une bonne bibine bien fraîche, bien pétillante, vous savez, de celles avec la buée tout autours sur le verre, servies « à la pression » … Ca y est, je craque, je suis « en manque », jour « 1 » !!! C’est parti pour le tours de l’île aux serpents (hum chiant avec ce vent Nord Ouest ..) …

Reprendre le rythme ! Je me sens vanné, tout maigre (vidé par cette courante depuis près de 10 jours maintenant), vachement tendu … S’éloigner de la côte, vite, ça ira mieux après, cette énorme barre nuageuse juste là, tout au sud, bien noire …
Comment expliquer ?
J’ai archi mal dormi la nuit dernière, et puis la nuit d’avant aussi. Chaleurs moites en permanence puis soudain des coups de vents (tornades ?) qui s’enchaînent, au mouillage, la nuit surtout, et ne se ressemblent pas … Rien à voir avec le « gros coup de tabac » que je me suis pris dans la gueule au sortir du Saloum (55 nœuds de vent d’un coup), mais pareil, violence soudaine (25 à 35 nœuds), de courte durée d’accord, mais le hurlement du vent, la pluie « à battre », le mouillage « à rompre » … Et d’autres bateaux qui rompent vraiment le leur, défilent « en fusée » sans contrôle à deux mètres de ta coque juste rénovée. Ca ne met pas en confiance. Puis le coup de main « à donner » ! Adrénaline donc, le soir, au mouillage, même sur corps mort. « Oui ça a été bref mon chéri mais qu’est ce que c’était bon ! » Comprenez mon « désir matinal » de m’éloigner fissa du rivage.

Adios petit bout de Sénégal que j’ai eu la chance de pouvoir visiter.
Le bateau, le chien quelle plaie (c’est le cas de le dire), quel boulet pour voyager alors ! J’ai le sentiment de n’avoir jamais aussi peu voyagé depuis que j’ai acheté ce bateau. Je me déplace oui, à l’étranger, oui oui, mais je reste « scotché » à « mes plages », à ma barrique en bois, toujours inquiet quand je n’y « suis pas ». Mais ça c’est un long débat qu’il n’est pas l’heure d’approfondir.

Le « temps danse », les vents tournoient et tournicotent, me rendent chèvre. Où qu’ils sont, mes beaux équilibres ? Je n’y comprends rien ! Vent de Sud, puis de Nord Ouest, puis Sud Est, voiles qui claquent, j’aime pas ! Influences du relief et des chaleurs de la côte ? C’est ça sûrement, depuis le temps tu devrais le savoir … Et mon cul, c’est du poulet ? N’oublie pas cette monstrueuse barre de nuage noire là, front dépressionnaire à 25 Miles Sud. « Ca » pète quand ça veux, juste « ça » hésite pour le moment … Et n’oublie pas non plus tous ces beaux « graphiques météo » UGRIB que tu as chopé au Wifi hier soir au CVD, et qui justement le situait là ce matin, ce putain de front.
Au fait, les grands marins, ceux qui sont « une légende », dans les années 50 / 60, ils faisaient comment eux, pour le capter le Wifi … Question à la con pour un « bobo ou un baba » en manque d’activité.

13h30 N 14°51 – W 17°46 (+ 6N et + 12W)
14h45 N 14°46 – W 17°51 (+ 11N et + 17W)
19h00 N 15°02 – W 18°04 (+ 17N et + 30W)

Pompage de fond de cale 30 litres (hum, en huit heures …)

Le soleil se couche. Je me suis bien dégagé des côtes, passé la pointe du Cap des Almadies, soulagement … Même si « tornade » pendant la nuit, je peux tout affaler, mettre « en fuite », et retourner me coucher, sans me poser la question de « où qu’elle est la terre ? ». Et à condition que la tornade elle vienne du Sud, comme d’habitude quoi … Ouh Ouh Ouh le blasé ce Captaingils !

Au moteur depuis ce matin, avec la grand voile en appui, mais quasi pas de vent, elle porte « à peine ».
Cette traversée va me permettre de mener une étude précise sur la consommation de gasoil du moteur. Je vais tout noter, ne rien vous épargner, jusqu’aux plus sordides détails …
Je suis total dans le flou artistique à ce niveau, quelle est mon autonomie au moteur ? En miles nautiques, en nombre d’heures de fonctionnement ? 7h00 de moteur ça représente quoi, en volume consommé. Disons (au pire) trois litres de l’heure, consommé aujourd’hui 21 litres, presque 14% de mon stock total, euh juste le premier jour ? Stock total 120 litres dans le réservoir (je crois, de mémoire, lors de ma seule séance de débriefing, très arrosée, avec l’ancien propriétaire. Je ne dispose d’aucun plan, aucun inventaire technique détaillé du bateau), plus 40 litres de gasoil « de réserve » dans deux bidons, à part. A suivre donc ... Les batteries doivent être chargées « à bloc » déjà ça c’est un point ultra positif !

19h00 donc, je coupe le moteur, 3 nœuds de vent maxi, « ça ballotte pas mal à Paris, ici aussi » …Bateau quasi incontrôlable, vitesse moins d’un nœud, à l’élastique (le pilote automatique ne fonctionne pas bien et consomme énormément, sans vent …), les voiles claquent … Chaleurs, sueurs, le radar est constellé d’ombres passagères, veille et réveil, toutes les 20 minutes !

23h00 N 15°11 – W 18°00
Vent « Nord » 5 à 10 nœuds, ça va mieux !
Cap Ouest / Nord Ouest, vitesse 2.2 nœuds.
Précautions anti-tornades : 1 ris dans GV et Foc N°3 (tourmentin ralingué).
On se traîne !


JEUDI 30 JUILLET 2009

01h00 N 15°11 – W 18°01
02h00 N 15°12 – W 18°03
03h00 N 15°12 – W 18°06
03h30 Me suis endormi !
Atao se carapate vers le Sud en « loucedé ». L’en veux encore le salaud, du Sud !
05h00 N 15°13 – W 18°09
07h00 N 15°14 – W 18°14 (+ 35N et + 45 W)

Pompage fonds de cale (30 litres en 12h00)

Bilan de cette première journée de navigation, euh, pas brillant : 58 Miles en direction des Açores ! Avec donc une magnifique moyenne générale de 2,6 nœuds (et malgré 7h00 de moteur à 4.5 nœuds). Le vent quasi inexistant oscille de « Nord » à « Nord / Nord Ouest » très souvent, très chiant à suivre « à l’élastique ».

10h30 N 15°14 – W 18°19
5 miles nautiques en 3h30 de navigation « sous voiles ballotantes ».
4 kilomètres à l’heure, moins rapide qu’une mémère au galop, je craque.
Je fais rugir les chevaux vapeur de mon moteur Peugeot râleur ..

