18.8.09

Cap Vert Express

Pour une fois je me suis relu, le dernier « chapitre » ! Je sabre quelques phrases « à l’emporte pièce ». Honte sur moi, phrases à peine pensées, déjà écrites, nulles et consternantes ... Une de mes première censure, je sabre dans la masse. Je n’ose toujours pas lire plus haut, je m’attends à de sérieuses blessures, d’amour propre ...
Non non je vous jure c’est pas moi qui ai dis ça !!!
Séance de « recopie » aujourd’hui (15Août de la Marina de Mindelo – 20 € la nuit), profitant d’avoir l’électricité à bord. Panne moteur, régulateur arraché, la période « euphorique bonheur » aura été de courte durée, retour rapide à la « basse réalité ». Maigres notes en vrac complétées à l’arrache. Cap Vert en express …

Nous étions donc le,

Lundi 03 Août 2009
Praïa, Ile de Santiago, Cap Vert

10h30 donc, l’Atao est stabilisé sur son mouillage, voiles rangées, pont au clair.
Crevé, vanné, sur les nerfs, mais au fait : « Où est ce que je suis là, déjà ? ».
Café et guide touristique, lecture …
Normalement, si j’avais un peu plus de temps, je devrais faire un résumé succinct de cette lecture. Présentation de Santiago, histoires et particularités, ainsi que celles des autres îles capverdiennes « à portée » de mes voiles. Tenter de donner un peu de « fond » à ce texte à la con ? Mais bon c’est un journal de bord ça, pas un guide touristique … Toutefois en quelques lignes, pour appréhender « l’ambiance » ..

Praïa (« Porto de » et « Ciudad de ») est la capitale nationale de tout le Cap Vert. La ville la plus peuplée de l’archipel, 110 000 habitants se concentrent là, c’est la moitié de la population de l’île (de Santiago donc) dont l’effectif total représente (dit-on) la moitié du peuple Capverdien résident (après il existe la diaspora …). 25 % de la population du Cap Vert, toutes îles confondues, se concentre là, juste là (lalala), dans cette petite ville endormie sous mes yeux ébaudis ...
C’est paraît t’il la ville la plus « Africaine » de l’Archipel, à la croisée de tous les chemins migratoires, Praïa c’est surtout un immense port de commerce, une porte ouverte sur l’Afrique, un énorme aéroport « de fret » …

Chaleur moite, une route 4 voie (défoncée) passe juste là, en bord de mer, qui rend le mouillage particulièrement bruyant, grinçant, odorant, désagréable … Brouhaha urbain bien barbant pour un gars qui vient de passer 5 jours en mer, surtout au sortir d’un stage de presque un mois de l’étouffante Dakar !

Je n’aime pas ce mouillage, les instructions nautiques en signalent que les fonds, de l’eau (vase et graviers), sont de très faible tenue (pour l’ancre), surtout par vents de sud, qu’ils sont jonchés d’épaves les plus diverses (oh non pas encore une fois …). Dernier petit encouragement : surtout ne jamais laisser le bateau seul par vent de sud ! Facile à dire, moins à faire … Et puis la délinquance probable aussi, vols à envisager..
Trois ou quatre voiliers aux alentours, tous « abandonnés », visiblement en hivernage sur « corps morts » les veinards, et c’est tout… Quelques épaves rouillées de vieux cargos sur la plage.

La vue d’ensemble sur le centre ville est un peu oppressante : l’immense « Plato », l’ancienne ville fortifiée surplombe la plage, écrase l’espace. Tout autours, à perte de vue, de petites falaises puis collines douces sur lesquelles se greffent à perte de vue un amalgame de bâtiments hétéroclites jamais terminés, très colorés certes, mais dont la « vue globale » dirais je est : « bof bof ». Ca ressemble beaucoup à la « Goméra » aux Canaries, mais en plus moche.
De suite je sais que je ne vais pas m’éterniser ici. Je sais que les paysages de l’intérieur variés et très représentatifs des reliefs de l’archipel, mais de toute façon, je ne laisserais jamais mon bateau là, sans surveillance.

Santiago est l’une des trois seules île de l’archipel, avec Sal et Sao Vicente, où l’on peux officialiser (douanes) son entrée au Cap Vert. Je suis là pour ça, donc … Débarquer, s’occuper au moins de ça aujourd’hui, malgré la fatigue cumulée !

Je n’ai plus d’annexe (fond décollé), je pourrais gonfler les boudins, ramer à califourchon dessus, beaucoup de boulot pour pas grand chose. Je prépare mon sac (papiers, appareil photo, laisse pour Roxao) et guette « la circulation sur l’eau ». Une première barque s’arrête, ils « osent » me demander « Um Quiniento » (500 escudos – 5 €) pour me débarquer sur la plage à 50 mètres de là, je décline la proposition, le sourire grinçant … « Bienvenido a Santiago ». J’attends une demie heure de plus, un Zodiac passe, je négocie « l’aller et le retours » contre un paquet de clop sénégalais, là c’est mieux !

Débarquement en plein cagnard sur la plage de Santiago, « Clic clac » photos.
Les administrations sont fermées jusqu’à 15h00, je m’offre, avec ma fidèle Roxao, la grimpette jusqu’au « plateau », le centre historique de la ville, l’endroit « le plus animé » de la ville où se concentrent les commerces, la présidence de la république du Cap Vert, le lycée, l’hôpital et surtout les marchés !
Place Albuquerque, « cœur de ville », jolies maisons aux façades sobres, colorées très bien entretenues. De cette architecture portugaise très « ouverte vers l’intérieur », l’on devine parfois des patios splendides, d’exubérants jardins intérieurs, mais pour le promeneur pressé que je suis difficile de s’introduire là … Il faudrait un guide, prendre le temps … Le marché aux légumes, un petit restau « Catchupa - Super Bock », je descends le plateau par le Nord. Et là je « tombe » sur le grand Bazar, le marché de « Sucupira », l’immense marché dit « aux bidons » (ces bidons seraient des colis envoyés par les familles expatriées aux états unis et en Hollande), où le trouve « du tout » et « du rien » aussi, surtout. Mais l’on voit là également énormément d’Africains Ghana, Nigeria, Sierra Léone … Traversée du marché avec Roxao, sans laisse, il est plein d’autres chiens, sportif mais « à l’amiable », Tod Bôm, tod Fich ... Je n’ai rien acheté, envie de rien …
Je cherche le bureau de l’immigration, de l’autre coté de la ville, au terminal du Ferry, je m’y rends à pied, ça me fait la visite. Un douanier type bon pépère trop malin me fait poireauter, hésite, je suis vraiment son débiteur, il remplace un collègue absent, il n’a pas vraiment le droit de donner un coup de tampon, vous comprenez ??? Bref je me fais extorqué 1000 escudos (10 €).
Puis direction les affaires maritimes, coté opposé de la ville bien entendu. Taxi (200 Escudos), papier d’entrée pour le bateau (650 esc).

Il est quasi soir déjà, je suis nerveux, le vent a tourné sud. Il est surtout bien monté en puissance, effets thermique à la tombée de la nuit ? Je rentre au bateau me prépare le dîner.
Je prévoyais de partir le lendemain à l’aube avec l’Atao pour Cidade Velha, à 10 miles plus au Nord. C’est l’ancienne capitale historique de l’Ile, la « première ville de la première colonie » du Cap Vert, où l’on trouve notamment la plus vieille cathédrale d’Afrique (pas rien ça niveau mystique), où un mouillage (difficile) semble envisageable, par bonnes conditions météo.

Mais les conditions ne s’arrangent pas, pas gagné pour le mouillage demain. Ca souffle fort, du sud, vers la terre, à la bascule de vent je me retrouve vraiment près de la plage, de roche à cet endroit. Lumières et sons de la ville trop proches également. Je suis archi claqué mais il faut partir je le sens, plutôt mal dormir en mer que de dormir ici avec l’angoisse de la cote proche.

Je hisse la grand voile sous deux ris, prudence, moteur, relever le mouillage, vent de travers la baie est large. Tant pis pour Cidade Velha, adios Santiago, direction Fogo à 70 miles de là, plein ouest … Il doit être 22h30


Mardi 04 Août 2009
Navigation : Santiago à Brava

Quasi aucune note sur cette traversée, la navigation en fait n’a rien eu de .. Bandant. A peine sorti du port le vent tombe, se réinstalle « à l’ouest ». Sommeil haché, répétitif, toute la nuit. Le vent tombe très rapidement, presque complètement. 6 heures de moteur de souvenir, grand voile en soutien.
67 miles entre Praïa et Fogo, mais « Porto de los Cavalheiro » le seul mouillage a peu près sûr de l’île se trouve sur la cote Ouest, joli détour.
Au matin vers 10h00 Fogo est en vue, petit vent N/E force 3 établi, je suis tranquille « dans les temps ».

Chemin faisant, je re épluche mon guide sur le Cap Vert. Le descriptif de l’île voisine de Fogo, Brava, dite « la sauvage », me tape fort dans l’œil ! 11 Km sur 9, soit 67 Km² toute mouillée, minuscule ! Elle culmine à 965 mètres d’altitude, volcanique comme il se doit. C’est, cf le guide, « la plus isolée et la plus inaccessibles de tout l’archipel », la seule sans aéroport. En fait il existe une piste mais bien trop dangereuse pour du transport de personnes, fermée définitivement. Un ferry par semaine donc ! Brava, un mystère même pour les capverdiens, 6820 habitants, pas la foule. Le village de « Porto da Furna » sur la photo du guide est vraiment jolie.

Le descriptif du port de Fogo est bien moins sympa, un bout de jetée sur un vague terminal pour ferry. La capitale « Sao Filip », à 4 Km au nord du mouillage ressemble vraiment fort à … Une autre grosse ville, la troisième la plus peuplée de l’archipel. Entre mon séjour à Sal, ce bref passage à Praïa je me sens un peu frustré, le sentiment de n’avoir jamais approché du « cœur de la vie capverdienne » … Il n’est que 11h00 du matin, survente sous le vent de l’île de Fogo, Brava n’est qu’à 15 miles, c’est vendu ! Emballez c’est pesé nous prendrons donc ce jour la direction de « Brava, la sauvage » …

Vent de N/E dominant . Je passe donc sous le vent de Fogo, le vent tombe, normal ! Quel crétin ! A retenir pour la prochaine fois, passer au vent m’aurait évité ce présent « déventement ». Les derniers miles sont hachés, à chier ! Le « chenal » entre les deux îles est réputé tourmenté, mer courte, vents tournants et variants d’intensité. Je confirme …

Vers 16h30 seulement l’entrée du port de « Furna » se dévoile. Ouais c’est trop joli !
Premier repérage vers le lieu d’amarrage du bateau, l’œil rivé au sondeur. La manœuvre est simple, il suffit de planter l’ancre à 40 mètres du rivage par 5 mètres de fond, puis d’amarrer par l’arrière une aussière de 30 mètres à un gros bollard sur un petit quai distant. Des jeunes plongent récupèrent mon aussière et la porte à terre où il la fixe, génial. Je leur donne 20 escudos à chacun, ils semblent en être satisfaits.
L’Atao est le seul voilier là, l’endroit est magnifique. Jeunes et moins jeunes se baignent autours de l’Atao, sympas et rigolos, accueil vraiment très cordial. Le mouillage est vraiment sûr, sauf si le vent souffle au sud. Ce soir là coup de vent en mer, les éclairs claquent, mais du Nord Est, pas un frémissement d’air ou d’eau dans ce petit port encaissé.
Toujours pas d’annexe mais qu’à cela ne tienne, j’enfile mes affaires dans 5 sacs plastiques puis sur une bouée. Je chope Roxao par la peau du cou et la balance de suite à la baille, surprise … Je plonge, mon barda en main, me tirant sur l’aussière vers la terre, Roxao me laboure la peau du dos pour se sécuriser un peu. Pas encore une grande championne de natation ma parisienne …
Petite Cachupa dans un « restau » local (je suis seul dans la salle à manger, jouets d’enfants, fers à repasser). Les gens sont adorables, ils ont des gueules terribles, hommes et femmes, pêcheurs, vieux, beaucoup de gamins, pas de vols ici tous se connaissent.

J’ai adoré, vraiment adoré les 2 jours / 3 nuits que j’ai passé à Brava. Ca valait le détours, pour sûr …


Mercredi 05 Août 2009

Journée tranquille « au mouillage ».

Je passe la matinée à recopier mon texte de la traversée de Dakar, d’un petit troquet avec vue sur la mer (et l’Atao), cerveiza …

Début d’après midi, je cherche et trouve enfin le représentant des « affaires maritime Capverdiennes » qui se cache « quelque part » dans le village. Il parle un peu d’espagnol un peu d’anglais on se comprend … Documentos ok, déclaration d’entrée dans l’île : 750 escudos.