Reprise de mes savants, et néanmoins décevants, calculs de navigation, et prévisions … Ouch, ça va être long ; pas de vent, c’est un autre tempête, d’impatiences, à gérer … Encalminé, pot au noir, la météo annonçait 5 à 10 nœuds de vent, la réalité c’est 2 à 4 nœuds, Nord / Nord Ouest, ça c’était juste !
Petit vent faiblard roublard donc et, avec mes voiles « à la coupe fantaisiste » (chute de grand voile « en éventail », Génois « poche ») cette allure de « Prés serré » est invivable.
« Y’a de quoi devenir dingue, y’a de quoi prendre un flingue … »

Avec ce vent tout mou, et mes élastiques je ne parviens à serrer « au plus prés » qu’à 20 à 25 ° d’angle par rapport à l’origine du vent (N/NO). Deux alternatives s’offrent donc à moi : Soit un Bord N/NE qui a la furieuse tendance (à 2 nœuds de l’heure) à me rabattre à la côte, ou un bord W/NW, qui, comme son nom l’indique me dirige plus sur l’Ouest que le Nord, droit vers le Cap Vert en fait, tiens donc comme c’est bizarre, hum tentation du matin …

Sortir de là, du « pot sans vent », au moteur ? Oui mais consommation ? Peut être puis me permettre de ne « pas compter » à la dépense, et refaire le plein au Cap Vert. Et de là je serais « en bonne position » pour les Canaries si le vent de Nord Ouest persiste, comme tout le laisse à supposer pour la saison (tacticien navigateur, va !). Scinder les étapes. Vieux bateau qui fait l’eau, réduire les espaces entre les différents « atterrissages » de secours envisageable, tel l’aviateur des temps anciens. Pas con non ? Et pas forcément beaucoup plus long. De toute façon il va falloir « tirer du bord », alors ???


Réflexions préliminaires sur mon autonomie au moteur.
Je sais, après un an de nav’, que je devrais être au top à ce sujet, mais comme depuis un an la route au moteur n’a pas été ma « spécialité » … Potentats (et inconnus) de base :

Je dispose donc d’un stock de 160 litres de gasoil. Sans être certain de la capacité de 120 litres du réservoir. Je me souviens un jour à la Rochelle d’avoir « accueilli » 100 litres.
Je consomme 3 litres de Gasoil par heure. Ca aussi c’est une valeur « logique estimée ». Je ne lui tire pas du tout sur la gueule (plus de compte tours) mais l’effort est faible et constant pas ou prou de changements de régimes, je dirais 1000 à 1500 tours / Mn. A définir avec le temps.
J’avance de 4.5 nœuds à l’heure de moteur, sans forcer donc (Possible « de le monter » à 7.2 nœuds en le faisant hurler à mort), en général appuyé et soutenu par la grand voile.

Donc, en théorie toujours, avec le gasoil embarqué à Dakar, je dispose de 53 heures de fonctionnement (160 / 3) pour une distance de 240 Miles nautiques (soit environ 430 kilomètres).

Qu’en est t’il vraiment ?
Vous le saurez, si vous suivez, pas à pas au jour le jour, au goutte à goutte, de gazoil, les trépidantes aventures exotiques de Captaingiiils …


A deux nœuds deux de moyenne à la voile
Multiplié par Vingt quatre heure c’est égal
A cinquante deux miles et quelques sueurs
Soit cent kilomètres jour, que du bonheur

Pour trouver « Les Açores », deux mille sept cent kilomètres
A ce rythme il faudra vingt sept jours pour voir paraître
A l’horizon : Terceira, Horta, Graciosa ou Punta Delgada
Aux noms bien exotiques, cela va de soit, mais avant d’arriver là

Il faudra bien des Zig zag ajouter, louvoyer quelques Miles
Cueillir le Cap vert en passant, acheter du Gasoil tranquille
Puis aller chercher le vent plus « à l’Ouest », ça semble parfait
Mais : Vingt sept jours de mer en solo çà sera long, je le sais …



14h30 N 15°21 – W 18°37
Arrêt moteur (Durée 4h00 - Cumulé 11h30 – Compteur 721.2 h)
Pompage fonds de cale (30 litres en 07h30)


16h00 N 15°22 – W 18°30

Alléluia !!! Puta madre de todos los marineros ! Mettez vous bien ça dans les anals (j’aurais fait une faute d’orthographe là ? Oh oh !) mais « le régul’ », mon foutu régul’, une mécanique simplissime, d’occasion, qui au final m’a déjà coûté au moins 500 €, et des milliards d’heures de travail fignolages, réflexions, vexations et qui n’a jamais, mais vraiment jamais, voulu fonctionner, au point que j’ai cru en devenir benêt, et bien figurez vous que, chut il faut le dire doucement, peu à peu les génies s’apprivoisent, que ben là à c’t’heure, c’est lui qui barre le bateau, depuis une heure, sans couille faillir … Ah c’est du bon ça, du lourd du costaud !

Il a fallu le démonter encore une fois, là , en mer ! Bon, faut dire facile, c’est d’un calme ! Tordre une pièce inox de 4mm, justement neuve, soudée à Dakar, en faisant gaffe de ne pas niquer les roulements, tout remettre en place, sans se déchirer un doigt (souvenir brûlant) et surtout sans rien fiche à l’eau. Puis une demie heure de réglages, de cafouillages encore … Alléluia vous dis je, « il » me tient un petit « travers / bon plein » par tout petit vent, tranquille bill, comme si il n’avait fait que ça toute sa vie, mon feignant …
Bon, encore 20 à 25 degrés de variation de cap entre les deux équilibres. C’est énorme 25°, je fais « plus fin » juste avec deux élastiques (au près), mais au moins désormais je sais que « l’outil » fonctionne, pour la première fois. Il ne reste plus qu’à observer le comportement du bateau, d’affiner et répartir les tensions, de tester petit à petit, sous différentes allures, avec des vents plus ou moins violents… Que de passionnantes séances de réglages en perspective, que je vous expliquerais, si vous êtes sages et bien polis …
Hier encore pendant deux heures j’avais « tout tenté » ! Rien à faire, mal au ventre je ne voulais même pas en parler. Comment envisager 27 jours de mer sans lui ?

L’histoire là n’est pas encore complètement conclue, comportement par gros temps ou par vent arrière, et la résistance des matériaux à l’usure, vous sauriez le nombre de soudures de « calfatage consolidatoire» réalisées, euh pas ma spécialité, le calfatage …

A ce propos, de calfatage, du vrai, celui de la coque, quelques « rassurantes » nouvelles : 3 pompages de trente litres en un jour, qu ‘en dire ? Que c’est 24 fois moins d’eau que avant le calfatage ! De là à dire que c’est « de la gnognote » euh … Y’a quand même encore un trou dans la coque, pourvu que ça en reste là.
27 jours à tenir noudoudiou …


17h30 N 15°24 – W 18°38

Plus de vent, moteur !