Je traîne et rêvasse sur le bateau un peu. Je me baigne.
La journée passe, je récupère …


Jeudi 06 Août 2009

En début d’après midi je prends une « aluger » une voiture « à louer » collective pour Nova Sintra, la « ville jardin », où l’on peux trouver « la connexion » : météo, envoyer mon texte …

Ballade dans cette merveilleuse petite ville de moyenne montagne de Nova Sintra, chaque maison a son jardin, cultivé et entretenu, chemins en pierres pavés, cet arbre aux grosses fleurs rouges dont je ne connaîtrais probablement jamais le nom, ces cultures harmonieusement étagées, réparties en semi bocages.

Je rentre dans un café, trois bonshommes, natifs de l’île pour sûr, trois vies terribles : l’un est « cuistot » sur des cargos de fret - sans emploi actuellement, l’autre électricien à la retraite dans le Massachusetts où il a laissé sa famille, le troisième parfait musicien j’en suis certain, patron du bar ici présent... Je me présente marin, je paie une tournée. Je n’en paierais qu’une ! Et qu’ils ferment le magasin, et qu’ils sortent une putain de bouffe poisson corail et soupe patates hyper pimenté, et petits grogitos et grosse rigolade...
J’ai adoré ce moment ! Ils me ramènent en voiture à l’Atao, je les invite à bord pour un dernier verre, nous louons une barque de pécheur pour l’occasion (200 escudos pour la mettre à l’eau, nous attendre … 2 €).
J’ai trouvé internet là haut, dans la montagne !
Et un « trop plein » de photos du Cap Vert que je vous balance ici bas.

Fête au village de Furna, le soir : tambour, procession des femmes surtout …
Les hommes sont là, boivent des grogs !
Je ne traîne pas trop ce soir, Roxao et moi même rentrons à la nage, ça calme !


Vendredi 07 Août 2009

J’étais censé partir ce matin là, mais j’ai re plongé (avec Roxao) dans cette eau si pure, il fallait dénouer l’aussière pour pouvoir la hâler du bateau. Lumières crues du matin, nous traînions dans le village, jolie petite église, photos, café ...
Mon pilote « d’aluger » d’hier me retrouve et m’extorque 1000 escudos (10€) pour privatiser son tacot pour traverser l’île complètement, jusqu’au troisième village de Brava : « Faja de Agua ». C’est le second mouillage alternatif de l’île, je reste sous le charme, d’autres photos ...
Retour par Nova Sintra, l’Aluger plein à craquer de gens, de marchandises, de rencontres … Bon pas privatisé à 100 %, mon « aluger », mais je n’aurais échangé cette balade contre rien au monde …
Au retour, Live Band au village. Un groupe de l’île de Fogo, plutôt Rap comme genre de musique, les jeunes sont hystériques, les filles dansent, les hommes boivent des grogs, les plus jeunes des bières …

Hors du temps, mais dans les temps cette petite île de Brava !!!
Mon meilleur souvenir jusqu’ici du Cap Vert.


Samedi 08 Août 2009
Traversée Brava / Fogo

A contre cœur, je lève l’ancre, départ de Brava.

06h00, soleil levant, direction Fogo 10 à 12 Miles de Nav’.

Quasi pas de vent, mais je maintiens le Cap, plein Est, « sous voile » jusqu’à l’arrivée, pas pressés, mer hachée.
Au moins trois heures plus tard, arrivée à « Porto de los cabalheiros » sainement, tranquillement. Je garde un foc pour la première approche du port, en apprécie les fonds au sondeur. Même principe qu’à « Furna » l’ancre à l’avant, une aussière à l’arrière frappée au quai. Des petits jeunes sont là, prêts à bondir à l’eau … Demi tour, j’affale toutes les voiles, prépare le mouillage et au moteur seul, que c’est doux d’avoir un bon moteur, seconde approche plus serrée du quai, je lance mon amarre aux jeunes et sur ma lancée pose délicatement mon mouillage à trente mètres du quai. Merde pas assez loin, si l’ancre ripe je ne pourrais reprendre suffisamment. Je m’en occuperais plus tard dans la matinée.

Repas. Rangement du pont. Lecture des guides.
J’irais visiter Sao Filipe dans l’après midi, et si possible, un samedi, faire ma déclaration d’entrée dans l’île. Toujours pas d ‘annexe, on plonge avec mes sacs plastiques (bon dieu je savais bien que ce grand sac étanche 25 litres que je n’ai pas acheté à Décathlon autrefois, allait un jour me manquer) …

Sao Filipe. Sans commentaire, carré comme une armée, coloré comme un pompier, austérité évangélique d’une population vivant sous le feu du volcan. C’est presque trop propre, il pleuvait cet après midi là. Beaucoup marché ce jour là, dans les hauteurs de ville, sur l’immense plage de sable noir.
Le bureau des affaires maritimes fermé.
Quelques courses, une cuisse de poulet congelée du Brésil, je les avais oubliés celles là !
Fin d’après midi, retour aux « Cabalheiros ». La plage est noire de monde, juste devant l’Atao, seul voilier présent. Des Jetski s’accrochent à sa proue. Fin d’après midi populaire, délicieuse …

Retour au bateau, en Jet Ski …


Dimanche 09 Août 2009
Fogo

Le vent a forci un peu, presque Est / Sud Est, je n’aime pas beaucoup …
Je laisse Roxao au bateau, à terre à la nage, séchage, habillage, café sur la plage …
Aluger (1 €) jusqu’au centre de Sao Filip. Mon objectif et de me rendre dans le village de Portela, le camp de base pour l’ascension du « Pico », dernier point accessible dans les montagnes par la route, puis de sagement redescendre en voiture.
C’est Dimanche, peu de taxi ce jour là. Vers 15h00 j’arrive au village « Achada Furna », déjà dans la brume. Monter plus haut ne servirait à rien, aucune visibilité. Et puis pas sûr que je trouve un véhicule pour redescendre. Par endroit le vent souffle fort, plutôt sud, je n’aime pas ça. Le port est franchement ouvert au Sud Ouest, pas protégé du tout si le vent venait de là. Et puis l ‘appareil photo tombe en « carafe », d’énergie … Alors je décide de rentrer, un aluger passe … Je sympatise avec un gars, Claudio, qui m’invite chez lui en redescendant sur S Filipe. Petite Cachupa avec sa femme, son gosse, la famille.
Ce soir Claudio part « en fête », c’est Dimanche après tout. Tour du village pour aller prendre une douche, chez des particuliers (20 escudos + un grog). Il y a un « Grand bal » à « San Laurenzio », 10 kilomètres dans les montagnes. Le vent s’est calmé, je le suis … Aluger, groguito à foison, bal de campagne, musique techno africaine, on ne s’emballe pas.. « Pinch » (brochettes) de poulets, une bière, un grog, un pinch …
Je perds mon Claudio dans la soirée, il partait voir les filles je crois …
Retour brumeux, en Aluger (100 escudos).
Je n’ai pas dépensé 1000 escudos de la journée (10 €), repas grogs bières transports inclus ...
Retour sur l’Atao « à la nage », ouch ça réveille !
Le vent plutôt Sud a bien forcit, je suis contraint de reprendre quelques mètres de chaîne sur le mouillage pour éloigner l’Atao de la jetée. (Hum Hum).