Quelques dauphins ce matin, salut ! Et, dans l’après midi, un banc de thons (de bonites ?) qui frétille furieusement à ras ma coque. Ca se déplace ultra rapidement, en groupe, une centaine de têtes de poissons juste hors de l’eau.
Un magnifique papillon africain, embarqué en passager clandestin, ailes blanches à points noirs.
T’as ton passeport ?
Pensée émue pour « Lamine » un pote sénégalais du CVD qui se proposait pour rentrer en France avec moi. Il avait un métier entre les mains (couturier spécialisé en réparation de vieilles voiles, il en a vu défiler, ici au CVD, des vieilles voiles …), des potes toubabs en France prêts à l’héberger. Un peu de compagnie pour le retour, un coup de main pour les manœuvres de bord, pour les quarts de veilles, pourquoi pas ?
Je me renseigne, informations floues, au compte goutte, sur le Web. On dirait là que l’on voile la face du monde, sous couvert de sordides « galimatias », juridiques. Au final, de la réalité « du monde » : même par la mer. Le capitaine du navire « transporteur » est responsable à 100 % de l’ami « de couleur » équipier ! A terre, en Europe, il doit garder le passeport de son « ami » en poche. Parfois avancer le prix du billet d’avion « retour » (aux Canaries ou aux Acores »). En France il n’obtiendra qu’un visa de 8 jours. Et si « l’ami » disparaît dans la nature, la bas, en France, terre d’accueil, je crois que le Capitaine devient passible de quelques mois de prison, sûrement d’une énorme amende …
Adieu « Lamine » je t’aimais bien tu sais …

Ou, comme dirais Tiken Jah, la chanson passe en boucle à Dakar, et dans le Saloum :
« Ouvrez les frontières, ouvrez les frontièèères ».

Pas de vent, il fait chaud, lourd, 35° à l’intérieur du carré, ce à quoi il faut ajouter la chaleur du moteur … « A poil » toute la journée (pas la nuit, si manœuvre urgente…) pour presque la première fois depuis le départ de France. Au début, même seul, ça me gênais, d’être tout nu, même là, tout seul. Etranges pudeurs ! Mais là aujourd’hui, même mes vieux caleçons de trois ans d’age trop confortables (d’au moins 3 ans, pas même acheté un slip depuis l’achat du bateau) me deviennent insupportables. Donc cul nu sur le pont Monsieur Dujon …

Je m’empiffre de Mangues, elles vieillissent si vite avec ces chaleurs. Roxane mange toutes les peaux (de Mangue) elle n’aime pas la chair du fruit mais les peaux elle « kife » trop, bon pour le transit ça Mam’zelle … Quant à mon transit perso, ben, il va vachement mieux merci : un peu bizarre « jaune » le binz, mais reconstitué déjà, c’est déjà ça, ça me rassure, pour l’avenir (intéressant n’est ce pas !).
En fait je suis pris d’une fringale pas possible, récupérer de l’énergie à tout prix … Fricassée de légumes (patates douces, oignons, carottes, piments frais, tomates …) et « pâté au jambon » frit, au dîner hier soir. Il en restait pour ce midi ! Coca cola et sucreries, les nuits, sont longues …
J’ai acheté 500 grammes de préparation « Bissap » (fleurs d’Eucalyptus séchées, complétées sûrement d’autres exotiques épices). Décoction dans le thermos, un demi litre d’eau bouillante, du sucre, ajouter une petite poignée de fleurs de Bissap et c’est prêt … Rallonger avec de l’eau froide de temps en temps, presque deux litres de boisson au goût de cassis. Excellent ! Pour le transit notamment ! Euh elle ne te viendrait pas de là, ta fumeuse courante, mon couillon ! Calme toi donc sur le Bissap mon Gilou …


19h15 N 15°21 – W 18°46 (-3 Nord et + 6 West)

Le signal de pression d’huile « mal faisante » clignote régulièrement sur le tableau de bord moteur. Vicieuse petite lumière rouge flamboyante dans l’obscurité naissante. L’aiguille de l’indicateur de chaleur est pourtant stable, chouya au dessus de 80°, comme dans la première demie heure de fonctionnement du moteur, normal quoi ! Inch’allah, ce n’est peut être qu’un mauvais contact, le moteur tourne peut être un peu trop lentement ??? Chier quand même !

Je coupe le moteur (durée 01h45, Cumul 13h15, Compteur 722.9h).
Penser à vérifier les niveaux demain matin, à froid !

Quasi pas de vent (1 à 3 nœuds) je parviens toutefois à caler l’Atao sur un Cap Nord Est, tout dessus (GV et Génois) à l’incroyable vitesse de 0.6 nœuds de l’heure. Au moins les voiles ne claquent pas, donc ne s’usent pas …

Demie lune montante, très brillante déjà levée. Chaleurs moites, je décide de dormir sur le pont. Duvet, coussin, lampe torche, un bon bouquin. Et ce collant « cahier plat » tout neuf déjà bien rempli, étrange manie que de raconter chaque seconde de sa vie … « J’ai le narcisse qui me démange alors je gratte un p’tit peu ». 11 000 connexions sur mon blog, mais qui donc a le courage de lire mes livides élucubrations, écritures instinctives, sans structures ni messages, juste un lancinant voyage …

Plusieurs bouquins sympas en ce moment, Dakar est la source des « « bourses d’échanges » de livres. Je me saoule des mots des autres, 3ème « overdose » de lectures depuis ma première arrivée au Sénégal, par paquets de 9 bouquins (c’est « mon stock » de bouquins « à échanger », mon patrimoine, ma richesse culturelle, ici bas) …
J’ai profondément vibré sur le vie de « Sir Francis » Chichester. Grand et humble marin devant l’éternel (s’il en est – hum - des humbles), mais surtout, dans sa jeunesse, pionnier de l’aviation civile, amateur ! Quand je pense que vous me traitez « d’inconscient » avec mon canote, mais lui, avec son avion « la bricole » c’est hallucinant ce qu’il a fait ! La mort, la vraie, radicale, rapide (le crash) ou horriblement longue (se poser dans le désert, la soif …), chaque jour frôlée, juste là consciemment : navigation à l’estime, survol de terres stériles, d’humanités cannibales. Se poser chaque soir « à la civilisation » et le courage de rembarquer, dès le lendemain, pour vivre son rêve, respecter sa parole, accomplir son défi, au mépris de tous les dangers juste évités la veille … Volonté d’acier, croire en la chance, non mais quel bonhomme ! Là total respect, et bonnet bas « Captain Chichester ». Il deviendra l’un de mes référents. Que l’on n’oublie pas cet homme !

Ce soir je termine un récit romancé sur le « développement du Mozambique ». L’histoire d’une concession privée, le « Prazo Borror » (1 million et demi d’hectares tout de même), le combat d’une famille sur deux générations, mi Européenne, mi Africaine, chaque individu « à moitié rien » - « à moitié roi » ; colonialisme « à la Portugaise » (z’étaient trop malin ces portugais, et assassins aussi, au passage). Une concession portugaise privée donc, de sa « mise en valeur » (« pacification » tribales, les premières boutures), les deux guerres mondiales, les diverses crises économiques; à, des millions cocotiers (déjà « transgéniques » à l’époque ou en tout cas bien « trafiqués »), des villes entières surgies de terre, dont les fondateurs 20 ans après, découvrent, avec stupéfaction, le résultat de leurs décisions, sur cette terre …). Quelle vie se devait être … Les chefferies, les maraboutages et les esprits, les famines, bref « Africa » de la genèse « au monde moderne », en quelques lignes, j’adore …

Jour deux, je n’avance pas, je m’occupe de mon mieux.
Radar et lampe à éclats !

Ah oui, le pilote électrique (Autoheilm 6000) fonctionne impeccable, quand le moteur tourne .. 5 minutes après l’avoir éteint (le moteur) le pilote « perd la boule ». J’ai donc acheté ces deux nouvelles batteries pour rien !!! Je hais ne pas comprendre, après 14h00 de charge au moteur elles devraient être chargée « à toc » ces foutues batteries. Et pourtant le convertisseur 12 V / 220 Volt fonctionne encore.
« La vérité est ailleurs » ! Passons …

Alleye, « A’d’t’aleur », va sûrement bien se passer encore un truc trépidant à raconter durant « la noche ».
Réduction de voilure pour la nuit (1 ris, Foc N°3). Pour l’instant vent 2 nœuds Nord Ouest.

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VENDREDI 31 JUILLET 2009

01h00 N 15°23 – W18°52 (+ 2 Nord et + 6 West, en 4 heures)

Je me suis endormi trois heures de rang, sur le pont, à la fraîche, c’est trop bon !.Et légitime je crois. Les deux dernières nuits à Dakar furent, avec les « tornades » passantes, chaleurs et odeurs de la terre, trop longues, vraiment lourdes suintantes … Hier soir, avec la proximité du port de Dakar, veille renforcée, le réveil « à sonner » toutes les 20 minutes, l’écran du radar constellé d’ombres « non fantomatiques » … Il fait si bon ce soir sur le pont ! Juste croisé « un passant de passage », un bon gros, gras, dodu pétrolier. Puis plus rien, j’ai craqué, dormir, à l’élastique. Le régulateur ne fonctionne pas avec un « mini vent » de 2 nœuds …

04h00, au réveil (hé oui je me suis encore endormi) voiles « à contre », cap plein Sud West (à l’envers quoi) ! Dérive faible mais consciencieuse, laborieuse ... Vent Nord Ouest toujours, mais il s’est levé à « 7 nœuds mon neveux ». Cap à l’Ouest désormais, 2 nœuds …

05h00 N 15°23 – W 10°10 (+ 0 Nord - + 18 Ouest)

Alerte rouge : Cargo à la trajectoire « coupante » à trois miles. Visible sur l’écran du radar, mais il n’a pas sonné le radar, l’alarme était pourtant enclenchée. Non mais pourquoi ça sonne pas ? Pour vous je sais ce « pourquoi » est complètement anodin, mais pour moi concrètement tout de suite ça veux dire : « réveil et tour de pont toutes les demies heures » ! Chier !

Miracle de la nuit, le vent s’est enfin levé, toujours NO, mais 10 nœuds, voire même « rafales » à 12 nœuds. Ouf quelques miles « naturels » pendant 4h00, 4 nœuds « de pointe » à l’élastique. Et moi j’ai pu encore dormir un peu, je me sens moins crevé, je récupère un peu « de la santé » (je grignote à longueur de temps). Le rythme de la vie en mer s’impose au corps, heure après heure : somnolences fréquentes, entrecoupées ; veilles sans (le) réveil …
Ecarts de « Cap quarts », je m’en carre, je me marre ….
Café, pain beurre, confiture, mangue …

07h00 N 15°23 – W 19°21 (2 heures, rien au nord, + 10 miles Ouest)
5 nœuds de l’heure donc, un cas « d’école » …

Point navigation en 24h00 = environ 70 miles, sur ma nouvelle destination W/NW : le Cap Vert (gasolina !).


Lever du soleil, coucher du vent (5 à 7 nœuds N/NO).
Troc de foc : N°3 contre Génois, vitesse 3 nœuds.

Vérification des niveaux du moteur. Pas grand chose « à signaler » mon Capitaine ! Toujours cette légère baisse du liquide de refroidissement (Petite fuite dans l’échangeur ? Perte par le trop plein du réservoir – « il faudrait ajouter un bac de décantation là », m’avait dit Aruna). Ca se gère, je suis au courant, situation « sous contrôle » … J’ajoute un demi litre pour 25 heures de fonctionnement (moitié liquide, moitié eau douce).

Quant à l’huile, je n’y comprends rien et ne sais que faire ! Le niveau est stable, déjà sur la graduation maximale de la jauge. C’est volontaire, pour compenser la gîte du bateau (moteur de voiture « marinisé », le carter et le système de pompe à huile n’est pas conçu pour la gîte). Le carter et la pompe de vidange sont récupérés de mon ancien moteur, ce sont exactement donc les mêmes niveaux qu’auparavant pour l’huile (mais bon j’ai déjà « grillé » un moteur, faute de lubrification). Je sais la profondeur de ce carter, j’ajoute donc en conscience un demi litre d’huile « pour voir », quitte à le purger de suite si rien ne change (vous savez la petite lumière rouge) … Je deviens parano avec ces problèmes de « lubrification », qui l’eu cru, il y a seulement deux ans !
Pompage eau de mer de fond de cale, niveau 1 (chargé le niveau, chargé : 70 litres mais en 24h00 ?)
Vaisselle, rangement, propre sur le pont, propre au carré, mangue, café, clop épissée, écritures.
Puis direction « le Mozambique » (en lecture je vous rassure), Je savoure et profite « taranquille » de ces fraîcheurs matinales, enfin de la navigation sans stress ..

09H45 Plus de vent, donc, en emmerdant bien bas par avance les patients « voileux » puristes critiques, je « lance » le moteur pour avancer un petit peu dans ce si vaste monde. Cool plus de lumière rouge, pour l’instant, à suivre …

Je démonte une fois encore le régulateur d’allure. Le pivot principal saute, il se dés-enclenche trop souvent, je le ré insère au tournevis, il re saute... Je parviens à reculer le « Fletner » et sa « bascule lestée » de quelques millimètres en inversant l’ordonnancement de deux rondelles (non mais qu’est ce qu’il ne faut pas faire dans la marine !!!). Petits coups de masses sur la tronche « au pivot d’inox », ça peux pas faire de mal !!! Je ré assemble le tout. Inutilisable pour le moment, moteur et Autohelm en route. Avec le moteur, par faible vent, le régulateur ne peux pas fonctionner (vitesse vraie ou relative, du vent, vieilles notions théoriques), à tester plus tard, le régulateur …

Petit repérage « à tout hasard »

Dakar N 14°38 – W 17°23
Actuellement N 15°26 – W 19°33 (+48N +180W)
Santiago (Praïa) N 14°54 – W 23°30 (moins30 miles Nord)
Sal (Palmeira) N 16°45 – W 22°59 (+79N +206W)
Sao Vicente (Mindelo) N 16°53 – W 25°00 (+87N +327W)


10h45 Test sans moteur, 1 nœud à la voile reprise du moteur …

Résultat des mes savants calculs, direction Nord / Nord ouest si je ne veux pas rater au moins Sal !
Praïa serait « abuser » redescendre déjà dans le sud de 30 miles.
Peut être Mindelo ?