Lundi 09 Août 2009
Traversée Fogo / Sao Vicente (jour 1)

Réveil glauque, le grog de Fogo estréputé de par le monde paraît t’il !
Fait mal au nez le lendemain, comme tous. Pas d’alcools forts Gilles tu le sais !
Ca piaule un peu dehors : café ou coup d’œil ? Café !

La chaîne s’est encore détendue, le vent est franchement sud. Une petite houle vicelarde rentre dans le port et pousse l’atao peu à peu vers la jetée, juste là à Moins de 20 mètres désormais. Je n’ai toujours pas fait remplir mes « documentos » par les Autorités maritimes de Fogo, pas payé ma dîme locale, c’était encore fermé hier, Dimanche. Je ne sais pas « ce que je risque » de partir sans ces papiers, illégal ? Je n’ose pas non plus quitter le bateau, ça secoue drôle quand même.

20 puis 25 nœuds de vent, Sud de plus en plus Ouest me semble t’il. J’angoisse un peu, même avec le moteur ça va être « coton » pour étaler ce vent et sortir d’ici. Je gréé le bateau au cas où, deux ris dans la grand voile et tourmentin parés à envoyer, au cas où … Ca secoue, je reprends encore de la chaîne, pas sain pas sûr, l’ancre peu à peu rippe, chasse, part en goguette, ça pourrait lâcher d’un coup de quelques mètres … J’attends encore un peu, 10h00 puis 11h00, aucune barque ne sort aujourd’hui, personne sur la plage. Hum.

Vers midi je craque, tant pis pour les papiers, le bateau avant tout. Je ramène au Winche l’aussière du quai que j’avais eu l’intelligence de doubler la veille, dans l’optique de cette manœuvre. J’envoie le tourmentin sans le border, puis lance moteur, « à hisser le mouillage » une fois encore mon Gilou. Là désormais j’ai le coup de main, je force mille fois moins « qu’avant », même avec ce vent …
Sortie du port facile, en deux bords tranquilles. Je hisse la grand voile (2 ris donc), m’éloigne peu à peu de la côte par vent de travers, puis presque dos au vent, plein Nord, direction Sao Vicente (ou peut être Sao Nicolau – si les vents avaient la bonté de m’y pousser, avant la nuit demain soir, une étape d’une nuit peut être, voir Tarrafal, qui sait ?).

Tester le régulateur par vent établi, presque au largue, chouette !

J’installe « le binz », chauffe « de la roulette », me retourne vers le compas pour vérifier le cap et là « Tchank Gling gling». L’inattendu, l’improbable encore une fois, se produit ... Le contrepoids de la pale aérienne du régulateur se dessoude de son axe. Dis moi pas que c’est pas vrai !!! Je l’ai regardé mille fois ce truc, c’est soudé, ça ne peux pas craquer, casser, se corrompre. On ne peux pas envisager, prévoir ce type de casse, seulement, juste … Le vivre ! C’est vite vu, c’est irréparable à bord, trois petites soudures inox seront nécessaires. Trop lourd pour utiliser une quelconque colle, pas assez d’espace pour glisser deux petits boulons. Vent au cul (20 à 25 nœuds), route instable par cette allure de largue, il faut tout démonter, pour ne pas perdre de pièces. Plus de régul’, au moins 150 miles à se taper, à la mano, en vent arrière !

Durant deux heures l’Atao déboule à plus de sept nœuds, grisant … Puis l’on dépasse les îles (Tjs Fogo et Brava), le vent cesse puis se réinstalle Nord / Nord Est paresseux, force 2 puis 1 …

14h00 N 15°10 - W 24°15
15h00 Encalminé de nouveau, mer formée sans vent c’est chiant, je relance le moteur, pilote automatique, ouf, à manger …


16h30 Je me laisse porter, petite sieste sur le pont, vérification de la ligne de traîne, bien arrimer le mouillage, libérer un ris, petits réglages.

Et là, comme dans mes plus mauvais rêves du moment : Le moteur broute, une fois, frissons dans le dos ! Broute deux fois, merde merde, remettre des gaz vite ! Avant que je ne touche à la poignée de l’accélérateur, le moteur monte brusquement dans les tours, 5 secondes, puis il cale … Nooooooon … En plein fonctionnement comme ça, à chaud, un moteur qui s’éteint c’est … Pas bon signe du tout !

Je tente de le redémarrer. Il geint, il couine, il « teuf teuf teuf », il se refuse …
Mal au cul ! Réfléchir. Ne pas vider la batterie stupidement !
Et d’ouvrir pour la douze milliardième fois son joli capot en bois, il gît là, dans son berceau orange fluo de minium, propre comme un sou neuf, soigné bichonné comme une pouliche de luxe, sans un souffle, silencieux, comme tout mort … Je le caresse, je le cajole, je le supplie, j’y fous un putain de coup de pied dans les « glaouis » mais rien n’y fait. Plus de moteur ? (Horodateur 782.5 h - 73h00 de fonctionnement depuis Dakar – la jauge du réservoir indique encore le 1/3 plein, bien au dessus de la réserve).