11h45 Test sans moteur, idem

Mangé une Papaye tout à l’heure. Même cueillies mures sur l’arbre, décidément, je n’aime pas les Papayes. Surtout quand elles sont servies « chaudes tiédasses » à moitié pourries déjà … Ce goût sous la langue « trop sucré mais un peu acide », cette texture en bouche « adipeuse, molle et gluante », ce souvenir à la tripe « pénétrant et écœurant » … Tiens ça me rappelle quelqu’un ! Oh non pas « Elle », encore …

Stupide Pouffe toute vide,
Torride fouffe avide
Aride Bimbo morbide
Languide Nympho à rides
Candide acide, candide à pines …

Hey euh, Captain, front dépressionnaire à tribord, coté cœur, qu’est ce qu’on fait ?
Changeons de Cap, matelot, oui changeons de Cap …

Que dire là ? L’on me lis ? Salutations et amitiés à tous les « Bobas » de la terre. Qu’est ce qu’un « Boba » ? Ben un « Bobo » et un « Baba » à la fois, ne vous déplaise … Le saviez vous ? En Sénégalais « Bouba » signifie « gentil garçon ». Alors on se bile pas, on ne se crache pas dessus par écrans interposés, on se laisse vivre et on se tolère les uns les autres … J’me comprends ! Mon ancien patron disait « Ces messageries, c’est ce qui sert de courage aux lâches !!! » Pas con, mais je vous laisse à vos réflexions, profondes ...

Oui donc Papaye de merde ! Que j’enchaîne sur une mangue trop mûre ! Présage ?
Disons « prophétie » plutôt, putain deux ans déjà …


12h45

Je ne tente même plus le « sans moteur », vent diaphane
Moites odeurs, averses de sueurs, s’impose la chaleur
Soudaine torpeur, africaine langueur, océanes
C’est donc parti pour une quatrième heure
De moteur, profiter qu’il fonctionne encore, l’infâme


13h45 N 15°31 – W 19°51 (+5N+78W +/- = 21 miles)
Je coupe le moteur (4h00 – Cumul 17.25h – Compteur 727h)
Pas de petite lumière rouge. Chaleur stable à 80°.

16h45 N 15°31 – W 19°56 (+ 5 miles Ouest en trois heures)
Je craque, j’affale le Génois qui rague.
Et relance le moteur, au moins il aura refroidi …

18h45 Arrêt du moteur (2h00 – Cumul 19.25h – Compteur 729h)

Le vent se lèvera t’il cette nuit ?
Petit 4 nœuds N/NO, pour le moment les voiles battent « de l’air », portées par la houle. Trop lourde et trop longue cette bôme en « spruce », j’ai horreur de ça !

Premier nettoyage du cockpit cet après midi, dessablage, un peu de ponçage (le chantier continue) ... Nettoyer les lattes de teck du pont qui ont foutrement morflé en trois ans de perpétuels travaux. Et que je te sorte le moteur, et que je te le re rentre, et que je te le ressorte … Parfois au mouillage, à la houle, tout suintant de graisses et d’huiles avariées diverses. Objectif final, avant d’arriver en France, une dernière couche de lazure sur les bois durs, traitement du pont à l’huile de tek, dans le cockpit uniquement … J’ai le temps, il se trouve que je vais passer ma vie là, dans le mois à venir. Traiter l’intérieur du cockpit est vraiment particulier, c’est le premier endroit où les revêtement s’abîment le plus, un tel passage c’est salissant. Les passavants (la partie du pont, le sol quoi, sur les cotés de la cabine) sont régulièrement lavés par les embruns, ou les déferlantes, le bois se calcifie avec le sel, jolie couleur blanche de teck … Mais le cockpit n’est quasi jamais humidifié, protégé comme il est, c’est normal c’est le « lieu de vie » … Les bois donc se salissent, se dessèchent, s’usent désespérément vite et donc ne vieillissent pas de la même manière, à cet endroit … Donc solution « d’entretien » différente. Faut bien s’occuper tout de même …

Alleye je vais me préparer un petit Bissap pour la nuit (2 litres dilués).
Tout petit petit vent naissant, espoir du soir !


19h45 Un mile en une heure, je re craque et re balance le moteur …
Je me suis planté de 50 miles hier dans mon calcul de la position de Sal, encore 150 miles (Glups), m’ennuierais-je ? Troisième nuit de veille, mort crevé vidé, trop actif le jour, pas dans le rythme … Trop concentré sur « la barre » quand ça n’avance pas, inutile fatigue !
Analyse du problème, compréhension des contraintes, décision compensatoires, alors donc action efficaces …
Oui mais quelle action ?

Eteindre bientôt le moteur, affaler le foc, étarquer la grand voile au maximum pour éviter que la bôme « claque » et fasse vibrer tout le mat (usure et tension des haubans), barre calée au milieu, et aller dormir deux bonnes grosses heures, récupérer … On y va top chrono !



20h45 N 15°34’580 – W 20°13’525
Arrêt effectif du moteur (durée 1h00, Cumul 20.25h).

Réveil « à sonner » dans deux heures. Au pieu, au paddock, au schloff, et sur le pont siouplais, directement, à la dure, je suis vraiment exténué.

Vent N/NO – 3 nœuds.
A priori l’Atao, sous grande voile seule étarquée, fait face au vent.
Et (euh chier) Pompe de cale premier niveau (30 litres en 4h00 ????)


VENDREDI 01 AOUT 2009


01h45 N 15°37'933’’ – W 20°17'233’’ (+3.5N et + 3.5W, en 6h00)

Livré « à lui même », sous GV seule, l’Atao remontait le vent « tranquilloute biloute », dans la bonne direction donc … J’ai laissé faire 2h00 d’abord, puis deux autres et deux autres encore, je faisais semblant de dormir (hum) … Les jambes, le corps entier complètement engourdis d’une étrange léthargie. Suis je reposé, désormais, pas sûr ?
Toujours pas de vent …

Vers une heure du matin c’est Roxao qui me réveille. Elle hurle « à la mort » sur le pont ! Ce n’est pourtant pas encore la pleine lune … Y’a comme des « sons », comment dire, particuliers juste là. Ca sonne vraiment fort, très « vivant / présent / j’respire » comme truc, dans la pénombre immobile de la nuit, des baleines ?
Immobile(s) ! J’interroge le GPS, vitesse 0.03 nœuds !
Ce ne sont pas des dauphins, ça non, pour sûr ! Déjà, normalement, Roxao ne réagit pas comme ça, avec eux. Quand « y’en a » elle aboie « comme une folle » et c’est tout, contente de voir des « copains poissons », qui jouent avec nous.
Là, de suite, elle hurle « à la mort », ce n’est pas vraiment la même ambiance, voyez ?
En fait ces étranges chuintements qui résonnent là, nous encerclent totalement, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest … Ca « pchuitt » de partout les amis, un son grave, puissant, énorme ... Une dizaine (une centaine ?) de « gros fish » gisent là. Ils évacuent leurs airs juste là, sous mon nez, comme de gros pets « huilés », comme si « c’ »était assis là, juste à coté de moi ! Ca « sent fort » comme sur la plage de Dakar, le poisson pourri ! A trois ou quatre mètres pas plus, impressionnant de proximité, pour un marin solitaire, comprenez ... C’est bien normal que mon chien, « il » flippe … Et le patron, la pétoche ? Non non, pas du tout, pensez vous ! Juste le palpitant qui vibre à l’unisson du monde.
Il va vite le monde ces derniers temps, trouvez pas ?

« Elles » écoutent peut être la « chanson de Roxao » ces baleinounettes !
Salamaleikum les amies, maîtresses des flots d’ici et de là bas !
Et « Vive la vie », qui bat, qui bat, qui bat …

Mais trêve de rêvasseries « bigfischesque », je suis de « Cap Quart » moi ce soir, à l’élastique. J’envoie le Foc N°3, petite brise de 4 à 5 nœuds, 1.5 nœuds de vitesse pure ! Barrez vous, la poiscaille, de peur que je ne vous embrochasse, ou que je ne vous tamponnasse, au choix, de ma bolide et rapide barcasse, euh, de simples bois !


03h00 Moteur
04h00 Arrêt moteur (1 heure – cumul 21.45h)
07h00 N 15°30 – W 20°34 (+7N et + 74W – Bilans sur 24h00 = 77 miles)
07h30 Relance moteur et pompe de cale (30 litres)
09h30 N 15°34 – W 20°42 (+4N+8W)
Arrêt moteur (2h00 – Cumul 23.45h – Compteur 733.7 h)

10h30 N 15°34 – W 20°43 (+1m W)

Trompeuses lenteurs, le vent est rapidement remonté au N/NO, le bateau a suivi la remontée virant peu à peu vers l’Est. Faut vraiment jamais lâcher, tas d’enfoirés, moi j’aime dormir …

Vérification des niveaux du moteur, c’est OK, un verre d’eau pour combler le liquide de refroidissement. L’huile est claire, propre toujours à 7 mm au dessus de la jauge Maximum, normal quoi !

J’affale le génois, et relance Moteur …
La jauge de gasoil indique toujours le réservoir comme au ¾ plein. Selon mes anciens calculs, à trois litres de l’heure, avec ces 24h00 de fonctionnement présentement, j’aurais dû « bouffer » 96 litres déjà, être quasi « à la réserve » à l’heure qu’il est … Apparemment il n’en est rien, à suivre … Je sais que l’aiguille de jauge a tendance à rester « collée haute » très longtemps, puis de descendre très rapidement. Pour cause de la forme du réservoir je crois, qui rétrécit sur ses fonds. Trop tôt pour assurer un quelconque constat, une conclusion définitive sur la consommation de ce foutu moteur. En fait je ne l’ai jamais concrètement évaluée, cette consommation, ce sera l’occasion qui fera le larron ...

Cette mission, si vous l’acceptez, sera donc de :

Définir la consommation Gasoil, à l’heure
De déduire la capacité exacte du réservoir
De visualiser et d’analyser le comportement de la jauge
De vérifier si l’horodateur moteur est synchrone (avec une vraie pendule)

Impératif et contrainte, de base : Ne jamais « sucer » le fond de cuve (dépasser le haut du niveau « réserve » de la jauge) de peur de faire avaler par le moteur 12 années de dépôt divers de vieux gasoils réchauffés et décantés. Et, comment dire, le gasoil « d’ici » a parfois d’étranges, euh, consistances ... Je n’ai jamais pu la nettoyer cette satanée cuve ! Elle a été posée, puis fixée à l’arrière du moteur. Puis « l’on a » stratifié le fond du cockpit par dessus, aucun accès disponible pour les fonds de réservoir, à moins de tout faire sauter …
Long chantier pour un simple nettoyage préventif de cuve inox, trouvez pas ?
J’en entends déjà quelques uns qui grommellent …


12h30 Pompage de fond de cale (30l)

3 sandwiches composés : tomate, oignon, cornichon, pâté, beurre, vache qui rit, gros sel poivre.
Complets quoi !

17h30 N 15°34 – W 21°18
Coupage du moteur, ouf … (7h00, cumul 30h ¾),
Jauge du gasoil 4mm au dessus de la moitié du réservoir.

Enfin deux heures de vent. 15 nœuds, Nord Ouest, le pied, mer plate …

Deux heures riches d’enseignements. Avec ce vent, le régulateur fonctionne à merveille. Deux heures jouissives, recherches d’équilibres … Il renâcle, le bougre de régul’, parfois, il cherche à m’embrouiller « la tête » en inversant les données. Encore un qui me traite « d’incapable amateur sans talent ».
Il y a tant de temps que j’en rêvais, que je gambergeais de « comment que ça peux bien fonctionner ce binz ». Et puis avec mes heures « à l’élastique » j’ai pris quelques leçons d’avance en « théories d’équilibres » sur ce canote. Va plus me résister longtemps l’engin, il a déjà à moitié craqué, d’obeissances ! Je vais te réguler grave moi, foi de Captaingils !

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, une petite Dorade se bouscule sur la ligne de traîne. Un petit kilo de vitamines « en écailles », juste ce qu’il faut pour bâfrer comme il se doit (Roxao et moi), une fois la queue et la tête virée, pas de gâchis. A la peluche de légumes mon Gilou, ça motive son homme ça, croyez moi ! Fricassée de légumes donc, un peu de riz, dorade farcie à l’ail ; je m’applique comme un vrai chef !
La cuisine ça occupe la vie du bord (la vie tout court, aussi, je sais)…

Ah oui cet après midi, 4 heures de ponçage, lavage, huilage du teck du cockpit. Tout le monde s’en fous mais ça pète, trop joli …

Un cargo, 3 miles derrière, pour la première fois depuis … Deux jours ?
Une tâche sur le radar qui ne sonne pas. Mais pourquoi ?

21h45 Toujours au moteur, que nenni de vent !!!

Bientôt 33 heures de fonctionnement cumulées pour 88 heures de navigation (depuis Dakar). Donc, fait établi, 33 h * 4.5 nœuds (vitesse moyenne au moteur) représente 150 miles parcourus rien qu’avec lui, le moteur...

Distance entre Dakar et Sal environ 350 miles.
Distance entre ici et Dakar environ 260 miles.

Habile conclusion donc : en 55h00 sous voile (88 – 33) j’ai parcouru 110 miles (260 – 150) soit une généreuse moyenne sous voile de (110/55) 2 miles à l’heure.
Ca se tient ! Avec les louvoyages, les essais de régulateur (putain perdu 6 miles nord avec mes essais tout à l’heure) et tous les moments où je n’avançais pas, du tout …

A noter : depuis le départ je n’ai « gagné » que 50 miles vers le Nord, l’objectif final en fait ! Ne reste donc plus que 1450 miles pour les Açores, grumph … Tu ne devrais pas faire des points Nav’ si souvent mon Gilou, ça te fous le moral dans les chaussettes (non mais quelles chaussettes, je n’en porte plus depuis un an …). Et tu as flingué déjà plus de la moitié de ton carburant, grand stratège tacticien captain de mes fesses, va …


23h15 Arrêt du moteur (02h15 – cumul 33h00 – Compteur 742.9 h)
Tout petit vent Nord / Nord Ouest 4 nœuds, je vais tenter de faire du nord.

23h45 Rien à faire pour le Nord, j’explique vite fait, puis je dors ! Avec ce petit vent le régulateur a toujours besoin de 25° de battement sur le Cap voulu. Deux cap possibles donc (en incluant le débattement du régulateur), soit N/NE à NE/E, soit SSW/W à W/NNO. Je préfère la seconde solution, au moins je ne perds rien « au cap ». Tant pis pour ma recherche « du Nord ». Le risque c’est que si le vent descend chouya au sud (comme il a tendance à le faire depuis le début) l’Atao va lui aussi descendre par là !

La Dorade gigote encore dans mon estomac, elle était tellement fraîche !