Un Iceberg se glisse dans le fond de ma culotte.
En un instant, comme dans les films, je révise en flashs successifs, le cours de cette année de croisière, ponctuée de ces pannes moteurs à répétition, où chaque fois de battre, mon cœur s’est arrêté : son absentéisme durant tout Gascogne, sa rupture d’arbre à cames à Madère, sa noyade à la Goméra, son « grillage » de démarreur, son re soudage de col de cygne, son arthritisme de coussins de bielles, son perforage de bielle, ses « hôpitaux » variés, la recherche du bon chirurgien « à la voile », son opération « à cœur ouvert » à Dakar, puis le coupe circuit moteur, puis le contacteur, puis l’alternateur, puis la pompe à eau de mer …
La pompe à injection maintenant ? Y’a peut être moyen de monnayer …
Un rigolo ce moteur, petites misères en boucle, mais jamais il ne frappe deux fois au même endroit.
Je hais la mécanique !!!

Y’a de la compression, y’a du démarreur, y’a de l’huile et du liquide de refroidissement, la pompe à eau de mer fonctionne, elle reste froide au toucher ... Je fais comme une « fixette » dans mon diagnostic, je l’ai juste écris il y a quelques jours dans mon « journal », un problème de circulation du gasoil (j’avais jamais eu droit à ça !), une merde dans le fond du réservoir aurait tout bouché, gasoil africain malsain…
Plus de gasoil ? La jauge pourrait être faussée, 73h de fonctionnement tout de même !
J’entends pourtant un joli clapotement dans le fond du réservoir de gasoil, avec la gîte peut être que « ça » se désamorce ? Je rajoute 20 litres de mon bidon de secours : aspirer dans un tuyau une bonne goulée de gasoil (argh) et laisser couler en maintenant le tuyau bas et le bidon « en l’air ». Roulis, nous sommes « au près », à l’élastique (le pilote automatique a sonné « à la perte de cap » 3mn après l’extinction du moteur), quelques vagues déferlent sur le pont, l’eau de mer ruisselle tente de s’infiltrer dans la buse du réservoir de fuel, ah non pas ça … Mais qu’est ce je fous là ? C’est fait !
Le moteur ne démarre toujours pas. Désamorcé, une bulle d’air ? J’espère que ce n’est que ça !
Plus de moteur, « once again again » …

Nous ne passerons donc pas par Sao Nicolau, Cap direct sur Mindelo, où les chances d’y trouver « de l’aide » (marre d’appeler les secours) y sont fort plus probables …

Une ch’tite dorade s’offre sur la ligne à la tombée du jour. Chouette, c’est vraiment sympas une « dorade coryphène », j’en pêchais si souvent dans mes rêves parisiens.
Elle est là, mais j’ai comme une drôle de flegme pour la préparer, pour une fois ...
A la barre, jusqu’à minuit. En fait je dors sur le pont, un pied sur la barre pour corriger les « fautes d’élastiques ». Pas besoin d’ouvrir les yeux, petit « clap clap » du foc c’est qu’on remonte trop au vent il faut abattre, petit surf du cul de l’Atao, vent arrière « à lofer ».

Mal au ventre. Cette fois ci niveau moral, je morfle.
Pas dieu possible, que ce soit possible une poisse pareille …


Mardi 10 Août 2009
Traversée Fogo / Sao Vicente (jour 2)

Plus de régul’, plus de moteur … Le temps de rêver est bien court !

02h00 N 15°48 - W 24°45 Plus de vent
08h30 N 16°05 - W 24°40
Pompe de cale, niveau 1 plus (60 litres). Tiens, oubliées celles là

Dans la houle, « Chasse à la bulle » dans le moteur.
Je pompe, je nettoie les deux filtres gasoil. Je gamberge, je n’y comprends rien …
Ca marche pas.

12h00 N 16°22 - W 24°45
15h30 N 16°36 - W 24°50
Pompe de cale, niveau 1 plus (50 litres) en 7 heures

Sieste sur le pont.

17h00 « Los Ilheus » de Sao Vicente, Santa Lucia et Branco sont déjà « à vue », déchiquetés et arides à mort, jouli minéral quoi ... Bonne moyenne tout de même, 130 miles depuis Fogo, en 27 heures, malgré pas mal de calmes plats, parfois « ça avance bien » tout de même.
J’aurais eu un moteur j’arrivais le soir même à Mindelo en ligne droite en passant entre Santo Antao et Sao Vicente (où les « surventes » sont réputées), avec un moteur on ne se pose pas trop de questions. Mais bon là !

Je n’arriverais pas au port de jour. Il me faut de suite envisager « la nuit » en mer.
C’est là, à ce moment là, que j’ai pris une vraie mauvaise, dangereuse, décision de marin.
J’en ai bien conscience, vous verrez par la suite …

Je décide « d’aller voir », l’entrée du port de Mindelo, il me reste presque quatre heures de jour, quitte à passer la nuit à « capeyer » (je crois que ça se dit) devant le port en attendant le jour, autant rendre la chose agréable en longeant cette île inconnue au coucher du soleil … Petit repérage, puis je me cherche un petit coin tranquille pour aller dormir, au large.

Je m’engage donc entre Sao Vicente et Santa Lucia, un chenal de 4.5 miles les séparent, c’est large ! Juste ne pas s’approcher de la « Ponta Viana » dont les hauts fonds se prolongent sur 1 mile à l’Est de S. Vicente, préviennent les « instructions nautiques » (Guide « Imray », Iles de l’Atlantique, depuis le début merci à lui).

18h00 Pompe de cale, niveau 1 (30 litres) en deux heures ???

Vent faible et perturbé, mer courte et hachée entre les deux îles « on s’en doutait bien !». Mais petite cerise sur le gâteau ce soir, il est là un mignon petit courant, contraire bien sûr, de 2 ou 3 nœuds, qui me repousse au large, vu ma vitesse « de voiles », je compense mais n’avance pas … Stagnation, la nuit tombe !
Même en voiture, je n’ai jamais aimé conduire la nuit. Toujours ma (très) mauvaise myopie, les lumières artificielles m’éblouissent, j’y perds de l’équilibre, beaucoup de mon sens de l’orientation …
Je me souviens de ces nuits en mer, charentaises, illuminées … Et que ça te clignote à la fréquence de la bonne période par ici, et que ça t’occulte en rythme par là ou qu’on te sectorise en gammes de couleurs selon ton angle d’approche … Ah beaux phares « dé moun Paysès » …

Là y’a rien, walou, pas un phare, pas un feu …
L’île de Santa Lucia, aussi grande que Brava, est totalement inhabitée, trop désespérément sèche je suppose. Pas un âme qui veuille y vivre, pas un lumière à en espérer, pas un phare de veille, fonctionnel en tout cas.
Noir total, même coté Sao Vicente, le ciel couvert, la lune ne se lèvera pas avant quatre heures. Je suis aveugle tout d’un coup, et j’ai des côtes de roches en falaise (dont les points GPS n’ont pas toujours été vérifiés – cf l’Imray), là à portée de quelques miles, pas beaucoup de vent, beaucoup de courant.

Vive les instruments !
J’ai encore de l’électricité. Le radar me définit clairement la côte, le sondeur avec son écran allumé, GPS et carte marine (celle de l’Imray pas plus) sous le coude, concentration.
Enfin une lumière « à la cote », une petite rangée de réverbère d’un petit village sans doute, aide au Cap.

Un truc me dérange, me stresse vraiment, mais quoi ?

C’est le compas, il me dit que je file plein Est, alors que mes sens me hurlent que je file plein Nord. Le GPS, béni soit t’il, me le confirme. J’allume mon second GPS, idem. J’en conclu que l’aiguille de la boussole est devenue folle. J’ai lu ça dans les livres, que les masses ferreuses, magnétiques donc, des terres volcaniques pouvaient ??? Ca doit être ça, ça ne peux être que ça …

Bouge de là, à l’instinct, sors nous de cet obscur chenal Captain …

Mer cassante, fatigue physique, ces dernières nuits ont étés longues, fatigue nerveuse (putain de moteur)… « On » fini par sortir de ce foutu chenal, le vent reprend un peu, d’autres lumières repères sur la côte de Sao Vicente. Vent Nord Est 10 à 15 nœuds. Toujours ce courant qui me tire et m’attire vers Santa Lucia.

Obstiné, je m’approche de l’entrée du port de Mindelo, contours par le Nord à Deux miles. Je ne suis plus très loin. Toujours pas un phare, quelques lumières de villages. Je rêvasse. Tout à coup la, dans les nuages, plein Ouest, j’hallucine, un OVNI … Euh non, des lumières fixes, dans le ciel ! Un village perché, de l’île de Santo Antao sûrement. Déjà ? Si proche ?

Bon, qu’est ce que je fous là ?
Au Sud Sao Vicente, à l’Ouest Santo Antao, à l’Est Santa Lucia, à quelques miles. Je suis mort de fatigue, je n’ai pas l’intention d’entrer dans la baie de Porto Grande avant l’aube, le vent pousse du Nord, si je me mets « à la cape » je dérive forcément vers « une terre ». T’aurais pas pu rester sous le vent de Sao Vicente pour la nuit, tranquille, plutôt que de capeyer « à la cote » au vent, espèce de couillon de Captaingils !!!

Et de tirer des bords inutiles, l’esprit à vide, vers le Nord.
Minuit Pompe de cale Niveau 1 + (50 litres) en 6 heures.



Mercredi 11 Août 2009
Traversée Fogo / Sao Vicente (jour 3)

03h00 Du matin. J’affale le foc, deux ris dans la grand voile, « à capeyer au vent » à l’élastique, plein Nord, vitesse 1 nœud, Vent à 10 nœuds E/NE. Je me crois loin de la côte. Je me hais je n’ai pas pris les coordonnées PS à ce moment là. A dormir un peu, sur le pont !

06h00 Je me réveille en sursaut ! Putain j’ai dormi trois heures !
Le rivage est là, juste là, brisant, déchiqueté, à moins d’un demi mile de là. Coup au cœur. L’Atao toujours « à la Cape » Nord, pourtant on recule, ce foutu courant, du dieu / du diable à trois nœuds qui me tire parallèlement à la côte … Et si le vent avait tourné pendant ton sommeil, ou si l’Atao était passé « à contre » ? Enorme trouille rétrospective.
J’identifie immédiatement « la côte », la « Baia de Sao Pedro ». Ben merci mon Saint Pierrot pour ta bienveillante hospitalité. Le réveil aurait pu être beaucoup, mais beaucoup plus dur !
Là oui, si mon « œuvre » pouvais proposer un petit coté pédagogique, j’insisterais sur ce point ...
Ne jamais s’endormir « au vent » d’une côte. C’est complètement inconscient !
Non mais quel con ! Passons, mais sans jamais oublier cet anodin chapitre des aventures de ???


09h00 Je m’embouque, en entier donc, dans le port de Mindelo. A bâbord « l’ilheu dos passaros », à tribord le port de commerce de Mindelo. Cargos, Ferrys, chalutiers, la routine quoi (hihi) ! Je prépare le mouillage, louvoie jusqu’à l’aire de mouilage des voiliers devant les quatre pontons de « La marina » à la voile.
Pas d’annexe, je cherche un mouillage près de la côte, d’un quai, rien à faire. Je tourne, repère le comportement des vents à cet endroit si près de l’abrupte côte, et décide d’un mouillage à l’écart, dont je pourrais me libérer « à la voile » si nécessaire. Je m’écarte, affale et range la grand voile, tire des bords avec mon petit foc.

« CRR, CRR, CRR, CRR », l’ancre croche … Vent plein nord ici, 20 nœuds, 6 mètres de fond, 30 mètres de chaîne (10mm, du solide ça mon vieux). Gestes automatiques, tombée d’adrénaline, rangement du pont, amers de mouillages.

Je titube à moitié, cassé en douze le Gilles. Moral dans les chaussettes (dans l’équipet froid et humide bâbord avant). Dormir … Réveils, par séquences, dans la journée, manger, ranger, polar, dormir, surtout ne penser à rien ! Pompe de cale encore, ça ne se calme pas !


Jeudi 12 Août 2009
Ile de Sao Vicente – Port de Mindelo au mouillage.

Au matin, je me gonfle de courage et insuffle en force sereine et paisible toute ma « science mécanique » si nouvellement acquise dans ce chéri de pauvre petit moteur Peugeot diesel fatigué, de mon cul qui l’a chié (Argh ça aussi ça fait du bien). Rien n’y fait, respiration artificielle, PLS (position latérale de sécurité, pour les ignares), massage cardiaque … Rien pas un souffle auto généré, pas un rôt d’encouragement, pas un pet de soulagement rien, walou … « Tuf tuf tuf » se bidonne le démarreur, bordel et ces foutues batteries qui se vident …

Débarquer, pas d’annexe, ce vent, je prépare mon sac et guette le chaland qui passe.
11h00, une annexe de cargo en approche. Il faut négocier, de l’argent, tu comprends « gasolina » (300 escudos les enfoirés – 3 €), pour passer « à terre ». Trois tours de clef sur l’Atao (voleurs par ici paraît t’il), j’embarque Roxao, direction Mindelo …

Matinée, après midi je sillonne la ville. Mignonne, la ville, ça ressemble à Sao Filip (de Fogo), mais en moins organisé, en un peu plus original, ça trouble ces villes sans monuments particuliers. Maisons coloniales … Photos.