DIMANCHE 02 AOUT 2009


05h30 N 15°21 – W 21°58 (Moins 7 Nord et + 30 west). Merde « mon » Nord !
J’enclenche le moteur de nouveau.
Pompage eau de mer fond de cale, j’avais oublié hier, Niveau 1 +, environ 55 litres en 17h00)

Croisé un autre cargo cette nuit, il est passé vraiment très, très près ! A dix brasses environ (non je ne sais pas combien représente, en mètres, une brasse, mais je trouve le mot trop classe, la longueur d’un bras je suppose ?).
Ce que je peux vous dire c’est que je voyais très clairement le grain de beauté sur la fesse droite de la femme du Capitaine, mais non je rigole …

Situation totale « sous contrôle », le radar l’avait repéré à plus de 14 miles de là et a daigné, enfin, sonner l’alarme !
Réponse au « pourquoi » (ne fonctionnait t’elle pas, l’alarme ?). Je crois avoir ré inventé la solution (je l’avais devinée déjà, autrefois, mais j’avais oublié).

Donc, très chers camarades lecteurs que je « pédagogise » à tout heure, la solution c’est : Au moment de régler l’alarme (Radar Furuno 1623), il ne faut rien d’apparent dans les 16 miles alentours, même si tu règles l’alarme que sur un périmètre (vide) de 3 miles autours de toi, Sinon ça sonne pas. C’est ballot, mais c’est comme ça ! Pour d’autres « leçons avancées » sur le maniement du radar Furuno 1623, vous pouvez composer le 3615 Captaingils (0.69 € la minute). Quel sens du buisness ce Captaingils …


07h00 Arrêt du moteur (2h30 – cumul 35h30 – Compteur 745.3 h)

Bonheur, un peu de vent ce matin (10 à 15 nœuds N/NO). Je redéploie « les grandes ailes » de l’Atao. Régulateur d’allure ça va être ta fête mon Coco ! On a deux mots à se dire tous les deux : « Fini la glandouille, tu vas te mettre au Taf et filer droit Noudoudiou ! ».
Vous n’en avez pas marre vous de ce « Noudoudiou » ? Moi rien que de l’écrire il commence à me gerber.

12h00 Reprise du moteur, rabats ton Génois …

Il est Midi seulement. Pourtant j’ai le sentiment d’avoir vécu 12 vies ce matin ! Qu’une éternité vient de m’effleurer, ou qu’un énorme bloc de « félicité » toute simple, toute juste, « tod fich – tod bôm » vient de s’écraser sur le coin de mon nez. Ca s’est fait « comme ça », par inadvertance, je ne m’y attendais pas …
C’était comme trois heures touchées par la « Grâce de Vivre » (remarquez là, la bonne utilisation des majuscules - lalala) ou un stock énorme de bonheur « en briques de pommes ». Comment dire ? Vous savez « parler des moments de joie », « tu sais c’est pas si facile » ???

Ca a été progressif, un genre de prise de conscience, que là, juste là, ce matin là, perdu au milieu de l’univers du monde, dans ce balaise désert d’eau, que je venais, en quelque sorte d’arriver quelque part ! Que je venais de réussir quelque chose ! Mais quoi ?

Au début, c’était « à la fraîche », soleil juste levant, mon café italien à la main (savamment mélangé au lait en poudre ré engraissé – ouais je m’y suis mis – plus les moyens de m’acheter du « Leche condensado con azucar »), et que donc peu à peu, je m’hypnotise sur la douce bascule du régulateur. Et que je te tripatouille un petit truc par ci, et que je te bascule la voile comme ça, et que si j’essayais de tourner un peu « de la molette » là, et tricher un peu sur l’aérien là pour gagner au cap est ce que c’est possible ?
Mais qu’est ce qu’il dit, le compas, là, si je fais tout ça …

« Frrr, Frrr, Frrr », un banc de poissons volants froufroute au soleil levant … Premières chaleurs matinales.
Le cul nu posé sur mon pont tout juste huilé, je teste (agréablement) les textures : grasse là où j’ai huilé, un peu rêche ici, où ce n’est pas encore fait !
C’est beau ces petites lazures mates brillantes, vraiment je préfère ça aux vernis !

Les tiroirs sont rangés, les coffres également. Les voiles ne sont pas si mal, après tout… Et tous les instruments fonctionnent à la perfection (sauf le frigo, cela va de soit, popome popome, popome popome, mais bon)…

Petit point de Nav’ du matin. Et merde, avec mes tests de régulateur j’ai encore perdu « plein de Nord ». Praïa est à 70 miles, à portée de main, un peu au Sud. Sal à plus de 120 miles au Nord / Nord Ouest, droit dans le vent, un jour, deux jours pour y arriver. Ce serait raisonnable d’atterrir là bas mais (ce n’était pas prémédité, le destin quoi !) … Merde Praïa je connais pas, je vais regretter toutes mes prochaines (futures, bien futures, c’est pas concret) heures de bureau, de ne pas avoir fait le détour.

Je suis un peu euphorique, c’est l’effet « régulateur » je crois. Putain la vache, ça va me changer la vie à bord, ce truc là ! Déjà là, bon dieu, qu’est ce que c’est plus tranquille ! Que « d’autres perspectives » offertes avec ce petit engin de rien du tout, ouvertes, pour l’avenir (tu rentres Gilles, tu rentres !).
Par gros temps ce sera tellement plus agréable, si ça marche ...

Décision du matin ! Je m’en fous, je file sur Praïa, je suis un homme libre !
Quand j’ai trop de bonheur dans le cœur en général je fais des conneries !
Mais cette bouffée de joie en virant au Sud Ouest. Tout petit vent mais j’avance quand même de bonne allure ; « bon plein arrière », comme ils disent ...

Je me rends compte que le chantier est fini en fait !
Je rentre désormais dans une logique d’entretien courant, de maintenance, mais l’essentiel de mes objectifs « de base » sont remplis. Je ne me rendais pas compte à quel point ce souci de régul’ me minait !

Hey Gilles, rends toi compte le bateau est enfin opérationnel, stabilisé, rangé, (et presque) étanche ! Où que je pose l’œil je sais que « c’est fait » ! Les rails d’écoutes boulonnés, le balcon redressé, les batteries sont neuves, chaque chose « a sa place », des vivres fraîches dans la cambuse, du pétrole dans la lampe. Ces petits détails qui tuent la vie, à bord, normalement …

Tu peux partir mon bonhomme, ton canote est enfin prêt ! Heuresement que je n’ai pas attendu, nom d’un sacripant (j’voulais pas dire « Noudoudiou »), pour partir, voulais je dire, et je suis toujours vivant, riche d’expériences, euh, variées !
Bon bien plus fauché du porte monnaie qu’à la base, mais quelle importance ce matin ?

Même Agnès peut même aller se faire défoncer le cul par l’équipe de rugby (de la Rochelle, de division 1) toute entière, je n’en ai rien à carrer, ce matin (argh ca fait du bien!!) ...

Mon chien chien il est toujours là !

Je file sur Santiago à 4 nœuds de l’heure. Mon corps comprend ce que signifie chaque vibration, chaque grincement de mon petit canote, ça me suffit ! Conditions de mer idéales pour « de la grande croisière ».