Je me présente trois fois aux « affaires maritimes » en fin de journée je trouve enfin un gars, euh un officier, qui daigne s’occuper de moi. Dernier port en Date ? « Porto da Furna », île de Brava, au culot ! Je ne me sens pas d’expliquer mon histoire de Fogo, j’espère qu’il n’est pas trop de contrôles, que ça va passer comme une lettre à la poste. Ils gardent les papiers du bateau (j’ai horreur de ça). Le contrôle d’immigration, la douane, n’est pas nécessaire, pour l’ultime sortie uniquement …

Je prends contact avec la marina (20 € la nuit). Oui ils pourrons me remorquer jusque là, si je le souhaite. J’espère encore pouvoir réparer le moteur seul, venir le lendemain ... J’emprunte deux bidons de 30 litres vides pour pouvoir vidanger le réservoir du moteur.
Super sympas, le capitaine de la Marina me ramène à l’Atao en annexe.
Journée à pied en ville, sous le cagnard.
Je suis encore archi crevé de ma dernière traversée.

Bouffe, bières, écritures, polar, plus de batteries du tout, lampe à pétrole …
Pompe de cale impossible : 30 litres en douze heure ça va, ça se calme !



Vendredi 13 Août 2009
Ile de Sao Vicente – Port de Mindelo au mouillage.

Au mouillage, purge du réservoir de gasoil. Impossible de fixer un tuyaux, enfiler un bidon de 5 litres dans les bas fonds de cale, ouvrir, au jet, la vanne d’arrivée, remplir la bouteille, la fermer, l’extirper de là sans la percer, la transvaser dans un bidon avec un entonnoir dans le cockpit, et recommencer … 17 fois de suite. Gouttes de gasoil partout. Putain mon joli pont huilé de cockpit !

Informations collectées :

Je retire donc 80 litres de gasoil du réservoir. J’en avais ajouté 20 litres, en mer, croyant à « la panne sèche ». Au moment de l’incident donc (la panne), il restait 60 litres en stock (pas mal après 73 heures de fonctionnement).

Sincèrement le gasoil a l’air très sain, mélangé avec rien, quelques vagues cochonneries flottantes, mais rien qui ne justifie …

Une bouffée d’espoir, en démontant le tuyau d’arrivée au premier filtre, une sorte de mini boulette d’un demi Mm de circonférence de cire rouge semblait l’obstruer, serait-ce « la solution ». Je démonte ce tube (pas rien), le purge, le nettoie, le réinstalle fébrile … Je réinstalle les deux filtres à gasoil, chaque injecteur démonté, nettoyé, réinstallé, je pompe en douceur pour ré insuffler du gasoil sans bulle d’air dans le système …

14h00 La batterie moteur est vide. Pas un pet d’encouragement.
Vous l’avais je dit ? Je hais la mécanique !

16h00 Une annexe de plaisancier passe, je gesticule comme un singe sur le pont. Ils se détournent et viennent me chercher. Un couple d’allemands, une petit fille toute mignonne blonde vive, ils sont vraiment sympa. M’amène à terre. Tu as quel moteur ? Un Peugeot ! A tiens comme nous ! XUD200 ouais c’est ça ! Quel bon moteur tout de même, jamais une emmerde ! Grumph …
Si il s’y connais ? Ouais je fais tout moi même. Un petit coup d’œil ? Oui pourquoi pas demain, quand la batterie sera rechargée … Chouette, peut être une solution …

Petit tour en ville. Douche au Club nautico (100 escudos, l’arnaque), « Super Bock » à 170 escudos (super arnaque). C’est le café des plaisanciers, juste en face de la marina. Le lieu est sympas pourtant, avec cette brochette de jeunes serveuses qui te dévore des yeux. Ah douce Mindelo à la sulfureuse réputation.

Rendez vous est pris pour le lendemain 9h00, les gars de la marina viendront me chercher. Ils recevaient bien mes appels à la VHF, mais moi je ne recevais que des parasites. Juste un problème de batteries, j’espère …

Retour à l’Atao grace à mes nouveaux amis.
Au schloff tôt.


Samedi 14 Août 2009
Ile de Sao Vicente – Port de Mindelo au mouillage, puis la Marina.

10h00 Mon pilote en approche. Manœuvre tranquille en 15 minutes, me voici accouplé au ponton, ça faisait longtemps que je n’avais foulé un ponton. Electricité chérie … Batteries en charge.
Formalités de Marina, « j’en prends » pour trois jours (55€ en visa international). L’on m’a commandé un mécano, il sera là vers 14h00, il faut l’attendre … Il ne viendra pas ! Ecritures, douche (pas de douche dans la marina, non, pas prévu au programme)…

Vers 15h00 mes amis allemands me rendent visite. Chouette, un peu de compagnie, jus d’orange …
Il plonge sur mon moteur, et on pompe, on compte les bulles, on re démonte les injecteurs, les filtres, ça gicle le gasoil, de partout … Nous sommes entre spécialistes, que c’est doux de réfléchir à deux …
Mais pas un pet, rien ! Batterie de nouveau à zéro. Putain c’est sûrement la pompe à injection qui merdoie, chier !!!

Petit pot en ville.
Puis je marche, un peu en somnambule, dans les hauts de Mindelo, c’est clair par là il y a des quartiers chauds. Roxao au pied !
J’achète de Super Bock pour la nuit. Cachupa « maison ».
Je me charge un petit film. Tranquille une vidéo, civilisation.
Quelques écritures du soir. A dormir.


Dimanche 15 Août 2009
Ile de Sao Vicente – Marina de Mindelo.

10h00 L’on frappe à la coque ! Plait t’il ?

C’est le mécanicien, « Teribusco » de son prénom, où un truc comme ça. Désolé, il n’a pas pu se libérer hier, faut comprendre, son patron … Café ? Non merci. Ce moteur ? Ben il est là ?
Je vois mon gars qui cafouille 10 minutes là dessus, visiblement il ne connaît pas, par cœur, ce type de moteur. Pétoche et si c’était un autre « mamaillou » comme ceux de Sal ? Ceux qui m’avaient éventré le moteur, puis s’en étaient allé nonchalamment, me laissant tout en vrac sur le pont …
Il tripatouille 5 minutes « mes » tuyaux, il soufflote par ici, un tour de clef de 24 par là, et que je te resserre les injecteurs … Ca doit venir de là, affirme t’il ! Glups, il me désigne la très complexe pompe à injection !

Un petit truc tout plein de peinture bleue attire son attention. Même Aruna (mon mécano à Dakar) n’a jamais touché à ce bouton là, il est encore couvert de peinture … Clé à laine de 6, « ça s’ouvre ». Il démonte le tube de trop plein de gasoil et me demande de pomper, quelques gouttes tombent dans le trou là …
Il referme, il a les yeux qui brillent, il sourit. Et voilà dit il !
On a même pas essayé de le redémarrer, il semble si sûr de lui ! Contact demande t’il !

10 secondes de démarreur, puis « un incroyable pet », salvateur ! Puis un second, puis un toussotement, puis le moteur démarre, tranquille. Je suis sur le cul, je le regarde incrédule, il se marre.
Putain, je crois que je hais les mécaniciens, aussi !!!
Mais comment qu’ils font ? C’est un don, de la chance, je suis sûr, rien de plus !

10h30 Euphorie de l’instant, libre, je suis libre de nouveau. Le mécano semble pressé, la matinée ne fait que commencer. Aye la douloureuse ! Je vous dois quoi ? Sourire suave « Ce que vous voudrez « Senhor Capitan ». Je sors mon dernier bifton de 2000 escudos de la poche, pas de monnaie. 20 euros, est ce de trop ? Paraîtra que oui, c’était beaucoup trop, pour une demie heure de boulot. Tant pis, le moteur tourne, je lui lâche mon bifton. Mon mécano s’envole en bondissant de joie de vivre sur le ponton, petit claquement de pied de travers, hoplà, à la Fred Astaire …

J’éteins le moteur, je me fais un café, je n’y crois pas.
Ecritures …

Midi
Mes petits allemands passent à mon bord. Alors ? Me demandent t’ils ?
C’est réparé, affirmé-je, je leur explique l’incroyable astuce. On se congratule !
Petite démonstration pratique ? Frimé-je.

Tour de clé, le moteur ronronne, de suite au quart de tour, pendant au moins 15 secondes. Sourire hilare et soulagé de ma part. Puis « teuf teuf teuf », le moteur cale ! « Bulle d’air » ironise mon pote Capitaine allemand (je ne sais toujours pas son prénom) – il y a une fuite quelque part, permanente ! Je suis bien bronzé ces derniers temps mais là je deviens tout pale, je crois, faut que je m’asseye le cul … Et de replonger dans le binz … Et de pomper le gasoil à la main. Et que ça redémarre, ouf … On laisse refroidir 5 minutes, on redémarre, teuf teuf ça s’éteint … Vous en avez marre, ben figurez vous que moi aussi, noudoudiou !
Une minuscule infiltration d’air se produit, à l’arrêt, dans le système de circulation de gasoil. Je ne sais toujours pas d’où « ça » vient ! Je sais juste purger complètement le système désormais, mais la panne est toujours là, insidieuse, définie mais invisible, microscopique mais foutrement efficace ... Je connais pourtant des moteurs qui claquent, hurlent, couinent mais qui fonctionnent « ad vitam ». Là une bullounette d’air, et je suis niqué.
Pas trouvé de solution encore ce jour …

Je déjeune sur le « Tamata », Ketch acier de 14 mètres de mes amis allemands, passionnés par les romans de Bernard Moitessier, je leur raconte la Rochelle, Joshua mon voisin, ils sont aux anges. Lui est expert en électronique, je leur file quels films Dvx, il me bricole mon convertisseur 12 V / 20 Volts pour l’adapter sur mon ordi. C’était si simple …

Retour à Terre. Dimanche pas un troquet ouvert, pas une « Merceria ».
Atao, écritures, tri des photos. Bom Noiche.


Lundi 16 Août 2009
Ile de Sao Vicente – Marina de Mindelo.

Je voulais visiter Santo Antao aujourd’hui, mais dernier jour de Marina. Il me reste à souder le régulateur (que j’ai déjà démonté), avitaillement, approvisionnement de gasoil, les papiers de sortie du « territoire », interroger la météo, si possible compléter mon blog … Tant pis pour le tourisme, ce n’est plus l’heure …
J’enregistre vite fait ce texte et mes quelques photos sur ma clef USB …
Nouvelles pérégrinations Mindelese, avant le départ prochain, (demain ?), pour les Açores.
Avec ce foutu moteur avide d’air frais …

Fonds de cale : 3 litres d’eau, par jour …
Bon vent mon Gilou, bon vent …

Nb : Ce que c’est joli le Cap Vert …




Ni blancs, mi noirs

Cabo Verde, archipel métis, influences d’Afrique
Surgies « Um Dia » de l’océan, perles sèches, volcaniques
Terres de mer, assoiffées, asséchées de vents océaniques
Alizés le plus souvent, l’Harmattan et moussons atlantique

Ni blancs ni noirs, ni riches ni pauvres, esprit libertaire
L’âme d’un bloc, romantiques par la musique, ambiance insulaire
En mémoires ces sécheresses, famines, baleinières, d’autres mers
Diaspora fidèle, Saudade, une racine sur cette terre, hospitalière ?

Mauvais vers mais poursuivons cette petite chanson, qui offre un ton …

A l’Est elles sont vieilles usées, érodées, îles sédimentaires
Nous parlons de Sal, Boa Vista, Maio, plates, basses, plages et déserts
Savanes clairsemées, arbustes torturés, collines et cocotiers pour tout repères
Vrais paradis pour touristes, si ils savaient « y faire », établir un bon charter

A l’ouest : les Iles montagneuses, les jeunettes, aux reliefs déchiquetés
Vallées fossiles, les coulées de lave se juchent et s’empilent, emboîtées
Fogo, Brava, Santiago, san Nicolau ou San antao aux pentes enlevées
Accrochent les nuages, végétation dense, arbustive, primitive et importée

Priorité : l’eau à drainer à domestiquer, l’eau ici, ça a été la guerre
Le sol est creux, poreux, ambiance basaltique, trouver la roche mère
La terre est riche, canaliser, forer, technologies non éphémères
Mais dans le fond qui se soucie de développer « les îles du Cap Vert »



Poil au derrière …

2 commentaires:

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