Bref, j’y suis ! J’ai la certitude que jamais rien ne sera pareil, depuis ce matin !
Même si je perds tout, au moins, je suis arrivé jusque là !
Là où je suis aujourd’hui, c’était possible d’y arriver, je n’avais pas rêvé sur « d’inconséquentes inconsciences » !

Car :

« °°°/°°° Le temps de rêver est bien court, que faut t’il faire de mes jours, que faut t’il faire de mes nuits, je n’avais amour ni demeure, nulle part où je vive ou meure, je rêvais comme la rumeur, je m’endormais comme le bruit °°°/°°° »
De mémoire, et même si quelques mots fourchent sur la fin, Aragon en paroles.
Bienvenu sur l’Atao, hombrecito ! »

Bon dieu ce que c’est bon « du bonheur ». J’arrête là, où je vais encore faire des jaloux (hihi) !
Où étions nous ?


14h00 N 15°12 – W 22°25 (Moins 9N et + 27W) - Arrêt du moteur (2h00)
Ce n’étais qu’une fausse alerte, de vent … Y’a rien, pétole, chaleur ..
Voiles qui claquent, ambiance de « fin du monde », la houle pour toute compagnie.

14h30 Relance du moteur, pilote auto, génois affalé …
Mais qu’est ce que c’est bon, en navigation, de n’avoir à pousser qu’un bouton pour « avancer ».

16h30 Photo du déjeuner et descriptif des « objets du bord », si j’y pense …

18h00 Stop le moteur (3h30 – cumul 39h30)
Même à réécrire c’est d’un chiant comme c’est dit, alors de le lire …
Juste pour « un peu de silence », petite sieste « d’avant la nuit »

21h00 N 15°04 – W 22°41 (-6N et + 8 West en 5h00)

Fin de sieste, bien dormi, merci chérie ...
Porto da Praïa à 40 miles dans mon Ouest. Si proche, si loin, demain matin ?
Je voudrais, dans l’idéal, mouiller juste « à l’aube », dans 10h00 donc. Ca ferait du 4 nœuds à l’heure, faisable non ? La question c’est avec quel « propulseur » ? Mer d’huile d’huile d’huile …

Je me demande bien où je serais rendu aujourd’hui, si je m’étais obstiné avec ce « non vent » à viser les Açores, en tentant d’économiser le carburant ? Peut être à un peu plus de 100 miles au Nord de Dakar, et surement bien « à l’Est », droit sur le (réputé mais très mauvais) « Cap blanc » ?

Reste 40 miles à parcourir, donc ! L’île de « Maio » doit se trouver juste là, à bâbord, à moins de 15 miles. D’ici pas une lumière, pas de phare « fonctionnel fonctionnant », pas un signe, même pas une petite pirogue de pêche … Rien, niveau humanité Walou, pourtant ce devrait être là, pas loin … Et si le GPS merdait ?

Alleye moteur, quelques heures encore …
23h00 Pompage fonds de cale (30 litres)


LUNDI 03 AOUT 2009


04H00 N 14°55 – W 23°12 (Praïa à 1 mile au Sud, 21 Miles à l’Ouest)
Plus que quatre heures ?

Il faut bien plus descendre « au Sud », pense à passer le « Cap » de « Ponta Maria Pia » (Ca me dit quelque chose ce nom, c’est qui celle là déjà ?), sinon tu te craches « au tas » (lucidité - sommeil) !
On n’y voit goutte de nuit, la lune se couche vraiment très tôt ces jours ci. Quelques lumières artificielles, là bas pas loin, me semble t’il, une rangée de réverbères ? Excellent repère pour le Cap (là faut pas y aller), rien qui ne ressemble à un phare « à l’horizon » en tout cas …
Prudence, arrondis d’au moins deux miles au « sud », tu sais, « la vie elle est si fragile » …

Le vent s’est levé vers deux heures du mat’, 15 à 20 nœuds Nord Ouest. Peut être l’effet « venturi » d’entre « les deux îles : Maio et Santiago ».
Réglage du régulateur d’allure, et des voiles dans le noir total, à l’aise Blaise, au toucher, à l’aveugle, à l’instinct, en trois minutes, c’est mécanique !!! Fierté d’être, c’est con mais « It’s workin’ » ! Bonheur total ! « Il » réagit vite et au quart de poil, avec ce vent, le régul’ de mon cul’ … Fini les 25° de variation de Cap, « nous » agissons sur 15 degrés désormais ! Et l’on pourra mieux faire, c’est sûr, de jour …

Un petit peu trop « à l’Ouest »,
Un petit tour sur « la molette »
Et ton bel Atao virera !
Choque un peu tes voiles toutefois

La grand voile pour « l’abattée »
Ou alors du foc pour « lofer »
Un petit ris pour tout équilibrer
Et voilà fils c’est trop bien joué

Cinq nœuds Cinq ça c’est du boulot
Y’a plus rien « à glander » sur c’te rafiot
Ecritures, sur ton blog va « faire le beau »
Jusqu’ici tout va bien. Il fait chaud


07h00 N 15°51 – W 23°26 (en approche, concentration)

Préparer le mouillage.

Chasser toute « Graine suspecte ». Douane active dans les parages, Praïa capitale du monde ? Je ne pouvais pas le dire avant, mais cette frousse au Sénégal, tellement « d’évidences », 5 douaniers à bord, suspicieux à mort, à tout retourner sans remords, n ont rien trouve … Un pote « Captain » s’est fait topé en Casamance, quelques verdures tout en évidence sur la table à carte!
Il s en tire par la negociation. J ai entendu parler de 1500 euros en cash, ça reste entre nous bien entendu, que la police sénégalaise ... Entendu dire qu’il était déjà en France, le pote Captain, à chercher du boulot ! A la reflexion (ecritures instinctives), au final , pour la police black, qu’est ce qu’y est le mieux, pour la vie, pour le monde ... Un toubab en prison ou un arrangement à l’amiable ?

Lever de soleil brumeux. Vue sur Praïa au petit matin, j’essaie la photo mais, comment capter la « beauté du monde » ? Epaves évidentes de ci de là, d’autres encore paraît t’il, peut être là, là et là (lalala), peut être pas ...


09h00 Nord 14°54'825’’ – West 23°30'490’’

Posé c’est mouillé !
Mais peut être pas, pourquoi pensez vous que je note les coordonnées GPS au mètre prés (dérive de l’ancre, c’est pas « au vieux singe … »).

Porto da Praïa, me voilà !
Ce que c’est bon, l’aventure …

Hey un détail « qui déchire » avant de clore ce « chapitre ». J’ai rien cassé ce coup ci, rien à rien ! C’est bien la première fois, ça se fête ? Plus rien ne sera jamais pareil depuis « l’autre matin ».
Je ne sais pas pourquoi, je n’aime pas ce mouillage !
Bon qu’est ce qu’il y a « à foutre » ici en une demie journée ?

Guides touristiques, douane, immigration, bière, photos, gasoil ?
J’ai sommeil, programme chargé !

Compteur moteur 757.1 h
Cumul heures de moteur : 48h00
(mais suis je donc encore assez lucide pour calculer ça, à vérifier ?)
Temps de traversée (350 miles) en 5 jours et 2 heures (soit 122h00).
2,87 Miles « à l’heure », record à battre, de lenteur …

12h00 Pompage eau de mer fond de cale niveau 1 (30 litres) !